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Enrico Marini : "La thématique des ‘Aigles de Rome’ est intemporelle"

Par Nicolas Anspach le 2 décembre 2007                      Lien  
Le dessinateur italien {{Enrico Marini}} s’affranchit et signe le scénario des {[Aigles de Rome->5974]}. Un péplum se déroulant une poignée d’années avant l’arrivée de Jésus-Christ. Ermanamer, le fils d’un prince barbare de Germanie, est confié par son peuple en otage aux Romains. Il a droit aux égards de son rang, et est éduqué en parfait romain. Marini nous raconte une histoire d’amitié entre Ermanamer, devenu Arminius, et le fils de son instructeur et maître d’armes…

Enrico Marini : "La thématique des ‘Aigles de Rome' est intemporelle"Avec les Aigles de Rome, vous signez votre premier scénario… Est-ce un cheminement logique dans votre carrière ?

Oui. Je souhaitais avoir plus de liberté, et surtout développer mes propres idées. C’était aussi un défi : étais-je capable de développer mes propres personnages ? Construire une intrigue intéressante ? Cela fait quelques années que j’ai commencé à prendre des notes, à lire des livres sur la Rome Antique. J’achetais tout ce qui me passait sous la main sur ce sujet : des biographies, des livres d’archéologie, des romans historiques, etc. Je voulais m’imprégner de cet univers avant de le dessiner. J’ai attendu que le découpage des deux premiers albums soit bouclé avant de m’y atteler.

Soit la moitié de l’histoire puisque ce cycle est annoncé en quatre tomes…

Oui. Enfin, il est possible que le récit tienne sur cinq albums. Je connais la fin de l’histoire, mais je me laisse des ouvertures pour explorer d’autres voies. Je suis en passe de boucler le scénario du troisième album, et je m’aperçois que des personnages prennent plus d’importance que je ne l’aurais imaginé…

Croquis pour les "Aigles de Rome" - Falco & Arminius
(c) Marini, Dargaud.

Cette histoire se déroule en l’an 11 avant Jésus-Christ. Pourquoi cette période ?

Elle n’a pas encore été traitée en bande dessinée jusqu’à présent ! Ermanamer, qui est devenu Arminius, a réellement existé. Mais les historiens savent très peu de chose sur sa vie. Des écrivains ont imaginé différentes aventures pour ce personnage. Elles sont, paraît-il, souvent plus héroïques que la mienne ! Je n’ai lu aucun de ces livres. Je voulais avant tout raconter une histoire d’amitié entre deux hommes. Cette thématique est finalement universelle, et j’aurais très bien pu transposer mon intrigue dans une autre époque. A condition qu’il y ait une opposition entre deux peuples, ou une guerre.

Arminius et Falco ont une relation mélangeant l’amour et la haine…

Pas vraiment ! Ce sont des jeux d’adolescent. Ils se cherchent, se provoquent. Ils sont issus de milieux différents. Arminius est un prince d’une tribu barbare. Falco est l’enfant d’un officier romain et d’une femme barbare. Suite à la demande de César, le père de Falco a accepté de l’épouser. C’est un homme sévère et dur. Falco est un peu fragilisé par ses origines. Arminius est confié par son peuple, en otage, aux Romains. Il en profite pour en apprendre le plus possible sur les Romains. A l’époque, il était normal et fréquent que les enfants des dignitaires alliés soient offerts en otage à l’Empereur. Ces enfants étaient traités d’une très bonne manière, comme des invités.

Croquis pour les "Aigles de Rome" - Albinia
(c) Marini, Dargaud.

C’est le cas de votre Arminius…

Oui. Mais je prends des libertés. A défaut d’avoir des éléments tangibles sur sa jeunesse, je laisse libre court à mon imagination. A-t-il été élevé dans un Palais Impérial ou à la campagne ? On ne le sait pas. Il est cependant prouvé qu’il est devenu un citoyen romain, ce qui n’était pas évident à l’époque. Il est même parvenu à faire carrière dans les armes, et a atteint un rang d’officier qui lui conférait une certaine importance…

En tant que scénariste, avez-vous posé des pièges à Marini-dessinateur ?

Tout le temps ! L’histoire m’obligeait à réaliser certaines scènes que je n’avais pas forcément envie de dessiner. Mais il y a des séquences où le texte est plus important que les images, ou le dessinateur doit un peu s’effacer. J’ai plutôt l’impression que cet album est plus dense que ceux que j’ai publiés précédemment avec des scénaristes…

Vos cases manquent de décors si bien que l’on a parfois l’impression que le récit ne se passe pas dans la Rome Antique…

Ce ne sera pas le cas pour le deuxième album des Aigles de Rome qui se déroulera entièrement dans la capitale. C’était un choix narratif. Il était important que les personnages évoluent à la campagne, dans la nature. Il n’était pas naturel que des guerriers passent leur adolescence en ville, et qu’on les voit après combattre les barbares en pleine nature sauvage.

