Certains seront peut-être surpris d’apprendre à cette occasion que nous fûmes en Europe, parmi les premiers à introduire ce type de personnage dans l’imaginaire collectif.
Pour étayer sa démonstration, Philippe Peter prend appui sur l’ouvrage de Xavier Fournier édité chez Huggin et Muninn, Super-héros, une histoire française.
Si le fait de savoir que ces surhommes ne sont pas nés en Amérique mais en France peut flatter l’égo de certains esprits cocardiers, le mérite de cet article très complet est aussi de montrer l’extraordinaire dynamisme de ce qui peut faire l’objet d’un genre à part entière : le superman bleu, blanc rouge !
Dans la foulée de glorieux ainés tel que le Vengeur masqué, Atomas ou Super boy, ce genre affiche une santé remarquable et peut –être… insoupçonnée ! Les grosses productions américaines, récemment remises en selle grâce à des adaptations cinématographiques plus ou moins heureuses auraient tendance à occulter que toute une nouvelle génération d’auteurs réussit à s’approprier ce type d’histoire, souvent avec talent et inventivité.
Attoneen, Fox Boy ou les Vigilantes figurent parmi les séries qui, sans forcément renier des influences d’outre-Atlantique, semblent désormais s’inscrire dans une filiation née des romans populaires de la fin du XIXe siècle.
Superdupont (dont la reprise par François Boucq est officiellement annoncée), Captain Biceps et les autres peuvent être tranquilles : la relève est assurée !
Le costume de super-héros est évidemment bien trop grand pour les auteurs. Qu’il s’agisse d’Uderzo , de Mathieu Sapin ou de Dominique Rousseau, dBD, à l’aide d’interviews grands formats, nous permet de découvrir derrière ces créateurs reconnus, des êtres humains faits de doutes, d’interrogations, mais aussi de joie et d’enthousiasme. Ce n’est pas le moindre mérite de la revue de nous faire découvrir une face souvent peu ou mal connue des auteurs.
Nostalgie d’un Jano (The four roses, Futuropolis) rescapé des années 1980, retour sur l’itinéraire déjà riche de la dessinatrice Edith (Le jardin de Minuit, Soleil), ou rencontre avec une jeune romancière passionnée de BD comme Carole Martinez (Bouche d’Ombre, Lucie 1900 avec Maud Begon, Casterman), ce nouveau numéro dBD offre l’occasion de belles rencontres et propose un panorama complet de l’actualité du moment.
Dans ce numéro de mai, on croise également un grand amateur de bulles : l’humoriste François Morel. Entre deux spectacles, une chronique et un livre en préparation, l’homme des Deschiens, amateur éclairé, confie non seulement ses goûts, ses choix mais aussi ses rencontres et ses amitiés avec le monde de la bande dessinée. Presque un travail de super-héros... à la française !
(par Patrice Gentilhomme)
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