On se souvient que Moulinsart avait signé le 19 février 2001 avec Magelis, Syndicat mixte du Pôle Image (SMPI) d’Angoulême, la possibilité d’animer, grâce à une fusée Tintin de 50 mètres de haut, un grand projet de village multimédia sur la Charente, à Angoulême, la ville qui abrite le Centre National de la Bande Dessinée et de l’Image et, en janvier chaque année, le Festival International de la BD. De son côté, Magelis fédérait les initiatives de plusieurs entreprises liées à l’industrie de l’image numérique. On se rappelle que les dessins animés Corto Maltese en Sibérie, Kirikou la sorcière ou Les Triplettes de Belleville ont été réalisées par des équipes angoumoisines. Près de 40 millions d’euros devaient être investis dans ce projet titanesque.
Hélas, une série d’avanies vont empêcher le projet de décoller. La localisation d’abord, sur l’île Marquet, ne fut pas homologuée par la préfecture, en raison des risques d’inondation. Le second site choisi était également sujet à caution puisque le terrain était situé… sur une ancienne poudrière ! Outre l’hostilité, selon Le Monde, du maire Philippe Mottet (qui avait inauguré en janvier dernier, en présence des princes de Belgique et de Fanny Rodwell, l’ayant droit du dessinateur, une rue Hergé) et des Verts, d’autres nuages sombres sont venus se masser au-dessus de la mythique fusée à damiers rouges et blancs : les ennuis financiers du Futuroscope de Poitiers (un peu le modèle de ce projet), la faillite de l’entreprise bordelaise de jeux vidéo Kalisto début 2002, le marasme du cinéma français suite à la déconfiture du groupe Canal +/Vivendi Universal, de même que l’éclatement de la bulle Internet ont furieusement compromis ce projet dédié aux nouvelles technologies.
Du coup, des voix s’élèvent pour dénoncer « la gabegie » que constituaient les dépenses consenties pour cette entreprise. Le Medef local en particulier pointe les 400.000 euros en études diverses, incluant les droits versés à la société Moulinsart pour s’assurer de l’exclusivité des droits sur l’utilisation de la fusée. Ces derniers ne s’en sortent d’ailleurs pas si mal. Ayant encaissé une soulte indemnisant cette exclusivité, ils sont désormais, grâce au renoncement officiel des commanditaires de l’opération, libres de reprendre leur fusée pour aller la proposer ailleurs. Il paraît même que plusieurs candidats sont sur les rangs, notamment au Japon… Un chapitre de plus dans la saga de Tintin et de ses héritiers !
(Illustration :la maquette du projet. Copyright Moulinsart).
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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