Croquis pour les "Aigles de Rome" - Falco
(c) Marini, Dargaud.

Vous êtes devenu un auteur très convoité. Il se murmure que certains de vos fans vous attendent dès trois heures du matin lorsque vous vous déplacez dans un festival…

Je tiens à préciser que j’y suis généralement annoncé pour l’après midi, et que je n’y suis pour rien si des gens attendent devant les grilles (Rires). Cela me flatte bien évidement que des lecteurs attendent dès ces heures-là. Mais j’ai envie de leur dire que cela ne sert à rien de se lever si tôt !
J’ai aujourd’hui un certain succès. On m’a rappelé lors de la tournée de promotion des Aigles de Rome que je dessinais depuis vingt ans ! Je deviens un dinosaure, un vétéran qui doit bientôt penser à sa retraite (Rires). Finalement, j’ai mis beaucoup de temps à me lancer dans un projet en solo.

Avez-vous pris du plaisir à écrire votre histoire ?

Oui. C’est un défi, d’autant plus que le français n’est pas ma langue maternelle. J’ai commencé à l’apprendre à quinze ans ! J’espère que les critiques et les lecteurs m’excuseront pour certaines tournures de phrase.

En février 2006, Thierry Smolderen me confiait avoir écrit une nouvelle histoire pour Gipsy, qui devrait tenir en deux albums…

Oui. Le scénario est sûr mon bureau… Ce retard est de ma faute !

Il y a également d’autres cycles de Rapaces qui sont annoncés…

C’est Jean Dufaux qui les annonce, pas moi ! Il aimerait continuer. Pour ma part, rien n’est décidé. Mais il faudrait d’abord que je lise un synopsis avant de me prononcer. Je manque pour l’instant de temps. J’ai beaucoup de plaisir à réaliser ma propre série, Les Aigles de Rome. Et puis, le Scorpion est également fort attendu ! Je dois dessiner le huitième album de cette série pour l’année prochaine. Ensuite j’attaquerai le deuxième tome des Aigles de Rome pour qu’il sorte début 2009 au plus tard. Mais je ne tiens pas à vieillir en ne dessinant que ces deux séries (Rires).

Croquis pour les "Aigles de Rome" - Lucilla
(c) Marini, Dargaud.

(par Nicolas Anspach)

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- Les Aigles de Rome : la chronique du T1 ;
- Le Scorpion : la chronique du T7, du T6 et du Hors Série ;
- Rapaces : la chronique du T4 ;
- Gipsy : la chronique de la première intégrale.

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Images © Enrico Marini, Dargaud
Photo en médaillon © Nicolas Anspach - Reproduction interdite sans autorisation préalable.

 
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6 Messages :
  • La beauté intérieure
    17 décembre 2007 11:49, par Jean-Claude

    Avis à tous ceux qui prétendent que l’apparence physique est ce qu’il y a de plus important : Enrico a réussi, en dépit de ses handicaps, à imposer le trait élégant et personnel de la série "Gipsy" ! Bonne continuation.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Lina le 17 décembre 2007 à  17:17 :

      Cher Jean-Claude, apprend qu’il y a de nombreux dessinateurs beaucoup plus laids que Enrico Marini.
      Enrico a du "charme", et de très jolies mains. Et toc !

      Répondre à ce message

      • Répondu par Michel Dartoche le 17 décembre 2007 à  23:05 :

        pas de souçis pour cet auteur sympa.

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  • je suis fan du travail de Enrico Marini !!! j’ai dévoré le Tome 1 et j’ai vraiment hâte de lire le tome 2 des aigles de Rome.

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    • Répondu par Pirlouit (le gentil troll qui n’aime pas le trolley) le 20 août 2008 à  14:53 :

      alors que les deux premières (le Scorpion avec Desberg et les Rapaces avec Dufaux )commencent à montrer des signes d’essoufflement (pour ne pas dire que cela tourne un peu en rond).

      Une nouvelle époque, une nouvelle intrigue, des personnages que l’on découvre, ah qu’ils est facile de refaire le monde juste avec un crayon et des feuilles de papier !!

      Evidemment, il faut avoir un style sympa, et un trait qui sorte de l’ordinaire, mais cet album se situe largement au-dessus de la moyenne. Et j’aime bien les auteurs qui ont plusieurs cordes à leur arc, foi de Pirlouit !

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      • Répondu par aigle noir belgique le 17 avril 2009 à  15:06 :

        tout a fait d accord avec vous cher pirlouit

        a force de courir plusieurs lièvres mr marini risque gros dommage son scorpion commence à s’étioller et puis si il faut attendre plus de 10 ans pour connaitre le dénouement de l’histoire cela risque d’en décourager plus d’un

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