Ce document dirigé par Frédéric Debomy fut d’abord édité en 2002. Six ans plus tard, le scénariste reprend le flambeau et augmente le livre en se faisant aider par Munôz pour commenter en images la politique dictatoriale au travers du monde. C’est l’éditeur Carabas qui se lance dans l’accompagnement de l’oeuvre et de ses auteurs. Le discours est totalement politique. Les bandes dessinées dénoncent toutes, l’opression, l’horreur, les enjeux financiers et les relations extérieures.
Birmanie. La peur est une habitude est basé sur des enquêtes de journalistes et des témoignages. Le discours dénonce le travail forcé, le régime militaire, le viol des femmes, la torture, les exécutions sommaires.
Les auteurs soulignent la part de responsabilité des Occidentaux, la présence de Total et les lourdes conséquences de la construction du gazoduc Yadana. L’irruption du commerce occidental en Birmanie est destructrice, la relation de cause à effet est démontrée et les Birmans, sous la plume de Ka Hsaw Wa dans cet ouvrage, demandent, tout comme ce fut le cas en Afrique du Sud au moment de l’Apartheid, de cesser l’investissement et de boycotter la Birmanie. Le déferlement de violence pourrait alors cesser, particulièrement avec la recul de la présence de l’armée.
L’intérêt de cet ouvrage, en dehors de la partie graphique et narrative, réside bien évidement dans la force du reportage. Le livre est beau, le contenu est riche, détaillé, clair. Pas de misérabilisme, juste un constat particulièrement douloureux et la mise en avant de notre ignorance.
Dessiner, écrire et éditer pour diffuser une information est un acte militant et courageux. Lire l’ouvrage serait solidaire. Le talent des auteurs sollicités est d’autant plus évident qu’ils ont tous réalisé la prouesse de traduire en quelques cases seulement un drame national, quelques cases où rien ne manque.
Pour terminer, des dates et des chiffres et des adresses en annexes donnant ainsi un point de départ à une réflexion nécessaire.
Les auteurs ayant participé sont Olivier Bramanti, Frédéric Debomy, Markus Huber, Olivier Marboeuf, José Munoz, Sera et Sylvain Victor, également membre de l’association Khiasma à l’origine de ce projet.
(par Marie M)
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