La bande dessinée est une fois de plus très présente au Salon du Livre de Paris cette année. Un focus est fait sur les 25 ans du Chat de Geluck, fait exceptionnel : Tôru Fujisawa (GTO) honore le Salon de sa présence, on retrouve une exposition Nana jumelle de celle de Japan Expo, Les Nombrils sont le centre du monde, Art Spiegelman vient y présenter Breakdowns en avant-première mondiale, des débats et des signatures en veux-tu, en voilà, des Speed Bookings organisés par les éditeurs,… le programme est copieux et le détail est lisible en ligne sur le Site du Salon du livre.
Mais deux évènement attirent notre attention : un « duel » entre le dessinateur Jul (Il faut tuer José Bové, La Croisade s’amuse, Bling Bling…) et Michel Kichka, le plus célèbre caricaturiste israélien, l’équivalent de Plantu en France. Charlie Hebdo le salue d’un hommage dans le numéro de cette semaine.
Le Vendredi 14 Mars de 10H00 à 11H30 au Pavillon d’Honneur - Espace jeunesse, et dans les Ateliers enfants - dessins
Le Vendredi 14 Mars de 14H30 à 15H30 au Pavillon Rencontre avec Jul , animée par Laurent Melikian.
D’autre part, une table ronde aura lieu le dimanche 16 mars de 16h à 17h au stand T66-U65, une rencontre assez informelle, composée de dessinateurs israéliens parmi lesquels Uri Fink, le Harvey Kurtzman israélien et de loin l’artiste de BD le plus connu de son pays, ou encore Shay Charka qui seront confrontés à leurs homologues français Florence Cestac, Charles Berberian ou Stéphane Heuet. Des dessins spontanés sont prévus pour ponctuer la conversation.
Reste la question de savoir si les dessinateurs israéliens seront boycottés comme leurs collègues de la littérature. La Ligue arabe, l’organisation panislamique Isesco, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, l’Arabie saoudite parmi d’autres appellant au boycott comme Tariq Ramadan dans Le Monde du 28 février, « …pour faire entendre une voix de protestation dans l’hymne d’une célébration d’Israël… ».
Qu’en pensent nos dessinateurs israéliens ? « C’est enfantin, pathétique et surtout improductif ! tonne Uri Fink La plupart des écrivains et des créateurs israéliens sont des activistes de la paix et travaillent depuis des années à essayer de convaincre l’opinion israélienne de la nécessité d’un état palestinien et d’une solution pacifique au problème palestinien. Peut-être sont-ils intimidés par la richesse et la qualité de la culture israélienne ». « Des événements culturels de portée internationale, tels que le Salon du Livre, sont propices aux rencontres et au dialogue et à l’échange, constate plus posément Michel Kichka. Boycotter, c’est refuser le dialogue. Au sein de Cartooning for Peace collaborent des dessinateurs palestiniens, de même que des dessinateurs d’Algérie, du Liban, d’Iran, d’Egypte, du Danemark, des Etats Unis, de Russie, du Kenya, du Japon, de Suisse, d’Italie et de Nouvelle Zélande, et bien sûr de France puisque Plantu en est l’initiateur. Nos débats se font dans un esprit de tolérance et de fraternité (Ça existe !). Notre dialogue est basé sur l’écoute et le respect mutuel. »
A-t-on seulement tenté d’inviter des dessinateurs de BD israéliens arabophones ? « Je n’ai jamais rencontré jusqu’à présent un dessinateur de BD palestinien ou arabe d’Israël, constate Uri Fink. En revanche, j’ai un jour rencontré un caricaturiste palestinien du nom de Said Nahari de Nazareth. Je l’ai vu à la télé en pleine affaire des caricatures danoises montrant des dessins d’un antisémitisme terrible à propos de Sharon ».
Michel Kickha, professeur de bande dessinée à l’Académie de Bezalel (Jérusalem), de son côté, fait un constat similaire : « Il y a toujours eu des étudiants arabes à l’Académie Bezalel, ainsi que dans les Universités du pays à Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa et Beer Sheva. À Bezalel leur orientation est plutôt axée sur les Beaux-Arts et le Vidéo Art. Je n’ai pas encore eu la chance d’en compter parmi mes étudiants de BD et de dessin de presse. »
Y a-t-il seulement un marché pour les accueillir ? « Le marché s’étend, constate Uri Fink. En dépit d’une situation prospère durant les 40 premières années de l’existence d’Israël, les éditeurs ont toujours préféré publier des traductions plutôt que la production nationale. Le pays est petit et la BD n’a jamais été réellement populaire ici. Dans les années 1970, le travail du dessinateur Dudu Geva a été bien accueilli par une certaine élite intellectuelle et quelques groupes d’artistes ou individualités récemment sortie des écoles d’art israélienne (Assaf & Tomer Hanuka, Actus Tragicus ou Rutu Modan) ont réussi à s’imposer. Mon humble contribution en tant qu’auteur de "Zbeng !" a été de faire en sorte que mes bandes dessinées soient lues par les enfants, tout en jouissant d’un succès commercial alimenté par le merchandising et une adaptation en dessins animés pour la télévision. Bon gré, mal gré, les auteurs israéliens autopublient leurs livres et leurs magazines suivant les méthodes les plus simples et les moins coûteuses, animant ainsi les deux librairies spécialisées en BD de Tel Aviv, un festival de BD annuel et un Musée de la caricature qui vient de s’ouvrir à Holon. »
La BD israélienne fait néanmoins sont trou en France puisque Exit Wounds de Rutu Modan -également présente sur le Salon- a été honoré par un « Prix France Info » et par un « Essentiel » à Angoulême, tandis que Myriam Katin recevra au Salon du Livre son Prix de la Critique 2007.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Où ? Paris, Porte de Versailles, Hall 1
Combien ? 7 €, pass 6 jours : 30 €, entrée gratuite pour - 12 ans, étudiants - 26 ans, etc...
Quand ? Vendredi 14 mars de 9h30 à 19h, 15 et 16 mars de 9h30 à 20h, 17 mars de 9h30 à 18h30 (journée professionnelle), 18 mars de 9h30 à 22h, 19 mars de 9h30 à 17h.
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