Actualité

Encore une « larcenèterie » de Manu Larcenet

24 juin 2011 19 Commentaires
✏️ Manu Larcenet 🛒 Acheter

En Mars 2010, Jean-Claude Mézières déclarait à ActuaBD qu’il n’était pas opposé à ce que d’autres auteurs apportent des « miroirs déformants » sur Valérian et Laureline, les personnages qu’il a créés avec Pierre Christin. Il n’y mettait qu’une seule condition : « Je ne veux pas qu’un dessinateur fasse du sous-Mézières ! ».

Au travers cette petite phrase d’apparence innocente, le dessinateur parisien nous dévoilait un coin de l’ambitieux cahier des charges mis en place par Dargaud autour de la saga de science-fiction créée dans Pilote en 1968.

En surfant sur le site d’information d’un groupement de libraires néerlandophones, De Stripspeciaalzaak, nous tombons sur quelques images d’un prochain album de Valérian vu parManu Larcenet. Nous n’étions donc pas surpris.

De passage aux éditions Dargaud à Bruxelles, le rédacteur en chef d’ActuaBD, Nicolas Anspach, en parle à l’attachée de presse de l’éditeur et annonce qu’il a l’intention de publier une brève à partir de ces éléments. Celle-ci s’en trouve ravie. Après tout, l’album sortant en octobre, il est normal de commencer à en faire le buzz. Nous sommes contents car, dans notre rédaction, nous affectionnons particulièrement Mézières et Christin. Il faut noter que cette info est loin d’être un scoop : elle traîne sur les forums depuis des mois et Larcenet a rendu ces pages publiques sur son propre site depuis janvier dernier (Il vient subrepticement de les retirer).

ActuaBD ne devait-il pas en informer ses lecteurs ? Bien entendu, comme toujours lorsqu’un album est dans sa phase promotionnelle et en application de l’exception du droit de citation que nous accorde la loi sur le droit d’auteur (ces visuels sont montrés quotidiennement aux libraires qui prennent les commandes pour l‘album), nous publions des images qui viennent appuyer cet article d’actualité. Aucune des images publiées sur ce site n’ont fait l’objet d’un accord préalable de publication, comme il est de règle dans la presse. Même nos amis de Moulinsart ont compris cela.

« The French "comics mafia" »

Quelques minutes après la publication, nous recevons un mail embarrassé de Dargaud (Paris) nous demandant gentiment de retirer ces visuels. Comme c’est demandé gentiment, nous nous exécutons. Nous trouvons cela un peu bizarre et nous en faisons part à nos lecteurs. « Encore une larcenèterie ! » écrit Didier Pasamonik, notre éditeur adjoint, en réponse au service de communication de l’éditeur.

Il ne croit pas si bien dire : quelques minutes plus tard, Sa Suffisante Punkitude vient poster lui-même en-dessous de l’article : « Ce qui est bizarre, c’est qu’il est bien spécifié sur mon site que toutes les images sont copyright et qu’il est interdit de les diffuser hors de leur lieu d’origine. Manifestement, vous ne vous êtes pas plus embarrassé de scrupules que tous les autres qui eux, entre parenthèse, ne sont pas des journalistes, pour piquer ces images sans prendre même la peine d’en demander l’autorisation. Voilà ce qui est bizarre, même venant de vous. » écrit-il.

Un Nick Rodwell des pâturages

Là, il est nécessaire de faire un petit rétroacte. Colérique et incontrôlable, comme le témoignaient naguère les Inrockuptibles, SSP Larcenet a les critiques et les forums de BD dans le collimateur depuis longtemps. Il a même fait une BD pour tourner les critiques en ridicule (Critixman, Les Rêveurs). Rien à redire, c’est son problème et c’est son droit.

Là où il commence vraiment à nous les brouter, c’est qu’en Nick Rodwell des pâturages, beaucoup moins connaisseur du droit que lui, il se pique de mettre des copyrights partout (un truc anglo-saxon) et s’arroge le droit même de faire retirer des images qui ne lui appartiennent pas.

Il avait déjà tenté le coup chez nous en exigeant de nous faire retirer un dessin de Joann Sfar. Nous avons raconté toute l’histoire dans un article à ce propos. Même le dessinateur du Chat du Rabbin en était embarrassé. L’affaire défraya la chronique jusqu’en pays étrangers, comme dans cet article au titre évocateur : « The French « comics mafia » and other follies », lequel ne se gêna pas de reproduire le dessin litigieux.

On vous passe les charges et autres invectives qui ont fait suite sur le blog d’un auteur qui adore accuser les autres de malhonnêteté alors que, pour sa part, il y publie des vidéos musicales sans demander l’autorisation préalable de quiconque. Que fait l’Hadopi ?

Des personnages et un univers qui ne lui appartiennent pas

Dans cette affaire-ci, même chose : SSP Larcenet prend en otage les personnages de Mézières et Christin qui ne lui appartiennent même pas et prétend que ce dessin est sa propriété. Or, là encore, c’est un mensonge. Il en est, au mieux, co-propriétaire puisqu’il en a cédé les droits aux éditions Dargaud et que Mézières et Christin en sont les co-auteurs.

Sa Suffisante Punkitude préfère publier seul ces images sur son blog, pérorant de façon méprisante sur les journalistes, pleurnichant sur sa triste condition d’auteur best-seller, faisant le siège d’honnêtes attachées de presse qui, pour ne pas faire de vague, en sont réduites à demander gentiment à des sites comme les nôtres de retirer des images dont il s’arroge la propriété exclusive, alors que nous ne faisions que d’en faire la promo.

Que la chose soit écrite : les vraies victimes de cette affaire-là ce ne sont certainement pas SSP Manu Larcenet et son œuvre, ce sont Valérian, Laureline, Mézières et Christin, pris en otage par un égo insupportable qui a tout simplement peur que l’on critique son travail.

Il va falloir pourtant le faire, le moment venu...

Nicolas Anspach et Didier Pasamonik

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.


🛒 Acheter

Code EAN :

 
Participez à la discussion
19 Messages :
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD