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Birmanie. La peur est une habitude - Collectif - Carabas

Par Marie M le 17 mars 2008                      Lien  
Articulés autour d'un même thème, six récits courts créés par des auteurs illustres tels que José Munoz ou encore Olivier Bramanti, tentent de faire connaître le régime politique de la Birmanie, sa dictature, les conditions de vie des hommes et des femmes et la situation d'exil du gouvernement démocrate.

Ce document dirigé par Frédéric Debomy fut d’abord édité en 2002. Six ans plus tard, le scénariste reprend le flambeau et augmente le livre en se faisant aider par Munôz pour commenter en images la politique dictatoriale au travers du monde. C’est l’éditeur Carabas qui se lance dans l’accompagnement de l’oeuvre et de ses auteurs. Le discours est totalement politique. Les bandes dessinées dénoncent toutes, l’opression, l’horreur, les enjeux financiers et les relations extérieures.
Birmanie. La peur est une habitude est basé sur des enquêtes de journalistes et des témoignages. Le discours dénonce le travail forcé, le régime militaire, le viol des femmes, la torture, les exécutions sommaires.

Les auteurs soulignent la part de responsabilité des Occidentaux, la présence de Total et les lourdes conséquences de la construction du gazoduc Yadana. L’irruption du commerce occidental en Birmanie est destructrice, la relation de cause à effet est démontrée et les Birmans, sous la plume de Ka Hsaw Wa dans cet ouvrage, demandent, tout comme ce fut le cas en Afrique du Sud au moment de l’Apartheid, de cesser l’investissement et de boycotter la Birmanie. Le déferlement de violence pourrait alors cesser, particulièrement avec la recul de la présence de l’armée.

L’intérêt de cet ouvrage, en dehors de la partie graphique et narrative, réside bien évidement dans la force du reportage. Le livre est beau, le contenu est riche, détaillé, clair. Pas de misérabilisme, juste un constat particulièrement douloureux et la mise en avant de notre ignorance.

Dessiner, écrire et éditer pour diffuser une information est un acte militant et courageux. Lire l’ouvrage serait solidaire. Le talent des auteurs sollicités est d’autant plus évident qu’ils ont tous réalisé la prouesse de traduire en quelques cases seulement un drame national, quelques cases où rien ne manque.

Pour terminer, des dates et des chiffres et des adresses en annexes donnant ainsi un point de départ à une réflexion nécessaire.

Les auteurs ayant participé sont Olivier Bramanti, Frédéric Debomy, Markus Huber, Olivier Marboeuf, José Munoz, Sera et Sylvain Victor, également membre de l’association Khiasma à l’origine de ce projet.

Birmanie. La peur est une habitude - Collectif - Carabas

(par Marie M)

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4 Messages :
  • Birmanie. La peur est une habitude - Collectif - Carabas
    19 mars 2008 00:50, par François Pincemi

    J’ai feuilletté ce livre hier en librairie, j’ai été étonné de découvrir des graphismes attachants, un thême majeur, une maquette soignée. Le plus bizarre est que ce livre est édité par Carabas, filiale du groupe de Tournon. Que se passe t’il chez Carabas ? Moins nombreux qu’avant, leurs albums me semblent bien plus réussis. Y a t’il eu un changement de politique editoriale, un nouveau directeur de collection est-il arrivé ?

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    • Répondu le 26 mars 2008 à  20:13 :

      Bonjour,

      je réagis rapidement au deuxième commentaire, étant concerné puisque j’ai conçu et coordonné l’ouvrage. Il y a beaucoup à dire sur les livres collectifs en général et certaines de vos remarques me paraissent pertinentes. Mais il me semble que justement on y a pensé, et il y a même figurez-vous une introduction écrite qui aborde précisément ces questions. Le seul truc qui m’ennuie (enfin, modérément quand même !) c’est qu’il est ici d’un livre précis et que vous parlez quant à vous des livres collectifs en général comme s’il y avait une vérité générale sur ce genre d’initiatives. Il y a des pièges, des écueils, des choses auxquelles il faut faire attention ok, mais le résultat n’est pas donné d’avance. D’ailleurs "Birmanie, la peur est une habitude" est-il un ouvrage collectif, au sens où vous l’entendez ? Je ne crois pas que ce soit une série de contributions en bande dessinée sur un thème, les choses sont plus construites, réfléchies, articulées que ça. Mais qu’importe. Le seul point sur lequel je voudrais vraiment réagir (et là encore, et encore...) est le suivant : pourquoi, demandez-vous, ne pas évoquer, si on évoque la Birmanie, d’autres situations qui méritent également l’attention ? Cela, je l’ai déjà entendu et je déteste : c’est nul et non avenu.

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  • Un très bon livre collectif, dont on parle assez peu dans les médias : on ne s’intéresse déjà plus beaucoup à la Birmanie, pourtant la situation a peu changé là-bas !

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    • Répondu par Sergio Salma le 21 mars 2008 à  18:41 :

      Le livre est certainement très bien, plein de bonnes intentions mais ne mélangeons pas tout. L’intérêt d’un ouvrage n’a pas à être lié aux circonstances géo-politiques. La bande dessinée ne serait plus alors une finalité mais un moyen de diffuser une information, de mobiliser les consciences ou de servir une cause. Terrain sensible.

      Etre en phase avec l’actualité, c’est l’exercice et la règle en ce qui concerne les pamphlets politiques, mais à jouer dans ce créneau ultra-mouvant , les éditeurs se mettent en danger. D’une part on peut les trouver opportunistes, même si rendre compte d’une réalité est tout à fait légitime. Et d’autre part, il est très délicat de mettre en scène des réalités aussi dures, quelles que soient les manières employées . On ne fera que survoler en quelques pages un sujet qui demande justement une pertinence , une recherche , un éclairage.

      Les collectifs sont à de rares exceptions près des livres d’éditeurs. On sollicite des auteurs et ceux-ci se prêtent au jeu en apportant chacun leur contribution avec plus ou moins de réussite, souvent très sincèrement mais aussi parfois, c’est un métier, on accepte la participation parce qu’il faut bien gagner sa vie , il faut exister, être publié.

      Un livre doit à mon avis être d’abord une folle envie d’auteur , une expression simple, parfois maladroite. Il y a pléthore d’ouvrages qui ne sont menés que par le désir éditorial. Nous aurons certainement droit à un collectif sur les jeux olympiques, sur les 40 ans de mai 68 etc...

      Votre implication citoyenne est très noble. S’imposerait alors une kyrielle d’ouvrages sur les points chauds de la planète : le Darfour, le Tibet, la Bolivie, le Moyen-Orient ,le Pakistan...et j’en passe malheureusement beaucoup.

      En même temps, malgré mes réticences, j’aime assez l’idée que la bande dessinée puisse offrir un regard sur le monde mais à trop regarder distraitement à droite ou à gauche, elle ne voit plus vraiment.

      Sans opposer les catégories, je préfère de loin un oeil acéré, une vision pointue , un talent indiscutable à propos d’un sujet a priori inintéressant qu’un regard tiède, un rien complaisant sur un sujet fort.

      Un grand plaisir subsiste : l’oeuvre collective met en avant les personnalités, on constate l’extrême diversité, les manières, les techniques. Comme dans une revue, ce passage d’un auteur à un autre nous fait mesurer combien l’auteur , comme le lecteur , est différent de son voisin.

      Malheureusement la lecture dans ces cas-là révèle les prouesses graphiques bien plus souvent que les trouvailles scénaristiques. Celles-ci demandent une réelle implication et non seulement un intérêt ponctuel et décoratif.

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