Nous vous avions annoncé, non sans une certaine ironie, la deuxième édition de l’université d’été d’Angoulême, une manifestation connue pour son ouverture d’esprit, son avant-gardisme et la modicité de ses frais de participation.
La canicule estivale ne rivalisait en aucun cas avec la brûlante actualité du sujet sur lequel nos universitaires de la BD se penchaient cette année : « Quoi de neuf dans la bande dessinée ? Situation de la création contemporaine ».
Sans préjuger des retombées de ce « Davos de la BD » (hum !) qui réunissait, sous la houlette de l’historien Pascal Ory, des intervenants de qualité (nous attendons avec curiosité les actes du colloque de l’année dernière…), ne manquons pas cependant pas de rapporter le sentiment qu’en retire le dessinateur Boulet, le bloggeur bien connu, invité à s’exprimer lors de cette manifestation qu’il qualifie néanmoins de « globalement intéressante et sympathique ».
Voici ce qu’on peut lire sur son site : « Donc, je suis allé à l’université d’été d’Angoulême. Je ne savais pas trop de quoi il s’agissait, maintenant je comprends mieux. On a passé quatre jours à écouter et participer à des conférences, c’était ce qu’on pourrait appeler de la BD théorique. L’accueil était parfait, l’ambiance excellente, on discutait autour d’un café le matin et autour d’un apéro le soir, c’était l’occasion aussi de rencontrer des dessinateurs qu’on ne connaissait que par leur travail. »
Mais assez rapidement, il découvre les limites du champ étudié : « Les petits bémols que j’aurais pu y mettre, c’est essentiellement un certain élitisme, on sentait un fort consensus autour de la BD indépendante, la BD "commerciale" que ce soit jeunesse ou adulte, n’était quasiment pas représentée... C’est peut-être idiot mais je trouve un peu étrange de vouloir représenter la BD sans qu’il n’y ait des représentants de Soleil, Delcourt, Dupuis ou Glénat... Bien sûr on était quelques uns, mais jamais pour parler de thème allant dans ce sens. Lisa Mandel et moi étions invités pour parler des blogs, jamais le journal "Tchô" n’a été cité. Même Gwen de Bonneval, qui a géré Capsule Cosmique, n’était pas invité pour parler de la presse jeunesse, mais des rapports entre auteurs et éditeurs. »
Nous ne doutons pas que les participants en sont revenus chez eux avec plein d’enseignements sur la situation de la création contemporaine... à Angoulême.
DP
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un commentaire ? mais tout est dit, cher Didier, dans tes lignes !
Au contraire, il y a matière à discussion (et plus que le ton ironique de votre article, Cher Didier, ne le laisse supposer...)
En quoi est-il fondamentalement choquant (ou ridicule) que la bande dessinée "indépendante" puisse tenir un coloque spécifique, sans évoquer la production "mainstream" ? Elle a ses particularités qui peuvent être analysées et débattues pour elles-mêmes. Toutes les manifestations autour de la bande dessinée doivent-elles être "oecuméniques" ? Rien n’est moins sûr...
Combien de festivals, articles ou réflexions éludent totalement la bande dessinée indépendante par ailleurs ?
Faut-il lire dans votre ironie la marque d’un mépris pour la grenouille qui se croirait aussi importante que boeuf ? J’espère que non (et je n’en crois rien, je vous rassure)...
Ceci écrit, il est évidemment regrettable que les ponts pourtant tangibles (ne serait-ce que pas la "circulation" de certains auteurs entre les deux mondes) soient apparemment trop peu souvent évoqués dans un cadre apaisé et refléctif, ici ou ailleurs.
Il ne me semble en effet pas plus certain que la bande dessinée indépendante soit condamnée à se définir "par opposition" à un autre type de production, ni que la bande dessinée mainstream n’ait à la considèrer que comme un vivier à "piller".
Ce sont certes les positions (forcément discutables) ou le crédo fondateur de certains...
Peut-être pas de tous...
En quoi est-il fondamentalement choquant (ou ridicule) que la bande dessinée "indépendante" puisse tenir un coloque spécifique, sans évoquer la production "mainstream" ? Elle a ses particularités qui peuvent être analysées et débattues pour elles-mêmes. Toutes les manifestations autour de la bande dessinée doivent-elles être "oecuméniques" ? Rien n’est moins sûr...
Ah, mais on est choqué par rien ! Juste un peu amusés. Nous rapportons les propos d’un auteur participant dont les sentiments nous semblent caractéristiques de l’image que renvoie la façon de penser la bande dessinée au bord de la Charente au 21ème siècle. S’il s’agit d’un colloque sur la BD "indépendante", comme vous dites, qu’ils annoncent au moins la couleur.
Combien de festivals, articles ou réflexions éludent totalement la bande dessinée indépendante par ailleurs ?
C’est faux, ce que vous dites. Les petits labels ont leurs stands à Angoulême comme au Salon du Livre de Paris, comme à Montreuil et leur propre manifestation, "littératures pirates". Je crois plutôt que ces petites structures s’étoufferaient à être présentes partout.
Faut-il lire dans votre ironie la marque d’un mépris pour la grenouille qui se croirait aussi importante que boeuf ? J’espère que non (et je n’en crois rien, je vous rassure)...
Mon ironie porte uniquement sur le caractère à mon sens dépassé des questions qui sont débattues et le fait que cela touche un petit groupe de gens qui fonctionnent en circuit fermé. Boulet -qui est ici un observateur objectif- déplore le cloisonnement qui lui est imposé et le questionnement qui lui semble intéressant mais, dit-il dans un bémol, "élitiste".
Ceci écrit, il est évidemment regrettable que les ponts pourtant tangibles (ne serait-ce que pas la "circulation" de certains auteurs entre les deux mondes) soient apparemment trop peu souvent évoqués dans un cadre apaisé et refléctif, ici ou ailleurs. Il ne me semble en effet pas plus certain que la bande dessinée indépendante soit condamnée à se définir "par opposition" à un autre type de production, ni que la bande dessinée mainstream n’ait à la considèrer que comme un vivier à "piller".
Cela a toujours été notre propos. Giraud passait de Pilote à Hara Kiri, à Métal Hurlant. Gillon de France Soir à Métal. Pratt de Pif à Tintin, puis (A Suivre). Franquin de Spirou à Fluide Glacial, au Trombone illustré. Paul Pope dessine Batman et THB. Blutch est passé de Fluide Glacial à L’Association, Cornélius puis Futuropolis.
Ces cloisonnements sont étouffants pour les créateurs. Et ils sont créés uniquement par esprit de chapelle, pour empêcher les auteurs d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Nous disons : vive la liberté !
C’est faux, ce que vous dites. Les petits labels ont leurs stands à Angoulême comme au Salon du Livre de Paris, comme à Montreuil et leur propre manifestation, "littératures pirates". Je crois plutôt que ces petites structures s’étoufferaient à être présentes partout.
Là c’est vous qui déformez mon propos en citant Angoulême ou le salon du livre. Je n’ai à aucun moment mis en cause ces manifestations. Je signifiait simplement que je ne suis pas choqué qu’il puisse exister des manifestations "spécialisées" voire "de chapelle", à côté d’autres plus équilibrées.
Mon ironie porte uniquement sur le caractère à mon sens dépassé des questions qui sont débattues et le fait que cela touche un petit groupe de gens qui fonctionnent en circuit fermé.
On peut effectivement regretter un circuit trop fermé (c’était le sens de mon message et des mots de Boulet, je crois), mais pour ma part je me méfie de ces éloges de la modernité qui rejettent dans les poubelles du passéisme toutes les réflexions concurrentes. Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer si nettement que ces questions sont "dépassées" ?
Les lecteurs de ce site savent votre affection pour une nouvelle forme de bande dessinée populaire, synthétisant les apports de manga ou de la "nouvelle bande dessinée" dans quelque chose de dynamique et décomplexé. Vous mettez en avant Paul Pope, à mon sens un auteur comme Frédérik Peeters pourrait également être porté en exemple de cette tendance.
Pour autant, si cette voie est effectivemment pourteuse d’avenir, j’estime que la bande dessinée indépendante "dure" a probablement encore bien des choses à offrir et inventer (et donc à débattre). Pourquoi considérer qu’elle aurait atteint aujourd’hui son acmé et que ses apports relèveraient des archives ?
