BD d’Asie

Banana Fish : Un Shojô Manga qui décoiffe.

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 avril 2004                      Lien  
Classé Shojô (manga pour filles), « Banana Fish » raconte la rencontre entre un jeune journaliste stagiaire Japonais de 19 ans, Eiji, et Ash Lynx, devenu à 15 ans chef d'une bande mafieuse new-yorkaise. Aucun tabou n'est écarté dans ce thriller époustouflant qui égratigne l'Amérique : trafic de drogue menant à un complot au plus haut niveau de l'état, prostitution enfantine, meurtres en série... Ce qui surprend encore davantage, c'est que son auteur, Akimi Yoshida, est une femme.

Quand il commence à aborder l’univers des mangas, le lecteur de BD franco-belge ne peut que rester ébahi. Par la diversité des thèmes d’abord, par leur audace ensuite et la capacité de mixer les genres à l’infini. Banana Fish ressort du genre « manga pour fille ». Mais il supporte très bien aussi l’étiquette de « thriller », tant le suspense y est bien ficelé. Par ailleurs, tout le récit, structuré autour de la personnalité complexe d’Ash Lynx, un jeune garçon aux traits féminins et à l’instinct animal, a une très forte connotation homosexuelle.

Une drogue mystérieuse.

L’auteur fait commencer son histoire au Vietnam en 1973, quelques mois avant la chute de Saigon. Un soldat devenu fou à cause de l’absorption d’une drogue tue quelques-uns de ses camarades. Aux enquêteurs, il lâche deux mots : « Banana Fish », puis il disparaît. Il s’agit en fait d’une drogue trouvée par hasard par un étudiant en médecine et testée par quelques membres factieux de l’armée américaine pour transformer les cobayes en zombies tueurs. Sept ans plus tard, à New York, Ash Lynx, le protégé du caïd de la mafia corse, Dino Golzine, qui abuse sexuellement de ce gamin depuis l’âge de huit ans, découvre par hasard que cette substance a un lien avec son frère réduit à l’état de légume et dont on saura très vite qu’il est le soldat revenu du Viet-Nâm. Cette révélation va le pousser à se rebeller contre son mentor. Entre-temps, il fait la rencontre d’Eiji un jeune japonais venu enquêter à New-York sur les gangs d’enfants mineurs dont Ash est le leader.

Un manga ultra-violent.

Publié du 15/12/86 au 26/9/1994 chez Shogakukan en 19 volumes et quelques 3500 pages (11 tomes ont été publiés en français par Génération Comics/Panini), ce thriller ultra-violent campe avec un brio époustouflant les différents protagonistes de la série. Le personnage d’Ash Lynx, en particulier, recèle une énergie inextinguible chevillée à son désir de vengeance. Avec un QI de 210 et une gueule d’ange à contre-emploi, il détruit sans coup férir les centaines de tueurs lancés à ses trousses. Tel un ange rédempteur, il va mettre à terre l’une des plus puissantes organisations criminelles des États-unis faisant preuve à la fois d’un courage physique sans égal et d’un sens de la stratégie et des alliances politiques qui laissent ses adversaires pantois.

Banana Fish : Un Shojô Manga qui décoiffe.
Yoshida Akimi
Une des reines du Shojô Manga. Photo : DR.

Une vision sentimentale de l’homosexualité.

Son talon d’Achille est l’affection qu’il porte pour Eiji, le jeune japonais dont il a fait la rencontre. Leur relation est ambiguë, pour ne pas dire amoureuse. Ce trait est courant dans la BD japonaise : cette vision sentimentale de l’homosexualité, appelée Yaoi, plaît parait-il beaucoup aux lectrices de la revue Shojo Comic qui publia ces pages. Journaliste, Eiji est accompagné d’Ibé, invité par la police de New-York et embarqué à corps perdu dans la croisade d’Ash Lynx contre Dino Golzine. Ensemble, ils portent un regard intrigué sur la société américaine. A ce titre, ils incarnent parfaitement la façon dont les Japonais reçoivent notre monde occidental : avec une répulsion non dénuée de naïveté, ils sont cependant fascinés par l’état d’esprit et l’énergie d’une nation devenue la plus puissante du monde.

Un star du Shojô.

Yoshida Akimi est une star des mangas pour filles. Elle est née dans le quartier de Tokyo, Shibuya-Ku, le 12 août 1956. Alors qu’elle était encore étudiante aux Beaux-Arts de Musashino, elle envoya une BD au concours des mangakas débutants du magazine Shojô Comic. Sa BD fut acceptée et reçut un troisième prix. Elle débuta dans le magazine Shojô Bessatsu avec sa BD Chotto Fushigina Geshukunin en 1977. Elle déclare avoir été influencée par la nouvelle vague du cinéma américain et des auteurs comme Dennis Hopper et son Easy Rider. C’est pourquoi la plupart de ses récits, comme l’un de ses premiers travaux, California Story ou encore Banana Fish se passent aux États-unis. Ayant terminé en août 2002 sa dernière œuvre en date, Yasha commencée en juillet 1996 dans le magazine Bessatsu Shojo Comic
Akimi Yoshida vient d’entamer Ibu no nemuri chez son éditeur habituel, leader nippon de la BD pour adultes, Shogakukan.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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