Étonnant dialogue entre Jean-Claude Fournier qui dessina Spirou le temps de 10 albums entre 1970 et 1980 et Raoul Cauvin qui en scénarisa trois (sur des dessins de Nic Broca) entre 1981 et 1983.
L’un comme l’autre ont été brutalement débarqués de la série. L’un comme l’autre jugent sévèrement (à l’exception de l’album d’Émile Bravo) la destinée apportée au héros par leurs successeurs : « L’identité de Spirou, ce n’est plus qu’un calot », martèle Cauvin.
Fournier considère cependant que le travail de Yoann recèle beaucoup de potentiel. Il avait une appréhension pour la version de Spirou par Yves Chaland qu’il trouvait « vieillotte » mais il s’est ravisé en découvrant les croquis du dessinateur néracais lors de l’exposition Spirou à Aubenas montée par Pierre-Marie Jamet.
DP
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Les Spirou de Fournier avaient un vrai scénario contrairement aux courses poursuites de JDM et ce qui a suivi (mis à part le Bravo principalement), un joli dessin mais surtout : un humanisme. On regrette que sa douce Ororea ait disparu au profit de cette peste indigente de Seccotine. Jean-Claude, tu nous manques.
Mouais, ne seraient-ils pas tous 2 un peu aigris ?
Il faut quand même être de mauvaise fois pour tenir ce discours car le travail de Tome et Janry est plus que potable, et les albums de Tarrin et Scharwtz sont très nettement "meilleurs" que ceux de Cauvin et Broca.
LISEZ avant de répondre.
Je critique JDM et ce qui a SUIVI. Tome et Janry, c’était AVANT donc ça précède JDM. Tome et Janry sont des Dieux. Quant au Spirou de Tarrin, c’est un scénario nullissime (un erzatz du diptyque "rackam le rouge / licorne") avec une non scène stupide entre Seccotine et Spirou, dans une grotte, et un dessin FranquinoConradoMorrissien qui tient la route mais sans jamais aucun décor (et en plus, ça se passe dans la neige). Chiantissime.
J’aime bien ceux de Bravo et celui de Schwartz au trait JijéoChalandien superbe et qui n’a pas lésiné sur le boulot.
Parme, j’aime pas son dessin et Yoann, j’aime pas le scénar.
Mais les coups et les douleurs ...
j’attends le tome 2 des chevaux du vent !en a t’il parlé a aubenas ? et que va t il nous mijoter après ? a t’il parlé aussi d’une intégrale Bizu ?
Spirou est une propriété Dupuis. Il est passé entre les mains de nombreux auteurs et on ne peut que s’en réjouir. M.Fournier, le premier, lui qui a succédé à Franquin. Qu’on laisse donc ce personnage vivre et il nous réservera encore le meilleur (Emile Bravo) comme le pire (..... / Chacun complètera avec sa propre sensibilité).
Jean-Claude Fournier a semble-t-il quelques blocages. Essayez par exemple de lui parler lors d’une dédicace de manga et vous vous sentirez de suite déculpabilisé d’aimer d’autres Spirou que ceux qu’il a labélisé.
Si l’on peut comprendre l’amertume de Jean-Claude Fournier (qui nous offrit des épisodes de Spirou pleins d’âme, les meilleurs après ceux de Franquin), les critiques de Raoul Cauvin peuvent paraître nettement plus déplacées lorsqu’on se remémore les épisodes insipides de Spirou qu’il concocta avec Nic Broca (les pires jamais publiés). Enfin, on lui pardonne à cause (ou grâce) aux tuniques bleues.
Intervention de Cauvin lors de ce débat :
"Pour ces albums, on nous est tombés dessus, de partout. Ce n’était pas justifié. C’est dégueulasse ce qu’on a fait à Broca."
J’étais abonné à Spirou quand paraissaient les Spirou de Broca et j’ai aimé.
Voici ce que j’avais a dire sur Fournier sur ce site, en août 2004. Je reitere mon commentaire, tres a propos dans le cadre de la breve ci-dessus. En 2004, c’etait bien sur avant Emile Bravo... :
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Ecrivant des Etats, unis, je m’excuse pour le manque d’accents et pour mon orthographe vacillante...
J’interviens dans le debat Spirou pour rendre hommage a Fournier, dont la reprise de Spirou apres Franquin est souvent denigree dans les pages forum d’ActuaBD.
Fournier a realise 9 albums. Apres Franquin, c’est pour moi le meilleur repreneur de la serie.
Il faut se rappeler que ce que Franquin avait introduit dans la serie, c’etait essentiellement de la poesie, du design et des sentiments. L’univers de Champignac est au plus haut point poetique. Les personnages sont touchants et l’humour est utilise avec le meme ressort peotique que dans « Jours de Fete » de Tati. Le design des decors est un veritable miroir des annees cinquantes et soixantes (et Jidehem n’y est pas pour rien). Le sentiments, quant a eux, sont essentiellement centres sur l’amitie profonde entre Spirou et Fantasio et les rapports au pere represente par Champignac. La Masrupilami englobe a lui seul ces trois elements : Stylise, poetique et affectif, il reste d’ailleurs dans l’esprit de tous emblematiqe de la serie.