Je trouve au contraire à son honneur cette capacité à continuer à s’interroger sur elle même. Le propre de toute réflexion étant de pouvoir être erronée, il est probable qu’il se dit aussi beaucoup de bétises dans ces conventions et qu’éluder la question des liens avec les circuits de production plus traditionnels n’est guère justifié.
Mais choisir de rejeter l’ensemble d’un bloc avec un sourire en coin au nom d’un regard plus pragmatique sur l’avenir de la bande dessinée ne me convient pas plus (Au demeurant Boulet ne tombe pas dans ce piège et adopte un point de vue très équilibré. Bravo à lui). C’est ce que je ressentais - peut-être à tort - à vous lire. Je ne demande qu’à être rassuré.
Là c’est vous qui déformez mon propos en citant Angoulême ou le salon du livre. Je n’ai à aucun moment mis en cause ces manifestations. Je signifiait simplement que je ne suis pas choqué qu’il puisse exister des manifestations "spécialisées" voire "de chapelle", à côté d’autres plus équilibrées.
Là, on ne s’est pas compris. Je cite précisément ces manifestations comme la Foire du Livre et Montreuil parce que, justement, un espace spécifique leur est alloué. Vous pensez bien qu’en aucun cas je ne serais choqué qu’il y ait une convention de la "small press" (je n’arrive pas à me faire au terme d’ "indépendants" qui ne veut rien dire) puisque nous sommes pour la diversité culturelle.
On peut effectivement regretter un circuit trop fermé (c’était le sens de mon message et des mots de Boulet, je crois), mais pour ma part je me méfie de ces éloges de la modernité qui rejettent dans les poubelles du passéisme toutes les réflexions concurrentes. Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer si nettement que ces questions sont "dépassées" ?
Là aussi, vous déportez le sens de mes propos. Je parle de la question centrale de ces universités d’été qui, depuis deux ans, posent les mêmes interrogations que celles qu’on débattait à Bordighera en 1965 ! (Cf Evelyne Sullerot : "Bande dessinée, antichambre de la Culture"). A l’heure de la mondialisation, je pense effectivement que ces questions sont dépassées.
Nous avons à Angoulême un Musée et un Centre national de la BD et de l’image (opérateur de ces universités, je le rappelle) qui donnent l’impression de s’interroger encore aujourd’hui sur leurs missions. Le sommet a été atteint l’année dernière avec cette question : "bande dessinée, bien ou mal culturel". C’est pathétique !
Idem pour le FIBD qui passe sa vie à donner le change à la Small Press, par pur complexe culturel, et qui donne l’impression de n’avoir aucune vision d’avenir. Le ComicCon de San Diego a bien mieux réussi à accompagner l’évolution de la BD que le FIBD d’Angoulême. Nous sommes bien plus enthousiastes devant les initiatives d’un Japan Expo qui a mieux compris les enjeux de la BD actuelle.
En réalité, les questions qui sont débattues dans ces universités d’été ne traduisent-elles pas leur propre recherche de sens ? Là où portait mon ironie, c’est d’abord sur l’aveu de faiblesse manifeste de ces institutions et ensuite, le fait que pour répondre à ces interrogations, ils recrutent essentiellement leurs thèmes et leurs intervenants dans le circuit fermé de la Small Press et de ses sympathisants, sans chercher à y associer d’autres champs de réflexion, ni des gens de l’extérieur de la bande dessinée, de façon à la contextualiser dans un environnement qui est celui des médias et de la consommation actuels.
Par exemple, je suis bien plus intéressé par la stratégie d’une Marjane Satrapi ou d’un Sfar qui conçoivent leur travail dans une approche globale multimédia à vocation internationale. J’aimerais pouvoir la confronter aux autres stratégies intégrées (Média-Participations) ou externalisées (Soleil, Glénat) avec un objectif clair : inscrire la démarche de nos créateurs dans le concert de la production mondiale. Il me semble essentiel de reconquérir le terrain perdu en Pologne, en Allemagne, en Amérique latine. Cette réflexion doit diffuser auprès de tous les acteurs de la chaîne de la création de la BD : création, édition, communication, politique étrangère. Ces enjeux-là sont absents aujourd’hui de ces universités alors qu’il y a une urgence. Les Japonais, par exemple, sont bien plus loin que nous dans cette réflexion et ce, depuis 20 ans.
