Chez Adolf T. 4/4 – Par Rodolphe et Ramon Marcos

Chez Adolf T. 4/4 – Par Rodolphe et Ramon Marcos – Ed. Delcourt

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La tétralogie « Chez Adolf » se termine et il faut le dire : c’est un réussite. Son projet était de raconter la Deuxième Guerre mondiale du point de vie des citoyens allemands voyant arriver les nazis au pouvoir, la dictature s’installer, puis la guerre prospérer avec son cortège d’horreurs qui atteint son paroxysme avec la Shoah. Dans ce tome conclusif, la « Bête » n‘est pas encore morte, mais elle agonise. Hitler est terré dans son bunker sous les bombes russes…

Et les citoyens allemands comment vivent-ils cela ? Dans l’Allemagne nazifiée, fanatisée depuis plus d’une décennie, noyautée à tous les échelons de la société par le régime, on en arrive à appeler sur le front les classes d’âge les plus jeunes et les plus âgées qui jusqu’ici n’étaient plus mobilisables.

Toute la société en est bouleversée. On laisse à l’arrière les femmes, les vieillards, les infirmes, les enfants en bas âge… Et quelques personnes planquées poursuivies par le régime.

Chez Adolf T. 4/4 – Par Rodolphe et Ramon Marcos – Ed. Delcourt

On examine les cartes, on pointe l’avancée rapide des Russes à l’Est, des Américains à l’Ouest. Des villes entières sont détruites. L’économie est à l’arrêt. Dans certaines villes, la famine règne… Les nouveaux mobilisés, menacés par des supérieurs hystérisés par la situation, se laissent mener en troupeau, sans motivation, sans formation surtout. En fait, c’est la débandade.

Entre ces soldats « malgré eux » dont fait partie Karl Stieg, le directeur du lycée, qui a dû laisser son établissement pour rejoindre cette armée en déroute, entre ceux qui partent sur le front et ceux qui refluent et témoignent des atrocités perpétrées notamment du côté russe : exécutions sommaires, pillages, viols…, un climat général de peur s’installe… jusqu’à l’armistice qui tombe avec surprise et stupéfaction.

Saluons la performance du scénariste Rodolphe, bien secondé par le dessinateur espagnol Ramon Marcos et son coloriste Dimitri Fogolin. Ils nous racontent la guerre des petites gens, du côté allemand qui plus est. Un travail rare, inédit, et qui montre la guerre dans ce qu’elle est : une situation complexe, confuse, où chacun de nous peut tout perdre : des proches, la vie, voire, dans certains cas, ce qu’il nous reste d’humanité.

La série se termine avec ce quatrième tome. On a apprécié ce regard intelligent sur l’Histoire qui laisse le lecteur moins dans les certitudes et davantage dans les interrogations.