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Au Musée Jijé en septembre, deux expos « Spirou » pour le prix d’une !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 26 août 2004                      Lien  
Au Musée Jijé de Bruxelles aura lieu, à partir du 8 septembre prochain jusqu'au 17 octobre 2004, une double exposition « Spirou ». La première, s'intitule « Spirou et la nouvelle école de Marcinelle » et reprend les pages de quelque 13 auteurs paraissant dans l'hebdomadaire champion de la bonne humeur ; la seconde propose une rétrospective des aventures du célèbre groom en exposant les travaux des dessinateurs qui ont construit sa légende, de Rob-Vel à Munuera, sans oublier bien sûr le génialissime Franquin et son mentor Joseph Gillain, alias Jijé.

Opportune et bienvenue cette nouvelle expo du Musée Jijé, un organisme donné pour mort il y a quelques mois et qui doit son redressement partiel à une vente caritative d’originaux de BD.

Bienvenue car, grâce à la relance de la série Spirou avec un album qui fera date, Paris sous-Seine de Munera et Morvan, elle permet à la fois de jeter un regard nostalgique sur le Spirou d’autrefois et, d’autre part, de constater son évolution sous la férule de sa nouvelle équipe cornaquée par Thierry -le Boss- Tinlot jetant les bases, on l’espère, d’un renouveau de la création dans le giron de l’école belge.

Le "Style Spirou"

Le « style Spirou » avait été popularisé au lendemain de la guerre par une brochette d’auteurs au talent exceptionnel : Jijé, Franquin, Morris, Peyo, Tillieux, Roba, Will... Ils ont su mêler le code rigide de l’esthétique hergéenne, héritage de Benjamin Rabier, d’Alain Saint-Ogan, mais aussi d’Américains comme Géo McManus (Bringin’ up Father, La Famille Illico, en France) avec celui, plus souple, du dessin animé sous l’influence de Disney notamment. Le trait sommaire du dessinateur français Rob-Vel avait été stylisé par le wallon Jijé avec un style loustic inspiré par l’Art Déco.

Faisant cela, il fonda une nouvelle école dans laquelle de jeunes dessinateurs venus de l’animation ont pu s’épanouir et forger une légende. Portée au sommet par Franquin, la série eut à souffrir de reprises moins bien maîtrisées, celles de Fournier et de Broca, qui confirmaient cet adage de Winston Churchill : « On croît difficilement à l’ombre d’un arbre. » Mais Tome et Janry ont repris le flambeau de manière crédible, grâce au dur écolage vécu dans l’ombre de Greg, scénariste tentaculaire et par ailleurs dessinateur d’Achille Talon. Une cinquantaine d’illustrations et de planches originales de Rob-Vel, de Jijé, de Franquin, de Fournier, de Chaland, de Broca, de Janry et de Munuera viendront illustrer ce parcours.

Une nouvelle génération

La nouvelle génération du Journal de Spirou tente de ranimer la flamme (olympique, c’est de saison) de leurs prédécesseurs : Bertschy (Nelson), Cuadrado (Parker et Badger), Ers (les Démons d’Alexia), Yassine & De Vos (divers travaux d’illustration et de design), Matteo (Mèche Rebelle), Bailly & Mathy (Ludo), Durieux (Oscar), Hermans (Génération Ego), Robin (Petit Père Noël), Renaud Collin (divers travaux d’illustration), Munuera (Spirou et Fantasio), Julien Neel (Indien et Pingouin) sont sur les cimaises. Ils ont un avantage sur les ancêtres : ils viennent dédicacer leurs albums dans la librairie attenante au musée le 8 septembre prochain, de 14 à 17 heures.

Au Musée Jijé en septembre, deux expos « Spirou » pour le prix d'une !
Spirou au Musée Jijé

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Du mercredi 8 septembre au dimanche 17 octobre 2004. Ouvert du mardi au dimanche, de 10 à 18h. Prix inclus à l’entrée au musée.

Musée BD Jijé - rue du Houblon 43 - 1000 Bruxelles (Belgique)- Tel : 02/513.33.04
Le site internet du Musée Jijé

 
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2 Messages :
  • "il ne pousse rien sous les grands arbres" a ete, avant Churchill, la reponse de Brancusi a Rodin lorsque ce dernier lui a propose de travailler dans son atelier.
    & , sans etre exceptionnelle, la reprise de Spirou par Fournier etait tres superieure a celle de Broca, certains albums (l’envoutant Ankou) valant meme mieux que des Tome & Janry faiblards.

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    • Répondu par Benjamin Herzberg le 27 août 2004 à  20:13 :

      Ecrivant des Etats, unis, je m’excuse pour le manque d’accents et pour mon orthographe vacillante...

      J’interviens dans le debat Spirou pour rendre hommage a Fournier, dont la reprise de Spirou apres Franquin est souvent denigree dans les pages forum d’ActuaBD.

      Fournier a realise 9 albums. Apres Franquin, c’est pour moi le meilleur repreneur de la serie.

      Il faut se rappeler que ce que Franquin avait introduit dans la serie, c’etait essentiellement de la poesie, du design et des sentiments. L’univers de Champignac est au plus haut point poetique. Les personnages sont touchants et l’humour est utilise avec le meme ressort peotique que dans « Jours de Fete » de Tati. Le design des decors est un veritable miroir des annees cinquantes et soixantes (et Jidehem n’y est pas pour rien). Le sentiments, quant a eux, sont essentiellement centres sur l’amitie profonde entre Spirou et Fantasio et les rapports au pere represente par Champignac. La Masrupilami englobe a lui seul ces trois elements : Stylise, poetique et affectif, il reste d’ailleurs dans l’esprit de tous emblematiqe de la serie.

      Or Fournier est le seul qui a su depuis combiner ces elements avec succes. Il a su conserver cette poesie dans le dessin, les couleurs (on oublie bien trop souvent les couleurs !) et les scenarios. Il a meme parfois su pousser cela plus loin, vers des ressorts melancoliques. Fournier a pousse la melancolie jusqu’à la mer (L’ankou) et meme jusqu’aux etoiles (Du cidre pour les etoiles). Les dessinateurs suivants (je mets Chaland a part bien sur, a cause du genial exercie de style) sont revenus boire a la source Rob-Vel qui est, malheureusement, le pur divertissement. Or un Spirou sans poesie, qui est du pur divertissement n’a rien d’extraordinaire. Les albums ont d’ailleurs, avec les auteurs successifs et notamment Tom et Janry, representes une escalade dans l’esbroufe comparable a la surenchere des films hollywoodiens. Plus d’action, plus de bruit (les faiseurs de silence mettront d’ailleurs fin a celui de Nic et Cauvin [mais une parenthese pour indiquer que les contraintes editoriales sous lesquelles travaillait Cauvin avaient tout pour faire echouer le projet]), plus de sang (apparu pour la premiere fois dans le dernier opus Tome et Janry) : C’est la revanche du fils du retour de l’oncle (Paul) de Spirou. La poesie, le design et les sentiments ont suivi une courbe inversement proportionnelle.

      Revenons a Fournier donc, qui, s’il maintient la tradition poetique de la serie, incrit egalement Spirou dans un environment decoratif contemporain. [La, je fais une autre pause pour admettre que Tom et Janry ont egalement reussi cela, en ancrant Spirou dans notre epoque – et la Machine qui reve n’est autre que cette idee poussee a son comble, n’en deplaise a ses detracteurs (dont moi-meme). Nic avait essaye mais sans grand succes, de rendre un Spirou cuvee anneess 80, par exemple avec son look motard]. Fournier ecrit et dessine Spirou entre 69 et 79. C’est donc le design des annees 70 qui s’exprime alors (Spirou roule d’ailleurs desormais en Renault 5 ou alors dans de rapides voitures nippones). La vague hippie, les considerations ecologiques, les prises de conscience politiques se retrouvent aussi dans les scenarii et les ambiances dans lesquelles evoluent les acteurs albums apres albums. Fournier experimente aussi au niveau purement graphique, comme par exemple dans un mini-recit peu connu datant de 73 ou 74 (?), les vacances a Broceliandre, ou les ombres et les decors haches sont omnipresents (Spirou y retouve Bizu, le personnage qui avait fait rentre Fournier au journal Spirou). D’une regle generale, Fournier a su faire evoluer le style graphique Spirou en rendant un Spirou un peu plus jeune, plus dans son temps et donc un Spirou plus credible.

      En ce qui concerne les sentiments (le troisieme element essentiel a mes yeux), Fournier va plus loin que Franquin. Un theme sentimental nouveau arrive avec Ororea (Jeannette Pointu avant l’heure ?), qui pour la premiere fois introduit une vraie personalite feminine dans l’entourage de Spirou, avec les compexites relationnelles qui en decoulent. Fantasio, qui s’effacait peu a peu vers la fin de la periode Franquin, revient en force juqu’a voler la vedette au heros-titre dans Kodo le tyran. De son cote, Spip nous offre un nouveau point d’ancrage, qui, sans remplacer le Marsupilami, reste cependant tres original. Les remarques de Spip servent de contrepoint au dialogue, offrant au lecteur une « voix-off » qui permet soit de dedramatiser les moments intenses, soit au contraire de balancer l’emotion degagee par certaines situations. Dans ce sens, le Spip de Fournier est tres theatral, ce qui, aide par des cadrages relativemnt sobres, renforce l’atmosphere classique des albums.

      Donc, pour me reprendre, j’estime que Fournier a su faire progresser l’univers poetique, l’environnement graphique et la profondeur des personnages. En ce sens, il a su non seulement reprendre la serie avec succes, mais a su la faire progresser de maniere efficace.

      Souvenons nous des circonstances de son arret. Fournier prenait du temps. Trop pour certains. Les editions Dupuis ont voulu lui forcer la main pour accelerer sa production. Apres avoir envisage la mise en place d’un studio Spirou, Fournier a prefere passer la main. (Didier Pasamonik - avec son savoir encyclopedique - pourrait nous donner plus d’indication sur ce qui s’est reellement passe, car je n’ai moi meme que peu d’indications a ce sujet). L’essentiel etant que Fournier, sentant qu’il ne pouvait assurer la meme profondeur a ses albums sous les nouvelles conditions proposees, prefera laisser Spirou continuer sa course sans lui.

      Voilà donc pour mes « two cents » (comme on dit ici chez moi aux Etats Unis) sur le Spirou de Fournier, qui merite bien d’etre defendu de temps en temps. J’attends avec impatience la nouvelle mouture Spirou de Septembre, car il me semble, d’apres la bande annonce en Flash proposee sur le site Dupuis que les nouveaux auteurs reprennent le flambeau avec les honneurs.

      B.H.

      Ps : Parlons un peu des coloristes. Qui coloriait Franquin ? Et les auteurs suivant ? Qu’est devenu Jidehem ? Qu’elle est la veritable histoire du « studio Spirou » ? Fournier avait-il des scenarii d’avance lorsqu’il a min fin a Spirou ? Qui a vole le Lion de Bellfort ? Didier, au travail, que diable !!!

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