Les lecteurs de ce site savent votre affection pour une nouvelle forme de bande dessinée populaire, synthétisant les apports de manga ou de la "nouvelle bande dessinée" dans quelque chose de dynamique et décomplexé. Vous mettez en avant Paul Pope, à mon sens un auteur comme Frédérik Peeters pourrait également être porté en exemple de cette tendance. Pour autant, si cette voie est effectivemment porteuse d’avenir, j’estime que la bande dessinée indépendante "dure" a probablement encore bien des choses à offrir et inventer (et donc à débattre). Pourquoi considérer qu’elle aurait atteint aujourd’hui son acmé et que ses apports relèveraient des archives ? Je trouve au contraire à son honneur cette capacité à continuer à s’interroger sur elle même. Le propre de toute réflexion étant de pouvoir être erronée, il est probable qu’il se dit aussi beaucoup de bétises dans ces conventions et qu’éluder la question des liens avec les circuits de production plus traditionnels n’est guère justifié. Mais choisir de rejeter l’ensemble d’un bloc avec un sourire en coin au nom d’un regard plus pragmatique sur l’avenir de la bande dessinée ne me convient pas plus (Au demeurant Boulet ne tombe pas dans ce piège et adopte un point de vue très équilibré. Bravo à lui). C’est ce que je ressentais - peut-être à tort - à vous lire. Je ne demande qu’à être rassuré.
Ce n’était pas du tout le sens de mes propos. Aux États-Unis, au Japon ou en Chine aujourd’hui, la Small Press joue un rôle qui n’est pas en opposition avec le Mainstream. Fantagraphics fait un travail magnifique sans déblatérer sur DC Comics. Ce sont ces clivages entre l’édition commerciale et la création d’auteur que je combats, d’autant qu’ils sont souvent articulés sur des notions économiques voire politiques qui sont elles réellement d’arrière-garde. Pour préciser, je trouve par exemple que L’Association des débuts était beaucoup plus créative d’un point de vue manageurial (avec son club de lecteurs) qu’aujourd’hui.
Mais on pourrait discuter de ces questions pendant des heures, et nous avons tous autre chose à faire, n’est-ce pas ?
Mais on pourrait discuter de ces questions pendant des heures, et nous avons tous autre chose à faire, n’est-ce pas ?
Dans l’immédiat effectivement... mais ce que nous déplorons c’est qu’il n’y ait pas suffisamment de lieux dédiés pour en discuter des heures, non ?
Merci en tout cas pour votre complément argumenté.
mais ce que nous déplorons c’est qu’il n’y ait pas suffisamment de lieux dédiés pour en discuter des heures, non ?
Il y a en tout cas ActuaBD.com, dans la mesure de nos moyens. Et d’ailleurs Emmanuel, si vous voulez profiter de l’occasion pour défendre la BD que vous aimez (small press ou autre), nos colonnes vous sont ouvertes.
Cette invitation vaut pour tout autre de nos lecteurs de bonne volonté.
En réalité, les questions qui sont débattues dans ces universités d’été ne traduisent-elles pas leur propre recherche de sens ?
Votre commentaire fait un peu fée carabosse. Laissez-moi deviner : ils ne vous ont pas encore invité.
Par exemple, je suis bien plus intéressé par la stratégie d’une Marjane Satrapi ou d’un Sfar qui conçoivent leur travail dans une approche globale multimédia à vocation internationale.
Deux approches différentes :
celle de Sfar qui quitte l’Association de manière bruyante en laissant entendre qu’il est un des pilliers fondateurs de la structure, ce qu’il n’a jamais été bien entendu - or si Pascin lui a apporté beaucoup de crédit hors du monde de la bd, c’est sûrement ses albums à l’Asso qui ont le moins vendu
celle de Marjane qui a éconduit ses prétendants (on murmure que Gallimard, Denoël, Actes Sud et le Seuil lui ont fait des promesses pleines de zéros) et persiste à rester chez son premier éditeur, à qui elle permet de financer des projets risqués.
