Une île providentielle apparaît aux marins de deux navires anglais, forcés de faire escale au milieu du Pacifique sud. Nous sommes en 1814, et l’esprit de conquête et de découverte souffle à plein vent. Motivation supplémentaire : cette terre inconnue est réputée inhabitée et l’équipage tombe sur une communauté uniquement composée de femmes et d’enfants. L’accueil bienveillant amène des échanges productifs : les Anglais apprennent que sur Pitcairn (le nom de cette île) avaient débarqué certains rebelles du Bounty. Et si les hommes du capitaine Pipon perçaient enfin un secret qui empoisonne la marine britannique depuis des années ?
Ce récit trépidant s’inspire de l’histoire vraie d’une communauté créée par des marins réfractaires, loin de leur Angleterre. Les auteurs parviennent à capter la tension permanente grâce à des personnages très marqués et des cadrages audacieux qui utilisent avec talent les richesses du paysage.
Le trait de l’espagnol Marc CurtoTuron n’épargne aucun visage : hommes, femmes, enfants : toutes et tous portent des plis multiples et des reflets variés qui soulignent les défauts et gomment la séduction. Il évite ainsi l’érotisation des femmes de l’île qui vivent pourtant nues en permanence. Mais il donne aussi à ses caractères une expressivité captivante.
Emprunt d’une réflexion philosophique -vivre autrement en mêlant les cultures- Pitcairn coche toutes les cases de la BD d’aventure haletante, y ajoutant une enquête policière et militaire qui rebondit constamment. La façon dont la violence côtoie les idées humanistes en bonifie les qualités.
(par David TAUGIS)
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