Imaginez à quoi ressemblerait un Spirou publié dans un monde où la peur, le racisme et la discrimination l’auraient emporté sur l’esprit d’ouverture, la vigilance et la réflexion. D’où la présence d’un cahier noir de 16 pages, à l’intérieur de l’hebdomadaire « classique ». Parmi les bandes dessinées à l’idéologie pour le moins douteuse - et heureusement adéquatement court-circuitée, la Ligue des Droits de l’Homme a décidé de se pencher sur les 4 planches de l’infâme Captain Moral et, case après case, de casser les clichés, lieux communs et mensonges qui y sont évoqués. Ce Spirou hors normes est donc accompagné d’un dossier pédagogique, à destination des plus jeunes et des plus grands.
Cette collaboration est le fruit d’une longue réflexion et d’un travail de préparation minutieux mené avec les dessinateurs et scénaristes du journal de Spirou. On y retrouvera une sale petite histoire du racisme en bande dessinée ; des gags et des récits complets inédits sur le racisme, la xénophobie et toutes les formes de peur ; le fameux « cahier noir » de 16 pages, fermées, pour montrer par un contre-exemple frappant ce que serait un hebdomadaire de BD dans une société dominée par la peur ; des témoignages d’enfants sur le racisme et la discrimination, transformés en planches et strips de bande dessinée.
Cette opération, qui débute avec le n°3622 "Fini de rire", se poursuivra par la suite dans la même optique : servir d’outil permettant de sensibiliser les enfants, les ados, les adultes et les enseignants aux dangers d’une société où la peur (des immigrés, des terroristes, du chômage, des jeunes, de son voisin...) constituerait le moteur du fonctionnement social. On retrouvera lors de cette opération les personnages habituels du journal : Les Femmes en Blanc, Mélusine, Tamara, le Petit Spirou, Nelson, Marzi et bien d’autres.
En utilisant le second degré, Spirou, qui fêtera bientôt ses 70 ans, prouve qu’il est toujours au coeur de la vie sociale et de l’humour, tout en abordant de sujets graves grâce à la dérision !
(par Charles-Louis Detournay)
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