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Grand Vampire s’offre un nouveau costume

Par Laurent Boileau le 28 mars 2007                      Lien  
Les six récits de {Grand Vampire} seront désormais publiés dans une nouvelle pagination, un nouveau format et un nouveau titre: {Le Bestiaire amoureux}. A cette occasion, Joann Sfar, jamais avare en pages dessinées, nous offre un épisode inédit: {L'Age où on est mort}.

160 pages pour les tomes 1 et 3, 144 pour le tome 2 et "seulement" 112 pour le tome 4. Avec Le Bestiaire amoureux, Sfar explose le format figé de la bande dessinée franco-belge, le sacro-saint "46 pages".

Joann Sfar : "Le format d’origine (46 pages, 230x300mm) est un format industriel que je n’avais pas choisi. Depuis que je travaille, je préfère les livres avec plus de pages. D’ailleurs, pour cet univers initié avec "Le Petit Monde du Golem" (L’Association) j’avais déjà choisi un format de roman."

Les vampires n’ont plus de projets d’avenir, toutes les nuits se ressemblent. Aspirine n’en peut plus d’avoir 17 ans depuis 250 ans et Richard le dragueur se transforme en loup dès qu’il convoite une jolie femme. Seul un baiser lui permet de retrouver son aspect humain. Malheureusement pour lui, il tombe amoureux et le voilà bloqué avec sa gueule de loup affamé.

Grand Vampire s'offre un nouveau costume

"Je me suis dit : "j’ai toute une galerie de monstres, j’ai envie de les explorer les uns après les autres". Jusqu’à présent, le héros c’était Fernand le Vampire. Ici j’ai pris deux héros, Aspirine et Richard qui ne me ressemblent pas. Du coup, cela me permet d’être plus léger, je suis dans le jeu d’acteur et je peux faire plus de mal à mes protagonistes…"

Sous un aspect de récit presque futile, Sfar nous embarque dans une comédie romantique où l’état de vampires ou de monstres ne protège pas de la mélancolie et du vague à l’âme. Bien au contraire, certains immortels finissent par succomber à un sentiment bien mortel : l’Amour.

"J’ai toujours aimé les comédies amoureuses. Il m’est arrivé avec Pascin de m’y adonner avec des penchants carrément pornographiques. Dans L’Age où on est mort, je voulais parler des amours des adolescents c’est-à-dire du moment où l’on a le sentiment que l’on ne va jamais fonder un foyer et que l’on ne va jamais grandir."

Dans les trois premiers tomes sont publiées, en complément des récits de Grand Vampire, des histoires imaginées par Sfar à son adolescence. Ces travaux, présentés sans relâche et sans succès aux éditeurs lorsque l’auteur était étudiant, constituent en quelque sorte la genèse du Bestiaire amoureux.

"Cette série est la seule qui remonte à mon adolescence. J’ai inventé ces personnages quand j’avais 15 ou 16 ans. J’ai la chance de posséder les dessins de cette époque. Je ne suis pas spécialement fier de ces pages, mais je trouve intéressant de montrer au lecteur les origines de la série."

Le tome 4 n’étant plus une réédition de Grand Vampire, Joann Sfar offre dans L’Age où on est mort un bonus différent : pas d’archives, de premiers écrits, de recherches graphiques mais un cahier spécial Edmundo, le vampire cubain.
L’univers de Joann Sfar est fait de poésie, de symboles et de philosophie. L’auteur mêle, comme souvent, humour et noirceur et, surprise, s’aventure parfois dans des mises en page inhabituelles.

"Avec mes camarades Blain, Trondheim et toute la bande, nous nous sommes fait une image de minimalistes : Lewis avec ses dessins très symboliques et moi avec mes gaufriers. Maintenant que nous l’avons fait et que nous avons montré notre savoir-faire, c’est amusant de voir si nous pouvons faire autre chose. J’essaie donc d’explorer de nouvelles voies comme des cases composées différemment. Je cherche avant une lecture au service de l’histoire donc s’il y a des nouveaux artifices graphiques qui peuvent m’aider, pourquoi ne pas les utiliser ?

La plupart des gens pensent que l’on attrape la grosse tête dès que l’on devient un peu connu. En fait, pour moi, c’est le contraire. J’étais beaucoup plus snob et prétentieux quand j’avais 18 ans. Par exemple, à l’époque, il était hors de question de faire un dessin sans une plume et de l’encre de chine. Aujourd’hui, je me suis rendu compte que l’outil était moins important que l’histoire. Je désacralise un peu le rapport au dessin qui doit être là pour être expressif et pour raconter une histoire.
Depuis que je m’occupe de Bayou chez Gallimard, je travaille beaucoup avec de jeunes auteurs. Environ trois sur quatre réalisent leur premier livre. Cela m’oblige à être attentif et exigeant. Etre éditeur m’amène à être beaucoup plus exigeant sur mon propre travail et à m’interroger sur ce qui est le plus important pour moi.
Je découvre maintenant des choses fascinantes dans des bandes dessinées que je regardais assez peu. Par exemple, dans les albums exubérants des années 70 de Druillet, Bilal, Moebius, il y a une joie de vivre et une jubilation à chaque page. Je voudrais que l’on ressente ce plaisir du dessin dans mes albums.
"

(par Laurent Boileau)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Propos de Joann Sfar recueillis sur le stand Virgin au Salon du Livre de Paris.
Photo © L. Boileau
Illustrations © Sfar/Delcourt

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1 Message :
  • Grand Vampire s’offre un nouveau costume
    28 mars 2007 21:23, par BD75Paris

    Effectivement, ce format réduit convient parfaitement aux pages dépouillées de Sfar. De plus, cela donne un bouquin sympa en bibliothèque, et le papier semble moins glacé qu’auparavant (illusion liée aux rayons du soleil, peut-être ; à confirmer !). Enfin, ce nouveau format rappelle bougrement celui de la Collection inaugurée pour les 20 ans de Delcourt.

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