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La Galerie Maghen à l’heure belge

Par le 19 mars 2024                      Lien  
Évidemment que la bande dessinée francophone ne peut plus se passer de la Belgique depuis 1929, année de la création de Tintin. Derrière, il y a eu Spirou, Blake et Mortimer, Gaston, Les schtroumpfs et tant d’autres choses. Ce mois-ci, la Galerie Daniel Maghen rend hommage à deux Belges contemporains, des vrais Belges : le Flamand Griffo et le Bruxellois Bernard Vrancken. Deux artistes classiques mais qui ont leur singularité et dont le travail ne manque jamais de nous surprendre depuis plusieurs décennies.

Il y a d’abord Werner Goelen, dit Griffo, 74 ans aux chanterelles, qui fait mentir chaque jour la mauvaise réputation que certains chroniqueurs inattentifs attribuent aux dessinateurs réalistes flamands. Ils oublient déjà qu’il est précédé par un certain William Van Custem qui signe William Vance, ou par un certain Marc Van Oppem, alias Marvano, excusez du peu. Ensuite, ce Flamand parfaitement francophone (comme ils le sont souvent dans la bande dessinée) qui habite l’Espagne (peut-être par nostalgie de l’époque de Charles Quint, né à Gand en Flandre, on le rappelle) a fait l’essentiel de sa carrière en France.

La Galerie Maghen à l'heure belge

Et quelle carrière ! : la chronique vénitienne de Giacomo C. scénarisée par Jean Dufaux : la Venise des doges, de Casanova à l’époque où la Sérénissime était une des grandes puissances européennes. Un travail historique à la couleur directe dans la lignée d’un Juillard. L’aventure, le mystère, les splendides architectures, les costumes, les femmes langoureuses…


« C’était une production destinée au journal Vécu (éditions Glénat). Le principe de Vécu, c’était de faire des histoires à la fois érotiques et historiques. C’était leur truc à l ’époque. On a cherché une idée et on a pensé que Giacomo Casanova remplissait ce cahier de charge. On a choisi de raconter les aventures de son alter ego : Giacomo C. » Il ajoute : « Venise est une ville magique, c’est une ville intemporelle. Si Giacomo C. revenait aujourd’hui, il reconnaitrait sa ville, sa propre maison, les rivières, les canaux, les palais… Venise, pour nous, c’est comme un trésor, un trésor de documentation combiné, comprimé dans une seule ville. C’était une facilité, en fait. »

Griffo gère aussi bien la couleur que le noir et blanc dans l’œuvre cardinale de Jean Van Hamme, sans doute sa réflexion la plus profonde sur la Social-Démocratie : S.O.S. Bonheur, ou encore dans Monsieur Noir à la plume fantastique, du même Jean Dufaux.

@actuabd.com Une interview de l’auteur de Giacomo S., Griffo, à l’occasion de l’exposition qui lui est consacrée avec Bernard Vrancken à la galerie Maghen. Avec lui, nous parlons de son travail préparatoire pour dessiner la Venise de la Renaissance et de son rapport personnel a la Sérénissime… #bd #expo #venise #italie #paris #history ♬ son original - ACTUABD Mangas Comics BD

L’autre accrochage, qui a lieu en même temps, se consacre au Bruxellois Bernard Vrancken dont le dernier album, Les Enfants du ciel, est paru il y a quelques mois aux éditions Daniel Maghen. Avec cette nouvelle histoire du dessinateur d’I.R.$., on touche du doigt un modèle économique qui commence à perturber les grands éditeurs, ceux qui conçoivent les séries comme une production en batterie au rythme cadencé : ici, Bernard Vrancken a pris le temps de s’investir dans son projet en faisant évoluer son style : l’Égypte et la Palestine mandataire de la Seconde Guerre mondiale retrouvent leurs lumières mystiques dans des lavis somptueux.

« Pour cet album, j’avais deux références. Le Blake & Mortimer du Secret de la Grande Pyramide et… Hugo Pratt, les Scorpions du désert. À ce moment-là de l’histoire, on a ce voyage qui part du Caire et qui va jusqu’au monastère Sainte-Catherine. J’ai travaillé avec des doubles pages avec un mélange d’encrage classique avec des noirs très forts pour l’avant-plan et l’utilisation de lavis pour donner de la profondeur de champ. » nous dit Vrancken.

Nous sommes dans l’aventure classique, certes, mais avec un souffle renouvelé. Bernard Vrancken s’en était d’ailleurs expliqué au micro de Charles-Louis Detournay sur ActuaBD.

Bref, voici deux petites expos qui valent le détour si vos pas vous mènent du côté de la rue du Louvre à Paris.

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