Eh oui, même dans un business qui fonctionne, on peut toujours choisir entre bien faire et moins bien faire.
C’est comme ce mec, ce Didier Pasamonik qui a porté Paul Pope à bout de bras, qui a publié Howard Cruise, Roberta Gregory, qui a co-fondé Magic Strip... Il est devenu quoi ? Vous l’avez zigouillé le jour ou JC Menu vous a envoyé sa première lettre d’insultes ?
Votre commentaire fait un peu fée carabosse. Laissez-moi deviner : ils ne vous ont pas encore invité.
Attaque ad hominem qui laisse préjuger de l’honnêteté de votre intervention. Laissez-moi deviner : vous faites partie de l’organisation ?
Deux approches différentes :
celle de Sfar qui quitte l’Association de manière bruyante en laissant entendre qu’il est un des pilliers fondateurs de la structure, ce qu’il n’a jamais été bien entendu - or si Pascin lui a apporté beaucoup de crédit hors du monde de la bd, c’est sûrement ses albums à l’Asso qui ont le moins vendu
Comment savez-vous qu’il a le moins vendu ? Vous êtes un cadre dirigeant de l’Association ? Ceci expliquerait alors les attaques personnelles contre Sfar.
Ou alors vous n’en faites pas partie et vous parlez sans savoir, colportant des ragots infondés, juste pour le plaisir de dire des conneries.
- celle de Marjane qui a éconduit ses prétendants (on murmure que Gallimard, Denoël, Actes Sud et le Seuil lui ont fait des promesses pleines de zéros) et persiste à rester chez son premier éditeur, à qui elle permet de financer des projets risqués. Eh oui, même dans un business qui fonctionne, on peut toujours choisir entre bien faire et moins bien faire.
Là aussi, ce sont des ragots sans fondements. Que tous les éditeurs de la terre lui aient fait des proposition, c’est normal, c’est leur métier. C’est beaucoup plus simple que ce que vous dites : Si Marjane est encore chez L’Association, c’est qu’elle y trouve son intérêt. Le jour où il n’y sera plus, elle la quittera.
C’est comme ce mec, ce Didier Pasamonik qui a porté Paul Pope à bout de bras, qui a publié Howard Cruise, Roberta Gregory, qui a co-fondé Magic Strip... Il est devenu quoi ? Vous l’avez zigouillé le jour ou JC Menu vous a envoyé sa première lettre d’insultes ?
D’abord, je SUIS Didier Pasamonik. A la liste, vous pouvez rajouter au hasard Franquin, Loustal, Kamagurka, Dupuy & Berberian, Benoit Peeters, Thierry Groensteen et même David B avant qu’il ne devienne David B (mais ce n’était pas chez Magic-Strip. Je ne suis pas tourné vers le passé, seul le futur m’intéresse.
Je suis, j’ai toujours été journaliste. Je ne suis (jusqu’à présent) plus éditeur (de BD) depuis 2003.
Je rappelle enfin que c’est suite à un éditorial au sujet d’une lettre d’insultes de Menu à un journaliste que je suis devenu sa bête noire N°1. C’est assez comique de voir comment il joue aujourd’hui les victimes.
Cher monsieur : je pique, mais pas très fort, et je considère (tout en le connaissant bien et en ayant de l’estime pour lui) que Menu est plus facilement bourreau que victime. Mais de votre côté, pourquoi acceptez-vous le rôle qu’il vous impose ? C’est idiot. À bon entendeur.
Mais de votre côté, pourquoi acceptez-vous le rôle qu’il vous impose ?
Sans commentaire.
