451 degrés Fahrenheit : c’est la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume. Dans cette société du futur dans laquelle la lecture, source de questionnement, de réflexion, et terreau du sens critique, est considérée comme un acte antisocial et donc dangereux, un corps spécial de pompiers (pyromanes) se charge de la besogne.
Mais pour Montag, l’attrait de l’interdit est trop grand : il met alors le doigt dans un engrenage à rebours du bonheur collectif immédiatement consommable imposé par une société. Ainsi, il serait possible de s’épanouir en se promenant dans un bois, sous une lune claire, comme le fait cette jeune fille qui va changer son destin ?
Cette adaptation du célèbre roman d’anticipation dystopique de Ray Bradbury est la réédition, chez Philéas, et avec une nouvelle couverture, de celle publiée chez Casterman en 2010 et que nous avons chroniquée en son temps. Elle est ainsi celle à laquelle Bradbury a lui-même contribué, ce qui explique la proximité des univers entre les deux supports.
Publié initialement en 1953, le roman frappe par son actualité on ne peut qu’être frappés par les parallèles avec notre époque, où la course à l’audience, à l’exclusivité et au « clash » aboutit bien souvent à une prime aux positions les plus outrancières, les moins argumentées, et les moins informées, pendant que de laborieux savants, pour qui long terme et pondération sont gages de valeur, n’ont que trop rarement accès à l’espace public ou à des formats médiatiques dans lesquels faire passer leur discours.
Le trait de Tim Hamilton fait la part belle à des couleurs vives, celles de l’incendie, qui contrastent avec les visages sombres et dénués d’expression de personnages soit sans esprit, soit trop soucieux d’être démasqués et condamnés à vivre comme des marginaux. Incontestablement, une adaptation réussie.
(par Damien Boone)
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