Après une visite de la plus importante exploitation diamantaire à ciel ouvert au monde, Charles Jr. Van Berg se voit contraint de faire atterrir son jet privé sur le sol des États-Unis. Le jeune président de la World Diamond Co. est aussitôt arrêté par le FBI. Il se trouve, en effet, sous le coup d’une condamnation par contumace pour non-respect de la loi anti-trust et collaboration avec l’ennemi en temps de guerre. Le passé de son père, le créateur de cet empire industriel du diamant, remonte alors à la surface…
La référence aux Maîtres de l’Orge n’est pas anodine car plusieurs clins d’œil sont effectués à la série de Jean Van Hamme et Francis Vallès. D’abord le principe même de la grande épopée familiale, ensuite la couverture, et enfin le titre reprenant le même prénom. Pas question de parler pour autant de plagiat ! Agnès et Jean-Claude Bartoll reprennent juste quelques techniques qui ont fait le succès des scénarios de Van Hamme. Le couple d’anciens reporters s’appuie sur une solide documentation donnant ainsi une grande véracité à leur récit. 120 millions de carats de diamants bruts sont extraits chaque année via de grandes compagnies minières telle la Van berg Mining Co présentée dans Diamants. Cette production de 24 tonnes, une fois sertie en bijouterie, aura une valeur de 56,5 milliards d’euros. Si l’on compare avec les 2,26 milliards d’euros dépensés pour l’extraction, la plus-value est intéressante… Les enjeux économiques sont donc colossaux et l’industrie suffisamment opaque pour se prêter à une intrigue mêlant manipulation, trahison et bataille pour le pouvoir.
Le scénario développé par les Bartoll est dense, une dizaine de lieux ou d’époques différentes le façonnent. C’est presque trop pour 46 planches. Par exemple, la séquence en Angola aurait pu venir peut-être plus tard, évitant ainsi la marche forcée dans la présentation des principaux protagonistes. Par ailleurs, certains dialogues servent parfaitement la compréhension, mais manquent quelque peu de spontanéité.
Bartoll s’associe, une fois de plus, à un nouveau venu dans la bande dessinée, le slovène Bernard Köllé. Ce dernier offre à la série son trait réaliste inspiré manifestement par Philippe Francq (Charles Jr. a d’ailleurs un vague air de famille avec Largo Winch…). Dans l’interview accordée à france5.fr, Jean-Claude Bartoll nous confiait qu’il appréhendait de voir les couleurs de son premier album réalisées en technique traditionnelle. Il est aujourd’hui rassuré, Patricia Kraehn n’a pas besoin d’ordinateur pour faire du bon boulot !
Avec déjà six séries à son actif, Jean-Claude Bartoll est un scénariste qui a le vent en poupe. Comme il apprend vite, nous pouvons nous attendre à ce que ces premières petites imperfections narratives soient vite corrigées. Une action nécessaire pour confirmer l’intérêt de cette saga à priori séduisante.
(par Laurent Boileau)
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