Dans quelles circonstances avez-vous créé Bob Morane en 1953 ?
L’éditeur de Marabout, Jean-Jacques Schellens, voulait faire une série de romans pour jeunes avec un personnage récurrent. On m’a demandé de le faire. J’en ai fait un premier, et plus de 200 autres depuis.
Le concept de l’aventurier s’est imposé comment ?
On lui a trouvé un nom, on lui donné un physique. Et au cours des romans, il s’est un peu précisé physiquement et moralement, un petit peu au hasard, comme nous tous, nous grandissons un peu au hasard aussi.
D’où vient le nom, du constructeur d’avions ?
Non. Cela vient du nom que prend un guerrier Masaï quand il a tué son premier lion. Il devient alors un « Morane ». J’avais aussi une connaissance qui était un peintre du dimanche et qui signait Morane. Le prénom de « Robert » vient de ce que son diminutif était « Bob », un prénom qui faisait bien en ce temps-là. Aucun lien avec les avions, mais le hasard fait bien les choses.
Quand Bob Morane est devenu un phénomène de société ?
Ça l’a été à une époque. Ses aventures ont appris à lire à beaucoup de gens. À une époque quand on disait Marabout, on pensait Bob Morane, et l’inverse.
Est-ce que, selon vous, Bob Morane est daté aujourd’hui, un peu comme 0SS 117 ?
Dans le cas de 0SS 117, oui, car cet organisme ne s’appelle plus OSS 117 qui était le nom des services secrets américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, c’est la CIA. Donc là, il est daté. Tandis que Bob Morane n’est pas daté, même si certaines de ses aventures le sont car elles se passent à une époque qui n’existe plus. Depuis cinquante ans, beaucoup de choses ont changé. Je n’ai jamais vraiment arrêté d’en écrire. Je n’ai jamais été en panne d’inspiration : il se passe tellement de choses. Et puis, j’avoue, je me répète de temps en temps aussi…
Vous faites la joie des collectionneurs.
Oui, il y en a qui stockent, qui revendent le livre plus cher une fois épuisé. Je connais le truc ! je viens de voir une édition anglaise de Bob Morane qui cote 50 euros. Je n’ai pas de droits d’auteur là-dessus !
Vous avez fait avec vos personnages des scénarios inédits pour la bande dessinée. Qu’est-ce qui vous a amené à la BD ?
C’est Femmes d’Aujourd’hui, un hebdomadaire féminin, qui m’a demandé d’en faire. J’ai dit : Pourquoi pas ? Et j’en ai fait, c’est tout.
Il y en a près de 60, quand même.
Oui. Le premier écueil a été d’incarner Bob Morane. Il y avait Pierre Joubert qui dessinait mes couvertures. Dino Attanasio a été le premier à en faire des bandes dessinées, puis William Vance, Gérald Forton, Coria… Chacun l’a un peu interprété à sa manière. Cela ne me dérange pas : les James Bond sont aussi interprétés différemment selon l’acteur qui l’incarne.
On a posé la question pour Tintin ou pour Astérix, est-ce que vous voyez après vous quelqu’un reprendre la destinée du personnage ?
Je n’en ai rien à foutre !
Propos recueillis en octobre 2007.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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