Quoi de plus normal alors que d’y retrouver Philippe Druillet maître reconnu dans son approche si personnelle de nos fantasmes et de nos phobies nocturnes. La seule republication de La Nuit (Glénat), son ouvrage sans doute le plus personnel, justifie l’interview-fleuve consacrée à l’auteur de La Nuit (éditions Glénat ). L’entretien accordé à Frédéric Bosser offre en effet une vision à la fois dense et intime d’un des derniers grands artistes de la période des années 1970.
La récente publication de son livre de souvenirs (Delirium, autoportrait avec David Alliot – Éditions Les arènes) fournit également l’occasion au père de Lone Sloane de revenir sur ses années noires. Des années où le petit Philippe se retrouve coincé entre le fascisme militant teinté d’antisémitisme de ses parents et une pauvreté affective et sociale. Sortir de cette longue nuit misérable passe donc pour le jeune Druillet par la découverte de l’extraordinaire pouvoir du dessin et… aussi celui des rencontres comme celles avec Goscinny, Franquin ou Moebius. Foisonnant et riche cet entretien achèvera certainement de convaincre les amateurs encore hésitant de se plonger dans l’autobiographie du dessinateur.
Le Joker fait partie de ces autres maîtres de la nuit ; depuis sa création en 1940, l’ennemi juré de Batman hante encore les nuits de générations d’adolescents. Profitant de son retour en force dans les bacs, le sinistre individu fait la couverture du magazine et semble témoigner d’une nouvelle jeunesse. Il suffira pour s’en convaincre de lire l’épopée éditoriale relatée dans les pages du magazine à la lumière des nombreuses rééditions chez les éditions Urban Comics.
Une longue nuit commence pour le dessinateur de Murena. Au-delà des proches et des admirateurs de la première heure, la mort brutale de Philippe Delaby n’en finit pas de bouleverser le monde de la bande dessinée. Henri Filippini a choisi la sobriété pour évoquer l’itinéraire d’un dessinateur au parcours sans faute. Un hommage que vient compléter le texte magnifique que son scénariste et complice Jean Dufaux lui a dédié et que la rédaction a eu la bonne idée d’exposer ici.
Le nouvel album de Blutch (Lune l’envers chez Dargaud), les belles images de Benjamin Lacombe, l’érotisme décalé de Suehiro Maruro, la fraîcheur de l’univers de Ben Hatke (Zita, la fille de l’espace, Rue de sèvres) et la provocation de Vuillemin viennent fort heureusement apporter un autre éclairage à ce numéro en vente tout le mois de mars.
(par Patrice Gentilhomme)
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