L’information, relayée par le site de BD Sélection a fait l’effet d’une bombe. On se rappelle en effet qu’après avoir quitté les Editions Glénat à la suite d’un autre procès que François Bourgeon avait gagné contre l’éditeur grenoblois, il avait rejoint l’éditeur belge pour y apporter son fonds et créer de nouvelles séries. Las, quelques temps après son arrivée, l’éditeur de Tintin tombait dans le marasme et se retrouvait racheté par Flammarion, lui-même absorbé par le groupe italien Rizzoli.
François Bourgeon et Lacroix venaient de créer pour Casterman une nouvelle série : « La Source et la sonde ». La nouvelle donne et la perspective de devoir traiter avec des gens qui n’étaient pas les signataires de la convention conclue avec cet éditeur, passant de l’entreprise familiale possédant une imprimerie à une multinationale où le créateur n’a plus le contrôle de la qualité de son travail, François Bourgeon a remis en cause le contrat qui le liait à Casterman. La nouvelle direction de la maison d’édition ne l’entendait pas de cette oreille et obtint contre les auteurs une condamnation en première instance avec une astreinte de 1000 Euros par jour si ceux-ci ne remettaient au plus tôt les planches de leur album. Les auteurs firent appel de la décision du tribunal, refusant de créer « avec un fusil dans le dos ». Le jugement d’appel est prévu pour cette semaine.
Au cas où la décision de la cour d’appel venait à confirmer le premier jugement, François Bourgeon « abandonnerait le métier de la BD ». Visiblement abattu, il est prêt à aller jusqu’au bout : il n’a pas publié une nouvelle page depuis qu’il a entamé son procès. Pour lui, cette décision est exemplaire et il fait un vibrant appel à la solidarité de tous les auteurs européens pour lutter contre une mondialisation qui reviendrait à réduire la protection de l’auteur à l’européenne à celle, réductrice et selon lui attentatoire à la création, de l’usage du copyright anglo-saxon.
C’est donc un combat crucial que mène l’auteur des Passagers du Vent pour lequel il se bat quasi seul, du moins pour l’instant.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion