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Nick Rodwell : « Tous les projets ambitieux mettent du temps »

Par Nicolas Anspach Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 22 juillet 2005                      Lien  
Lors de l'inauguration du festival Tintin, tous les regards convergaient vers le directeur général de la société Moulinsart et animateur de la Fondation Hergé, le redouté Nick Rodwell, époux de Fanny Rodwell, la légataire universelle d'Hergé. Pour la première fois sur ActuaBD, il nous livre les dessous de cette nouvelle manifestation et quelques autres secrets encore.

Comment est né ce projet de festival Tintin ?

La ville de Bruxelles a invité la Fondation Hergé à réaliser conjointement un événement autour de Tintin, tout simplement.

C’était une manière de rattraper leur inertie par rapport au Musée Hergé qui, après bien des hésitations, leur est passé sous le nez et se réalisera finalement à Louvain-La-Neuve ?

Pas du tout ! Ils ont envie d’associer leur image à la Bande Dessinée, au même titre qu’Angoulême par exemple. C’est une double première : il s’agit du premier festival autour de l’univers de Tintin et le premier festival sur un même personnage en Belgique, et peut-être même en France !

Nick Rodwell : « Tous les projets ambitieux mettent du temps »
Nick Rodwell
interrogé par notre reporter (sans houpette) Nicolas Anspach

Hergé est né à Etterbeek, une commune bruxelloise. En y organisant un festival, vous soulignez le caractère bruxellois de Tintin.

Je ne peux répondre à cette question. N’oubliez pas que je suis londonien. Posez cette question à Philippe Goddin (auteur de Hergé, Chronologie d’Une Œuvre) ou à Freddy Thielemans, le bourgmestre de Bruxelles. Ils sont plus compétents que moi sur ce sujet. Pour ma part, je suis ici comme un Palestinien en Israël... C’est parfois un peu difficile.

Cette idée de festival est un vieux rêve bien connu de la Fondation Hergé ...

Il y a déjà eu différentes tentatives. Mais après tout, les projets ambitieux mettent du temps à se réaliser. Steven Spielberg a dû attendre dix ans avant de tourner La Liste de Schindler, et autant de temps pour travailler avec Tom Cruise.

Sauf que la rencontre entre Tintin et Spielberg date de plus de vingt ans.

Vingt-trois ans pour être exact. Mais cela avance très bien !

On peut en savoir plus ? Le film produit par la Dreamworks n’est donc pas remis en cause ?

Pas du tout ! La Fondation Hergé n’a pas le droit communiquer à ce sujet. Qui peut d’ailleurs communiquer à ce sujet hormis le producteur ? Je trouve tout à fait normal que Steven Spielberg qui va investir au moins cent millions de dollars dans ce projet ait l’exclusivité de cette information. Il tourne actuellement un film sur la prise d’otages des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Après, ce sera peut-être notre tour... Inch’Allah !

Pour en revenir au festival, n’est-il pas une manière de réconcilier la Fondation Hergé avec le grand public, et plus spécialement les Tintinophiles ?

Ce n’était pas cela l’intention, mais si le public perçoit cette démarche comme une tentative allant dans ce sens, j’en serais ravi ! J’ai toujours créé des événements et des expositions autour de Tintin. Rien ne change pour moi.

N’est-ce pas fatigant d’être considéré comme une sorte d’ennemi public ? Avez-vous l’impression que le moindre de vos faits et gestes est interprété négativement ?

La plupart de ce genre de propos sont ignobles. Bien sûr que cela me touche. Personne n’aime être critiqué. J’ai appris à prendre cela avec beaucoup de philosophie. Je ne tiens pas compte de ces attaques. Sinon est-ce que cela vaudrait encore la peine que je me lève le matin ?

Dès que l’on est actif et que l’on réalise des choses, on est critiqué ! C’est inéluctable. C’est l’œuvre d’Hergé qui est importante, pas moi ! Je suis le premier heureux que l’on parle de Tintin dans le Wall Street Journal à l’occasion de ce festival...

Plusieurs personnes de renom s’apprêtent à embellir l’image de Tintin. Spielberg, bien sûr ; mais aussi Christian de Portzamparc qui dessinera les plans du Musée Hergé. C’est le seul architecte français qui a gagné le Prix Pritzker, ce n’est pas rien !

Afin de faire vivre Tintin et comme gestionnaires de l’oeuvre, nous sommes obligés d’organiser des événements culturels autour du personnage puisque Hergé désirait que Tintin ne vive plus de nouvelles aventures après lui. On ne peut donc pas recréer l’œuvre. Moulinsart est obligée de faire du « re-packaging » et de se réinventer sans cesse, en espérant trouver une meilleure idée que la précédente.

Les Chinois ont découvert Tintin et lui font un véritable triomphe. Avez-vous des projets importants dans ce pays ?

Je m’y suis rendu quatre fois depuis le mois de novembre 2004. J’y retourne en septembre. Nous allons très probablement ouvrir un bureau à Shanghai en janvier 2006. L’éditeur chinois des aventures de Tintin a déjà vendu deux millions d’albums. Il est évident que ce pays représente l’avenir de l’économie mondiale, et pas seulement celui de Tintin.
Malheureusement, je suis pro-tibétain et cela complique parfois un peu les choses...

(par Nicolas Anspach)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Photos : Didier Pasamonik

 
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