C’était le voeu de Lewis Trondheim et de Jean-Christophe Menu (ce dernier "à coup de tatane") : évincer les Centres Leclerc de la liste des sponsors d’Angoulême. Ils sont exaucés !
Michel-Édouard Leclerc est particulièrement interloqué par la façon dont il en a été informé : « Les responsables du festival ont été minables » commente-t-il, interrogé par la journaliste Armel Le Ny de la Charente Libre. Le très médiatique chef d’entreprise nous informe qu’il a appris la nouvelle par son propre concurrent, Denis Olivennes, le PDG de la FNAC, et non par l’intermédiaire des responsables du Festival. Les élus charentais, et principalement le maire d’Angoulême M.Philippe Mottet, ne semblent pas non plus avoir fait oeuvre de délicatesse envers celui qui avait apporté 6,5 millions d’euros au festival, à un moment où il était dans une crise qui a bien failli le faire disparaître à jamais.
D’après la Charente Libre, Les Centres Leclerc investissaient de moins en moins d’argent dans le festival ces dernières années. De 500.000 € par an, sa contribution était passée à 150.000 €. Il souhaitait que le FIBD trouve d’autres sponsors pour pallier à ce manque de rentrée financière. Beau joueur, Leclerc avoue préférer que ce soit son concurrent, la Fnac, un autre gros vendeur de BD, qui prenne le relais, plutôt « qu’une marque Tartempion ».
Le directeur du festival, M.Frank Bondoux convient que les Centres Leclerc avaient beaucoup apporté au Festival. Mais, pour justifier sa décision, il ajoute : « Ma fonction est de regarder le présent et l’avenir. Depuis six ans, sa contribution n’avait pas augmenté, contrairement au prix de la baguette. Depuis trois ans, j’ai essayé à plusieurs reprises de faire évoluer ce partenariat. J’ai toujours reçu une fin de non-recevoir. A partir de là, il était normal que je noue des contacts avec d’autres partenaires. »
Leclerc, lui, qui se dit être un véritable amoureux de la bande dessinée déplore la dérive marketing du festival depuis l’arrivée de Frank Bondoux aux commandes : « Je me rappelle que lorsqu’on est arrivé à Angoulême, les auteurs rebelles de BD craignaient la mainmise des grands commerçants sur le temple de la culture. Et aujourd’hui, on est mis dehors par des professionnels du marketing et de la gestion ». Une remarque qui ne manque pas de sel venant d’un orfèvre en la matière...
Ces développements ne doivent pas nous faire oublier une autre réalité, conséquence d’un évènement qui s’est déroulé dans la plus grande discrétion cet été : l’association qui gère le Festival de la BD d’Angoulême a décidé de confier son évènement à une SARL à « Vocation Culturelle et à but non lucratif », comme le souligne Sud-Ouest dans ses pages. Une société privée, donc, dirigée par Frank Bondoux, qui, selon certaines sources, serait assuré de rester aux manettes du festival pendant une période contractuelle qui serait de dix ans ! « Une aberration », grommèlent certains concurrents qui s’interrogent sur la procédure de l’appel d’offre. Cet accord donne au nouveau directeur du FIBD et à son équipe une autorité que n’a eue aucune équipe dirigeante jusqu’ici. Michel-Édouard Leclerc vient de s’en apercevoir à ses dépens.
(par Nicolas Anspach)
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon, Michel-Édouard Leclerc lors de la conférence de presse de décembre 2006. Photo : D. Pasamonik.
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