Qu’on le veuille ou non, l’Internet jouera un rôle majeur dans la création de la bande dessinée de demain. Déjà, les blogs d’auteurs de BD font florès, plus inventifs les uns que les autres, et un éditeur bien né ne peut se passer d’une veille permanente sur le Net, devenue le substitut des tournées de rédaction que les jeunes auteurs faisaient naguère.
Cela change d’ailleurs profondément les relations entre l’auteur et l’éditeur. Avant le rédacteur en chef ou le directeur de collection pouvait recevoir l’auteur les pieds sur la table, prendre un air supérieur en regardant les pages et dispenser ses conseils au débutant en lui tapotant l’épaule. Cette image d’Épinal est révolue. Aujourd’hui, un jeune auteur peut mettre en avant les chiffres impressionnants de fréquentation de son site et il arrive même que, porté par la rumeur, il se trouve assidûment courtisé par les éditeurs. Il peut même se payer le luxe de les mettre en concurrence…
Avant, les éditeurs jouaient un rôle crucial dans la mise en relation entre les dessinateurs et les scénaristes, l’un et l’autre isolés, chacun dans leur coin. Cette intercession a perdu son importance avec le Net. Des sites comme Scenaristes.com mettent en relation des scénaristes avec les dessinateurs qui le désirent. Dès lors, ce sont des projets bouclés qui arrivent de plus en plus chez les éditeurs.
Ici, avec Game Over, Midam passe à une étape supplémentaire. On se souvient la difficulté avec laquelle un Franquin arrivait à livrer chaque semaine un gag de Gaston Lagaffe ou de Modeste & Pompon. Toute la profession était sollicitée pour lui apporter une idée : Greg, Goscinny, Tibet, Peyo, Jidéhem et même Jean Van Hamme ont trouvé des gags pour Franquin. Cette ascèse terrible est l’une des plus difficiles du métier.
Midam a eu l’idée d’élargir le champ d’investigation. Du tamis du chercheur d’or, il est passé à la phase industrielle. Grâce au Net, des centaines d’idées vont lui tomber dessus. Il suffira d’acheter ses deux premiers albums, ainsi que quelques titres de la série-mère pour s’imprégner de l’univers et de proposer son idée sur son site Gameoverforever.com. Les idées retenues seront rémunérées à des tarifs professionnels et, qui sait, si vraiment vous en avez à foison, peut-être un nouveau métier s’ouvre-t-il à vous ! Que vous soyez gros ou maigre, blanc ou noir, Français ou Borduro-Syldave, professionnel ou débutant, manwhaka ou mangaka, ce challenge est pour vous !
Goscinny disait : « Quand j’ai entendu un de mes grands anciens me dire : "Le métier de scénariste ? C’est à la portée du premier imbécile venu", j’ai compris que j’avais trouvé ma voie. » Qui sait si Game Over ne nous révèlera pas un Goscinny de demain ?
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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