Or Fournier est le seul qui a su depuis combiner ces elements avec succes. Il a su conserver cette poesie dans le dessin, les couleurs (on oublie bien trop souvent les couleurs !) et les scenarios. Il a meme parfois su pousser cela plus loin, vers des ressorts melancoliques. Fournier a pousse la melancolie jusqu’à la mer (L’ankou) et meme jusqu’aux etoiles (Du cidre pour les etoiles). Les dessinateurs suivants (je mets Chaland a part bien sur, a cause du genial exercie de style) sont revenus boire a la source Rob-Vel qui est, malheureusement, le pur divertissement. Or un Spirou sans poesie, qui est du pur divertissement n’a rien d’extraordinaire. Les albums ont d’ailleurs, avec les auteurs successifs et notamment Tom et Janry, representes une escalade dans l’esbroufe comparable a la surenchere des films hollywoodiens. Plus d’action, plus de bruit (les faiseurs de silence mettront d’ailleurs fin a celui de Nic et Cauvin [mais une parenthese pour indiquer que les contraintes editoriales sous lesquelles travaillait Cauvin avaient tout pour faire echouer le projet]), plus de sang (apparu pour la premiere fois dans le dernier opus Tome et Janry) : C’est la revanche du fils du retour de l’oncle (Paul) de Spirou. La poesie, le design et les sentiments ont suivi une courbe inversement proportionnelle.
Revenons a Fournier donc, qui, s’il maintient la tradition poetique de la serie, incrit egalement Spirou dans un environment decoratif contemporain. [La, je fais une autre pause pour admettre que Tom et Janry ont egalement reussi cela, en ancrant Spirou dans notre epoque – et la Machine qui reve n’est autre que cette idee poussee a son comble, n’en deplaise a ses detracteurs (dont moi-meme). Nic avait essaye mais sans grand succes, de rendre un Spirou cuvee anneess 80, par exemple avec son look motard]. Fournier ecrit et dessine Spirou entre 69 et 79. C’est donc le design des annees 70 qui s’exprime alors (Spirou roule d’ailleurs desormais en Renault 5 ou alors dans de rapides voitures nippones). La vague hippie, les considerations ecologiques, les prises de conscience politiques se retrouvent aussi dans les scenarii et les ambiances dans lesquelles evoluent les acteurs albums apres albums. Fournier experimente aussi au niveau purement graphique, comme par exemple dans un mini-recit peu connu datant de 73 ou 74 (?), les vacances a Broceliandre, ou les ombres et les decors haches sont omnipresents (Spirou y retouve Bizu, le personnage qui avait fait rentre Fournier au journal Spirou). D’une regle generale, Fournier a su faire evoluer le style graphique Spirou en rendant un Spirou un peu plus jeune, plus dans son temps et donc un Spirou plus credible.
En ce qui concerne les sentiments (le troisieme element essentiel a mes yeux), Fournier va plus loin que Franquin. Un theme sentimental nouveau arrive avec Ororea (Jeannette Pointu avant l’heure ?), qui pour la premiere fois introduit une vraie personalite feminine dans l’entourage de Spirou, avec les compexites relationnelles qui en decoulent. Fantasio, qui s’effacait peu a peu vers la fin de la periode Franquin, revient en force juqu’a voler la vedette au heros-titre dans Kodo le tyran. De son cote, Spip nous offre un nouveau point d’ancrage, qui, sans remplacer le Marsupilami, reste cependant tres original. Les remarques de Spip servent de contrepoint au dialogue, offrant au lecteur une « voix-off » qui permet soit de dedramatiser les moments intenses, soit au contraire de balancer l’emotion degagee par certaines situations. Dans ce sens, le Spip de Fournier est tres theatral, ce qui, aide par des cadrages relativemnt sobres, renforce l’atmosphere classique des albums.
Donc, pour me reprendre, j’estime que Fournier a su faire progresser l’univers poetique, l’environnement graphique et la profondeur des personnages. En ce sens, il a su non seulement reprendre la serie avec succes, mais a su la faire progresser de maniere efficace.
Souvenons nous des circonstances de son arret. Fournier prenait du temps. Trop pour certains. Les editions Dupuis ont voulu lui forcer la main pour accelerer sa production. Apres avoir envisage la mise en place d’un studio Spirou, Fournier a prefere passer la main. (Didier Pasamonik - avec son savoir encyclopedique - pourrait nous donner plus d’indication sur ce qui s’est reellement passe, car je n’ai moi meme que peu d’indications a ce sujet). L’essentiel etant que Fournier, sentant qu’il ne pouvait assurer la meme profondeur a ses albums sous les nouvelles conditions proposees, prefera laisser Spirou continuer sa course sans lui.
Voilà donc pour mes « two cents » (comme on dit ici chez moi aux Etats Unis) sur le Spirou de Fournier, qui merite bien d’etre defendu de temps en temps. J’attends avec impatience la nouvelle mouture Spirou de Septembre, car il me semble, d’apres la bande annonce en Flash proposee sur le site Dupuis que les nouveaux auteurs reprennent le flambeau avec les honneurs.
B.H.
Ps : Parlons un peu des coloristes. Qui coloriait Franquin ? Et les auteurs suivant ? Qu’est devenu Jidehem ? Qu’elle est la veritable histoire du « studio Spirou » ? Fournier avait-il des scenarii d’avance lorsqu’il a min fin a Spirou ? Qui a vole le Lion de Bellfort ? Didier, au travail, que diable !!!
J’avais entendu celà aussi ! Production lente pour Fournier, malgré de grandes qualité, donc exit.
Fournier avait illustré lui même son éviction dans un vieux spirou, évoquant même que certains lui reprochait d’être Breton, lent, et de .. puer des pieds : )))
Humour ou pas, pour les pieds, aller savoir ?
Ouaip enfin les albums de Nic Broca et Cauvin, ils sont loin d’être les plus réussis hein... Sont même carrément mauvais !