Le Musée des Tapisseries à Aix-en-Provence est logé dans un ancien palais épiscopal. Sous les voûtes de sa salle gothique, les visiteurs peuvent voir jusqu’au 17 mai 2014 le travail de Frédéric Voisin, un Rémois né en 1957 qui, enfant, tomba en pâmoison devant le retable de L’Agneau mystique de Jan Van Eyck (1432) dont un panneau volé, Les Juges intègres, pourrait bien être retrouvé ces jours-ci.
De ce premier choc lui vient sa vocation de dessinateur et de graveur. Beaux-Arts de Paris, de nombreux travaux graphiques dans la presse, la pub et pour des pochettes de disque, sa carrière le mène à tous les thèmes jusqu’à ce que le Musée Le Vergeur de Reims lui commande une série de linogravures sur L’Apocalypse de Saint-Jean de Patmos pour les exposer face aux gravures d’Albrecht Dürer.
Frédéric Voisin se saisit de l’aubaine, dresse quatorze tableaux et les emplit de cet imaginaire sulfureux qui nourrit les Primitifs flamands, Jérôme Bosch ou Bruegel l’ancien, mais avec cet humour et cette force symbolique caractéristiques du dessinateur qui fait les séraphins souffler des flammes, les cavaliers se frayer un chemin à la faux dans les catacombes, et le Léviathan dévorer les âmes pécheresses.
À sa suite, une série de Memento Mori (Souviens-toi que tu mourras) dans leur version noire et blanche et dans leur version couleurs, fait cortège au visiteur, avalé par la bouche d’ombre d’un dragon aux dents pointues, rappelé à la vanité de ce monde.
La troisième section de l’exposition rend hommage aux Uglies de Basil Wolverton et sert de prétexte à une Chasse aux monstres organisée par les Rencontres : les festivaliers reçoivent un collecteur d’images du genre Panini et doivent aller chercher les vignettes chez les 21 commerçants de la ville.
Une façon d’intégrer le festival dans la cité à la fois maligne et ludique.
DP
Jusqu’au 17 mai 2014, au Palais épiscopal d’Aix en Provence.
Photos : D. Pasamonik
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