« Aimer, c’est souffrir » nous dit la 4e de couverture. C’est certainement vrai pour Antoine qui, par une simple photo, va remettre en jeu toute sa vie et ce qu’il a construit.
Une vie, construite avec Constance, mais qui manifestement ne le satisfait pas.
Il regrette son amour de jeunesse, Domitille, qui l’a quitté voici dix-sept ans. Il s’est reconstruit mais a gardé cette blessure, restée plus vive qu’il ne l’aurait cru lorsqu’il retrouve une photo d’elle.
Il est alors pris d’un désir irrépressible de la revoir. Coïncidence étonnante (mais il paraît que les coïncidences n’existent pas), elle le contacte quelques semaines plus tard.
Elle veut reprendre contact, par amitié. C’est un jeu dangereux auquel Antoine ne saura résister malgré les avertissements de son meilleur ami. Un jeu où il a beaucoup à prendre. Mais a-t-il quelque chose à y gagner ?
Il est étonnant comme les questionnements de l’homme, et de la femme, sur le couple, le désir, la routine... peuvent être traités de manière similaire. Un amour de jeunesse, le désir d’une escapade amoureuse loin (souvent au sens propre) des codes et des conventions du couple monogame occidental... Jim l’a bien décrit dans sa série Une nuit à Rome, malgré une certaine redondance scénaristique.
Il y a pourtant plusieurs différences : le scénario de Pascal Patti est plus rapide, il va à l’essentiel : la nostalgie, le désir... est-cela l’amour ? Cette rapidité entraîne une difficulté de lecture sur certaines scènes.
Et le dessin de la barcelonaise Sarah Con Hache est très agréable, beaucoup plus sensuel. Les scènes érotiques s’avèrent d’ailleurs très explicites. [Rectification : Sarah est sévillane].
En revanche, la mise en couleur aurait mérité davantage de dynamisme. Les couleurs se révèlent toujours un peu ternes, même dans les moments joyeux.
C’est un album qui peut questionner : que recherche-t-on dans son passé ? Un bonheur perdu ? Soi-même ? À trop regarder dans le rétroviseur, on ne voit plus ce qui nous entoure. Et pour quel résultat ? En tout cas, il doit nous inciter à écouter davantage nos amis...
(par Jérôme BLACHON)
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