Prix de la Critique : Rupture consommée entre le Festival et l’ACBD.

Demandant le maintien du Prix de la Critique lors de la cérémonie de la remise officielle des prix d’Angoulême, comme c’était le cas depuis plus de plus de dix ans, Gilles Ratier, le secrétaire général de l’Association s’est fait répondre par M. Jean-Marc Thévenet, directeur général du Festival : « Je vous confirme par le présent courrier que nous ne remettrons sur scène que les prix appartenant au palmarès officiel du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême et les prix partenaires officiels. » Par voie de conséquence, le Prix de la Critique est écarté du Palmarès officiel.

L’Association des Critiques se réserve désormais le droit d’aller proclamer son prix ailleurs, dans le cadre d’une autre manifestation qu’Angoulême ou dans celui d’un événement spécifique. Dans sa circulaire aux journalistes, Gilles Ratier informe ses membres que « Le bureau a déjà réfléchi à diverses solutions alternatives et est en train de les peaufiner » et leur demande de ménager une place de choix pour la proclamation de ce futur prix. Peut-être doit-on comprendre : au détriment des prix du Festival. Mais on nous taxerait de mauvais esprit.

Personnellement, nous déplorons cette décision prise par le Festival. On se rappelle, en effet, que ce type de prix avait été adjoint aux prix d’Angoulême précisément pour assurer une diversité face à un palmarès qui, pendant plusieurs années, était marqué au sceau de la complaisance par souci de ménager tout le monde et de ne blesser personne.

Une remise en cause des prix d’Angoulême.

Sur le Forum de BDParadisio, on peut lire sous la plume de Benoît Mouchart, délégué artistique du Festival, le fonctionnement du jury d’Angoulême : « Un comité de sélection a été créé. Y siègent Jean-Marc Thévenet (directeur général du FIBD, scénariste du "Chemin de l’Amérique" de Baru, autrefois directeur de collection chez Futuropolis et rédacteur en chef de "Pilote"), José-Louis Bocquet (romancier qui a signé des scénarios pour Berthet avec Rivière, et quelques histoires pour Arno, Vallès et Serge Clerc), Julien Bastide (critique de bande dessinée, plus particulièrement spécialiste de mangas et rédacteur pour la revue "Animeland", entre autres), Nicolas Finet (journaliste, ancien collaborateur de la revue "(À suivre)"), Thierry Bellefroid (romancier, journaliste et critique de bande dessinée pour BdParadisio), Olivier Jalabert (libraire Album comics à Paris) et moi-même (je suis délégué artistique du FIBD et aussi auteur d’ouvrages sur la bande dessinée).
Ce comité reçoit environ 500 albums envoyés par les éditeurs, parmi lesquels il désigne, en les classant dans diverses catégories, les livres destinés à concourir aux différents Prix d’Angoulême (qui ne s’appellent désormais plus les Alph-art). Ensuite, un jury, composé par le Grand Prix et le FIBD, élit, catégorie par catégorie, et à partir de cette sélection, les meilleurs albums ».

Sans préjuger de la bonne foi des jurés, cela donnera forcément un choix qui suintera le consensuel.
Un prix comme le Prix de la Critique permettait aussi de couronner des œuvres difficiles (nous pensons à L’Art invisible de Scott McCloud, par exemple) qui n’étaient pas prévues dans les catégories des prix du Festival. Nous regrettons simplement que le palmarès du Festival ne soit pas rééquilibré par des choix plus engagés.
Le Festival a fait son choix, laissons lui en l’augure. Nous jugerons sur pièces.