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L’Europe des revues critiques de BD : Alfonz, Dolmen, Stripschrift...

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 juin 2012                      Lien  
C'est un aspect méconnu de la réalité éditoriale de la bande dessinée : la haute technicité de ses revues critiques. Exploration de trois d'entre elles, en Allemagne, en Espagne et en Hollande.
L'Europe des revues critiques de BD : Alfonz, Dolmen, Stripschrift...

D’abord la plus jeune, car son premier numéro vient de paraître à l’occasion du dernier Festival international d’Erlangen, le trimestriel allemand Alfonz. Ce n’est en réalité pas un premier numéro car, auparavant, Alfonz s’était essayé au gratuit, comme notre Zoo, sans succès semble-t-il. Alfonz est aussi l’éditeur de la revue de référence Reddition.

Au sommaire de ce premier numéro de 84 pages en couleurs vendu 6.95 euros, le dessinateur espagnol Vicente Segrelles, l’auteur du Mercenaire, un des maîtres de l’Heroïc Fantasy acrylique qui fait l’objet d’un copieux dossier bien illustré.

Comme beaucoup, le magazine allemand s’interroge sur l’irruption dans le champ éditorial de ces enfants-héros, spin of de séries à succès, que sont Le Petit Spirou, Kid Lucky, Gastoon, Bidule, P’tit Boule & Bill, Gnomes de Troy ou encore Marsupilami Kids. L’occasion de faire une longue interview avec Didier Convard depuis Los Angeles.

À un article sur Segrelles...
...succède un autre sur le Tour de France dans la BD

Le Tour de France, très populaire en Allemagne, est décrypté dans sa version BD. L’actualité comics est illustrée avec les Avengers. Le phénomène des originaux touche aussi l’Allemagne, l’occasion pour la rédaction de mener une enquête où s’expriment François Bourgeon, Philippe Delaby ou Jens Harder.

Une chronique manga, des revues d’expo et des éditoriaux de correspondants étrangers complètent ce copieux numéro où la BD franco-belge est très présente.

Dolmen : Destination Europe

Dans la revue Dolmen, trimestriel de 100 pages vendu 12.95 euros, c’est bien évidemment l’auteur espagnol Victor de la Fuente, récemment disparu, qui est à l’honneur. Mais pas seulement : la série d’Alain Dodier, Jérôme K. Jérôme Bloche, "le détective tranquille", y fait l’objet d’un dossier détaillé, de même que Raymond Macherot.

Aux côtés des grandes signatures ibériques comme Enric Badia ou Jose Sanchis, un long hommage est fait à Jean Giraud/Moebius, une fenêtre s’ouvre sur la Russie, des questions sont posées à Lewis Trondheim et un long article est consacré à L’Association.

Dodier et Jérôme K. Jérôme Bloche intéressent les Espagnols ? Ben oui.
Dolmen garde en mémoire les grands auteurs et les héros de la bande dessinée belge comme Macherot et Clifton

Cette revue "européenne" écarte, on le remarque, les comics et les mangas.

Stripschrift : la plus vieille revue critique de BD d’Europe

Il faut se frotter les yeux pour y croire : cette revue qui paraît huit fois par an (52 pages, 8 euros) en est à sa 424e livraison ! Créée en 1968, à la grande époque des fanzines, elle livre à chaque fois avec constance et professionnalisme un numéro comportant un dossier très complet sur un artiste. Le modèle était si pertinent que Glénat s’en est inspiré pour concevoir Les Cahiers de la Bande Dessinée.

Peut-on imaginer une telle source unique d’information dans le monde francophone ? Seul le fanzine Hop !, et encore, pas dans cette proportion a une longévité comparable.

Après Claude Auclair, Henri Vernes ou Didier Crisse, c’est à Philippe Berthet de faire la Une de ce numéro, avec documents inédits et interview à la clé.

La revue s’intéresse aussi au dessinateur britannique Glenn Baxter, à une investigation sur l’image du monde arabe dans la bande dessinée, à un portrait de Serge Clerc, à une analyse en profondeur de l’édition néerlandaise des Aventures d’Hergé de Stanislas & Fromental, et à une actualité qui offre un éclectisme réjouissant. Comme on dit en Hollande : Proficiat !

Comme on le voit, la "culture BD" est très vivace en Europe et la BD francophone y a toute sa place. C’est ainsi que s’écrit son histoire.

Pleins feux sur Berthet
... et sur Serge Clerc

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

- Alfonz : info@reddition.de. — Website

- Dolmen : Dolmen Editorial : info@dolmeneditorial.com — Website

- Stripschrift : uitgever@stripstift.nl — Website

 
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4 Messages :
  • C’est Vicente Segrelles.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 juin 2012 à  16:30 :

      Mais oui. Et Victor de la Fuente.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Evariste Blanchet le 1er juillet 2012 à  15:32 :

        Il y a même - encore aujourd’hui - des revues critiques françaises (L’Indispensable, Bananas)que l’on trouve dans les (très très) bonnes librairies. Incroyable, non ?

        Répondre à ce message

  • Fort bien ! il y a en Europe des revues critiques de BD. Et comme on le sait, la BD francobelge (ou plutôt belgofrançaise) est leader, cela conforte nos positions à l’exportation, et l’affirmation de notre savoir-faire culturel.

    Quand on ferme par dizaines des usines sur notre territoire, quand beaucoup de commerçants sont obligés de baisser le rideau, faute de vente suffisantes, je dirais plutôt que c’est une bonne chose, une sorte de légitimation européenne d’une forme d’expression qui nous est très chère.

    Peut-être suivons-nous le chemin des Etats-Unis, de moins en moins productifs industriels, de plus en plus dépendants des services et de la culture (ou plutôt du divertissement ciblé vers les ados) ? Va savoir, Charles !

    Pour autant, où sont les revues critiques de BD en France à l’heure actuelle ? Je vois deux revues d’infos sur l’actualité-BD en kiosques, il me semble qu’elles sont toutes deux fort élogieuses à l’égard de la production actuelle qu’elles se contentent de commenter de façon élogieuse. Qui dit critique ne dit pas forcément élogieux. Sinon, c’est un compliment !°)

    Je déplore la disparition des GRANDS fanzines du type Schtroumpf, Phénix, Falatof, PLG, le Collectionneur de BD, qui eux ne se gênaient pas pour dire ce qu’ils pensaient, avec passion, connaissance du genre, argumentation et bon goût.

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