Pourquoi avez-vous décidé de proposer cette histoire aux éditions Dargaud, un éditeur basé en France et en Belgique ?
Roger : nous avons rencontré Jean-David Morvan à un salon de la BD en Espagne, en 2003. Notre travail lui a beaucoup plu et il nous a conseillé de travailler pour le marché français. Nous n’avons pas été longs à convaincre, car c’était notre rêve. Nous avions déjà une base de synopsis et déjà réalisé des croquis représentant les personnages. Morvan nous a conseillé d’étoffer notre projet, et de l’envoyer à Yves Schlirf, l’un des éditeurs de Dargaud. Nous lui avons montré quatre planches et c’est lors d’un festival de BD à Angoulême que nous nous sommes mis d’accord avec lui.
Quel est l’état du marché de la bande dessinée en Espagne ?
Raule : Il n’y a pas vraiment de débouché en Espagne. On y trouve bien entendu des BD, mais il s’agit plutôt de traductions de comics et de mangas. L’essentiel du travail des maisons d’édition espagnoles consiste à acheter les droits des séries à l’étranger. Si les auteurs locaux veulent publier leurs travaux auprès d’eux, ils ne gagneront pas suffisamment pour pouvoir survivre. Nous sommes donc obligés de publier nos œuvres en France. Mais bien sûr, notre rêve serait de travailler aussi pour le marché espagnol…
Roger :Il existe un public de qualité en Espagne. Mais la rémunération proposée aux auteurs bloque la création. En France et en Belgique, la BD a également plus de prestige. Elle est assimilée à la culture. Dans votre pays, les gens lisent des bandes dessinées pour le plaisir. Alors que l’essentiel du public espagnol n’est composé que de personnes qui voudraient en vivre : scénaristes ou dessinateurs amateurs. Ce sont des gens qui souhaitent se lancer dans la BD !
Parlons de votre série, Jazz Maynard. La construction du récit est assez audacieuse et comporte de nombreux flash-backs. N’avez-vous pas eu peur de déstabiliser vos lecteurs ?
Raule : C’est une référence aux films qui nous ont marqués. Je pense à Snatch de Guy Ritchie ou aux films de Quentin Tarantino. Notre influence cinématographique est très importante. Certains pensent que la BD est un art totalement différent du cinéma, et que l’on ne peut pas le laisser l’influencer. Pour nous, ce n’est pas un problème, si cette influence permet de créer une histoire plus intense, plus forte. Ce qui est, on l’espère, le cas dans notre travail.
Certaines scènes manquent de réalisme. Dans le premier album, des méchants utilisent un sabre pour couper un revolver en deux par exemple…
Raule : Il y a d’autres éléments qui ne sont pas crédibles (Rires). L’impact visuel de la scène est pour nous beaucoup plus importante que le respect de la réalité.
Qui est Jazz ?
Raule : Un musicien. Un homme qui a passé dix ans hors de Barcelone. Cette tranche de sa vie ne va pas être racontée tout de suite. Mais c’est un musicien.
Roger : Jazz est un personnage complexe, très intéressant. On souhaite qu’il garde une part de mystère. Une part d’ombre que l’on dévoilera au fil des albums.
Raule : Yves [Schlirf] nous a conseillé d’attendre… Le premier cycle sera composé de trois albums.
(par Nicolas Anspach)
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Illustrations (c) Raule, Roger & Dargaud
Photos (c) Nicolas Anspach