Débuté au Japon en 2017 chez Shôgakukan, avec quatre tomes pour le moment, nous suivons la vie du prince Michi, futur empereur Hirohito, appelé depuis sa mort, en 1989, Empereur Shôwa. Mis en images pour commémorer les 30 ans de sa mort, le manga est librement adapté du bestseller Histoire de Shôwa - récits des grands événements historiques pendant le règne de Hirohito 1926-1989 écrit par Kazutoshi Hando,
Après un prologue narrant la rencontre d’Hirohito avec le général MacArthur en 1945, le récit débute véritablement avec le recrutement de Taka Adachi, la nourrice qui s’occupera de lui et de ses frères durant dix ans.
L’an 37 de l’ère Meiji, soit en 1904, le prince n’est encore âgé que de trois ans. Confié à un amiral à la retraite, comme le veut la tradition, il a peu de contact avec son père, et encore moins avec sa mère. Taka devient alors naturellement le centre de son monde et participe à la formation de sa personnalité, encourageant par exemple sa curiosité pour les fleurs.
Outre l’importance de cette figure maternelle, le manga détaille également la création d’une école pour l’élite aristocratique, conçue pour le prince, afin de lui donner une éducation moderne et le préparer à affronter la scène internationale. Dirigée par des militaires, ceux-ci se montrent relativement dubitatifs sur les cours dispensés par les professeurs de biologie et d’histoire, très pro-Occidentaux, ou de morale, mais ils les laissent finalement assez libre.
En effet, ce qui ressort de ces deux premiers tomes, au-delà de telle anecdote sur sa future épouse, sur tel voyage ou telle leçon, c’est la conscience de tous que le prince régnera dans un monde totalement différent de celui de ses prédécesseurs. Ainsi, il doit être faire sien aussi bien les enseignements traditionnels que ceux à la pointe du progrès, et donc de l’Occident. Le fait qu’il soit aussi le premier empereur à porter des lunettes dès sa jeunesse, en raison d’une forte myopie, accentue aussi graphiquement cet aspect moderne.
Pour le moment encore peu politique, le récit s’attache donc surtout dans cette première partie à décrire les grands principes, souvent idéalistes et bienveillants, enseignés au prince, et les immenses attentes qui reposent sur lui. En effet son père, en raison de lourds problèmes de santé, est incapable de gouverner et connaît un règne assez bref.
Dessiné par Junichi Nojo, au trait clair et réaliste, et écrit par Issei Eifuku, connu en France pour Le Samouraï Bambou, par Taiyô Matsumoto (chez Kana) et Evil Eater, de Kojino (chez Ki-oon), ce manga s’avère très documenté. Il saisit assez bien l’esprit de l’époque, essentiel pour ce type d’ouvrage, et constitue un témoignage relativement factuel pour l’heure.
(par Guillaume Boutet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Empereur du Japon T1 & T2. Scénario : Issei Eifuku, Dessin : Junichi Nojo, Ouvrage original : Kazutoshi Hando, Supervision : Hidetaka Shiba. Traduction Takanori Uno. Delcourt/Tonkam, Collection "Seinen". Sortie le 2 octobre 2019 & le 5 février 2020. 192 pages. 7,99 euros.