Si ce site de Montauzier offrait la place nécessaire pour les stands des éditeurs, il était surtout totalement excentré du centre-ville : à 25 minutes à pied du Champ de Mars, en dehors du plateau, d’où un problème de transport ajouté à celui du dénivelé. C’est d’ailleurs ce principal défaut qui avait été stigmatisé par la polémique juste avant le lancement du festival. Pour régler celui-ci, les organisateurs avaient mis en place deux circuits de bus gratuits pour les visiteurs, ainsi qu’une série de voitures-navettes pour les auteurs, éditeurs et autres V.I.P.
Des tarifs en hausse
Le second point noir du festival était son prix. La neige ayant dissuadé une partie des festivaliers de la 33° édition d’atteindre Angoulême l’année précédente, le bilan s’était conclu sur un sérieux déficit et bien des factures restaient à régler [1], d’où la nécessité d’augmenter les tarifs de la billetterie. Si la multitude des formules proposées, par son offre segmentée, correspondait à une vraie réflexion sur les attentes du public, l’organisation jouait néanmoins le quitte ou double avec cette politique, d’autant qu’elle s’imposait précisément dans une année où l’on pouvait s’attendre à un peu de confusion. Ce volontarisme crânement assumé s’est avéré payant à plus d’un titre.
Deux points noirs attendus : le transport et la restauration
En effet, sans avoir les chiffres à l’unité près, 200.000 visiteurs auraient arpenté les différentes expositions et salons du FIBD [2], soit le retour à l’affluence de 2005 après la glissade de 2006. Le site de Montauzier a donc rencontré les attentes du public, profitant avantageusement des 12.000 m² de stands proposés en un seul lieu rassemblant l’ensemble des éditeurs et des fanzines, ainsi que l’exposition des albums nominés. Sans remettre en cause la surface attribuée qui donna clairement une aération malgré l’affluence, pas mal d’éditeurs nous ont confié leur déception. Lors des éditions précédentes, les cafés, tavernes et autres commerces du centre-ville accueillaient les réunions, souvent informelles, entre éditeurs, auteurs, collègues étrangers et journalistes. A contrario, les abords du site de Montauzier sont ternes et peu propices à ces rencontres et discussions. Les navettes-VIP auraient pu prolonger cette tradition, si elles n’avaient pas été piratées par des visiteurs malins, lassés d’attendre des bus qui n’arrivaient pas à transporter l’intégralité du public pendant les heures d’affluence. De plus, ces navettes, bus et autres n’échappaient pas aux bouchons coutumiers de la ville charentaise. On a donc vu des Angoumoisins aller plus vite à pied que les festivaliers, bouclés dans des bus bondés. Une courte analyse des circuits aurait laissé ressortir que le passage de toutes les navettes par la gare était un inconvénient plutôt qu’un avantage. Il aurait mieux fallu prévoir une desserte spécifique au moment de l’arrivée des trains.
Deux sites, deux publics ?
Mis à part le succès de l’exposition Kid Paddle (Trois heures d’attente au pic d’affluence), l’inauguration de la rue Goscinny qui a suscité la curiosité, et des spectacles du Théâtre, pourtant payants, les commerces angoumoisins n’étaient pas vraiment à la fête, les rues semblant jusqu’au week-end effectivement assez désertes par rapport aux précédentes éditions. A partir de samedi en revanche, le temps se montrant plus clément, voire ensoleillé, les festivaliers semblaient même s’attarder dans les rues piétonnes, comme s’ils ignoraient le site de Montauzier. Cette dichotomie due à une insuffisance de communication sera l’un des griefs que les usagers du Festival ne manqueront pas de pointer afin de faire modifier cette situation.
Un bilan nettement positif, en dépit des critiques
Les organisateurs tireront sûrement les leçons de ce 34ème festival : une édition riche en controverses, mais dont le bilan positif renforce les changements opérés. Pas de doute, le salon des éditeurs s’établira durablement sur le site de Montauzier. Il y faudra mieux agencer les installations des stands : les files de dédicaces de Glénat-Casterman, et celles du Lombard-Fluide Glacial formant un véritable noeud isolant au centre du hall des gros éditeurs. Enfin, la circulation des personnes devra être plus intensément réfléchie : contrôle plus fréquent des passes, plus de bus dans la journée, et non pas seulement dans les heures d’affluence, des sections de route prioritaire pour améliorer la noria entre Montauzier et le centre de ville. Les Angoumoisins, ils nous l’ont dit, sont prêts à s’y plier pourvu que l’on sauve "leur" festival.
L’organisation, qui s’est dite prête à se remettre au travail dès ce lundi, est satisfaite du bilan 2007. Consciente que certains problémes restent à règler, elle a le triomphe modeste et souhaite entamer la préparation de la prochaine édition dans une ambiance plus détendue, tout en restant à l’écoute du public et des éditeurs.
(par Charles-Louis Detournay)
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