Dans ce second tome on retrouve Fernando et César, deux jeunes Colombiens sosies issus de deux milieux sociaux différents. César faisait régner la terreur à la tête d’un de ces gangs d’enfants que l’on trouve dans la plupart des mégapoles d’Amérique du Sud, tandis que son jumeau, Fernando est le fils d’un grand chirurgien local aux pratiques douteuses. Alors que « ses affaires » tournaient mal, pour échapper à Andrès son commanditaire tyrannique sans foi ni loi, César s’est arrangé pour prendre l’identité de Fernando et s’installer à sa place, chez lui, dans sa famille.
Dans la Colombie des années 2000, la vie ne ressemble pas à un long fleuve tranquille [1] pour les « deux frères ». À la suite de cet échange involontaire, les deux adolescents se retrouvent entraînés dans un thriller urbain noir et dur où se mêlent guerre des gangs, mafia et trafic d’organes (d’où le titre de second volume : Marchand d’anges).
Laurent Galandon nous livre un récit enlevé à la fois crédible et bien documenté. Son récit nous dépeint les quartiers pauvres de Medellin avec véracité sans négliger les nécessaires rebondissements à ce type d’histoire, la culture cinématographique du scénariste n’y est sûrement pas étrangère. Dans un registre différent le scénariste de l’envolée sauvage confirme avec cette histoire qu’on assiste peu à peu à la naissance d’un nouveau talent.
Si le trait de Michele Benevento manque parfois de souplesse et d’originalité, ce dessinateur italien (docteur en cinéma, tiens ?) réussit parfaitement à restituer le climat et les ambiances propices au cadre géographique et sociologique de son histoire. Compte tenu de l’itinéraire très cinéphile des deux auteurs, on ne s’étonnera pas de la qualité du montage et de la maîtrise des plans qui donnent à ce récit un aspect très visuel, efficace et percutant.
Une fois encore, la collection Grand Angle nous propose un récit fort, juste, réaliste en prise directe avec des évènements tout en privilégiant une dimension plus humaine et plus sensible que les titres froids des journaux télévisés ou les images chocs des magazines.
(par Patrice Gentilhomme)
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[1] le film culte d’Etienne Chatilliez qui partait du même postulat ne jouait pas sur le même registre.