J’ai assisté à une journée et demie de cette université d’été de la bande dessinée. Elle est organisée par le CNBDI, avec l’aide de l’école d’art d’Angoulême. Les préoccupations m’ont semblé diverses (marché, un peu, création, beaucoup, collectionneurs, amateurs, musées, créateurs,...) mais effectivement pas spécialement tournées vers la bd pour enfant, qui mérite de toute façon son université d’été à soi-seule, car c’est un des sujets les plus délicats. Ce que signale Boulet (que lui et Lisa Mandel aient été invités juste pour parler des blogs) est vrai et faux, puisque chaque intervenant a assisté aux autres tables-rondes et a pu y donner de la voix, personne n’a dit "on ne veut pas vous entendre, vous n’êtes là que pour parler des blogs". Franchement, c’est un mauvais procès : cette manifestation n’est pas un support d’évangélisation pour gros éditeurs, c’est vrai... Mais doit-on s’en plaindre ? Et qui est-ce que ça intéresse d’entendre parler de Tchô pendant une après-midi ? Par ailleurs, j’ai personnellement assisté à de très instructives descriptions des marchés de la bd anglais, américain et italiens. Et par ailleurs j’ai eu la surprise de découvrir que la campagne angoumoisine était tout à fait charmante en été.
Voir en ligne : Savantsamericains
Le principe premier de la BD "élitiste", c’est de lancer des débats, d’exprimer des idées ou émotions à travers ses supports, de critiquer ou d’encenser... bref d’inspirer toutes sortes d’écrits, rencontres et événements (parfois en plus grand nombre que les oeuvres elles-mêmes ;-).
Il est donc logique qu’elle ait tendance à recentrer systématiquement toute discussion un peu réfléchie vers elle-même (au détriment, souvent, d’une liberté de création, d’opinion et d’expression qui fait pourtant partie de son credo). Et comme ses admirateurs sont les seuls à mettre en place toutes ces manifestations et revues...
A l’opposé, il y a le monde des créateurs altruistes et silencieux qui ont avant tout besoin d’être aimé, lu, compris par une multitude (parfois quel qu’en soit le prix), de se sentir intégré dans un milieu ou dans une profession, et de pouvoir vivre le plus longtemps possible de ce métier exceptionnel quoique cruel.
Ceux-là s’intéressent moins à l’Art en lui-même qu’au lien qu’ils réussissent à établir, grâce à Lui, entre leurs mondes et leurs lecteurs... lien qui passe par le marketing, la publicité et les événementiels axés sur les oeuvres (ou sur leurs auteurs) plutôt que sur toutes ces réflexions grandioses qui font le lit des rencontres et revues spécialisées...
Ils sont donc forcément "oubliés" par les "universités d’été" et autres meetings de réflexion...
A l’opposé, il y a le monde des créateurs altruistes et silencieux qui ont avant tout besoin d’être aimé, lu, compris par une multitude [...] Ceux-là s’intéressent moins à l’Art en lui-même qu’au lien qu’ils réussissent à établir, grâce à Lui, entre leurs mondes et leurs lecteurs...
Ils sont donc forcément "oubliés" par les "universités d’été" et autres meetings de réflexion...
Le fait est que cette université d’été là est précisément un évènement convivial, où des professionnels et des amateurs se rencontrent et mangent à la même table pendant une semaine.
ce que vous dites est consternant...pourquoi devrait ils être oublié (les auteurs qui rentrent dans votre categorie "hors ellite") ? pour ma part je trouve que des auteurs comme guarnido par exemple pose des questions fondamentales dans son travail, même si black sad a un coté tres marketing, guarnido pose la question de la physicalité de la bd...trondheim disait de son travail qu’il était vulgaire...vieux reflexe judéo chretien qui rejette le corps et n’estime que le mental...il y aurai là matiere à parler,à debattre...guarnido aurait sa place non ? Je pense que beaucoup d auteurs silencieux impliqués dans une bd de raconteur d histoires au sens physique auraient beaucoup à dire...sur une forme de Bd parfois desincarnée dont la saveur est souvent la même...mais peut être que les auteurs de bd "ellitistes" se refusent finalement la contradiction,persuadés qu ils sont de leur " intelligence..." ?
je crois qu’en effet il y en un effet auto-satisfaction dans ces universites d’été...et c est dommage que des grands auteurs de bd populaires n’y soient pas representés. Peut être que ça fait un peu peu peur pour certains par exemple que certaines autorités de la bd expliquent de leur point de vu, par exemple, pourquoi le graphisme de Satrapi est en contradiction avec son discours, ou bien pourquoi Sfar n’est en aucun cas dans la continuité de Pratt...ça en refroidirai surement beaucoup. J’ ai l’impression qu’il y a dans cet evenement un truc qui n est pas si assumé que ça au final.