L’Œil d’Odinn - Par Joshua Dysart & Tomas Giorello - Ed. Bliss Comics

Solveig, jeune fille blonde et réservée, passe ses journées à aider ses parents à la ferme. Mais un jour, son corps entre en transe ! La gamine a une vision. Elle se retrouve instantanément aux portes de la halle du dieu Odin. Le « père-de-Tout » a une mission pour l’enfant bientôt femme : résoudre une énigme qui emmènera notre héroïne aux confins du monde connu, auprès d’une pierre magique gravée qui pourrait bien donner la réponse à Solveig.

C’est donc entourée par une horde de valeureux guerriers que la demoiselle s’en va pour le Grand Nord, bien décidée à répondre favorablement aux dieux pour éviter la « fin-de-Tout ». Joshua Dysart éprouve le lecteur d’entrée de jeu avec un héros peu conventionnel, loin du guerrier solitaire ou du barbare viking. Sans faire l’économie des combats sanglants qui caractérisent les sagas nordiques, il confronte l’innocence de cette enfant avec la rudesse des lieux souvent enneigés et des gaillards imposant chargés de sa sécurité.

Plus encore, l’auteur fait la démonstration de sa connaissance de la mythologie du Nord en invitant les divinités de l’univers nordique, de même que les créatures fantastiques qui les accompagnent : Freya sur son sanglier géant, les valkyries sur leurs fulminantes cavales, Odin le dieu borgne accompagné de ses corbeaux, … Il pousse encore plus loin le pittoresque en mettant des hommes d’autres cultures sur le chemin de Solveig, comme le dernier représentant d’une tribu combattue par des supposés elfes noirs : la peau sombre, les yeux étirés, petit aux corps trapus, … ou encore cette peuplade vénérant la Lune noire. C’est un festival !

©Tomas Giorello / Bliss Comics

Chaque rencontre se résoud par un combat mis en ilages par Tomas Giorello qui rend pertinent le moindre détail. Chaque bataille se déploie une fresque picturale grandiose, mise en couleurs avec justesse et talent par Diego Rodriguez. Jouant principalement sur les gros plans, mettant en avant les expressions de chaque protagoniste, le duo d’artistes n’en délaisse pas pour autant les décors qui plongent immanquabement le lecteur dans la Scandinavie du premier millénaire. Pas un seul arrière-plan n’est laissé à l’abandon, offrant aux regards avides des scènes de toute beauté.

Et que dire des passages dans les autres mondes de la jeune prophétesse ? Chevauchant une libellule dans la vallée de la Dame de la Prairie, survolant des armées entières combattant avec hargne dans l’espoir de gagner leur Valhalla. Le sang gicle avec une rage presque bestiale ; même Solveig devient digne d’une Berserker quand elle quitte sa transe, s’attaquant à n’importe qui à portée de main..

On l’accompagne dans sa bravoure, on savoure chaque page, chaque planche aux découpages variés et dnamiques et l’on espère que la fin ouverte de ce volume sera la porte d’entrée de la suite de cette mission périlleuse où la mort rôde, annonçant peut-être même le Ragnarök !