La sociologue Evelyne Sullerot vient d’être est élevée à la dignité de grand officier de la Légion d’Honneur. Elle avait fondé en 1955 une association de femmes pour promouvoir le contrôle des naissances qui devint ensuite le Mouvement Français pour le Planning familial. La "Directive européenne sur l’égalité de traitement entre hommes et femmes" est également un produit de son activité militante.
Le rapport avec la BD ? Elle est l’auteure d’une communication, « faite « à titre privé » en tant que vice-présidente du CELEG (Centre d’Etudes des Littératures d’expression graphique – Club de bandes dessinées) lors du premier Salon international des bandes dessinées à Bordighera (21 février-2 mars 1965) où ont eu lieu les premières tables rondes sur la BD en Europe.
Parlant de la bande dessinée et de la culture, elle y écrit : « Si les tenants de cette culture cultivée [1] d’élite nous méprisent, nous, nous ne les méprisons pas, bien loin de là, puisque nous sommes aussi des leurs, puisque nous réclamons le droit d’avoir le don d’ubiquité et de pouvoir puiser plaisir dans deux domaines que nous n’estimons pas contradictoires. Seulement, nous sommes très désarmés quand il s’agit de convaincre un ami qui nous dit que les bandes dessinées sont vulgaires. Peut-être parce que nous n’avons pas suffisamment réfléchi au problème. » [2]
Près de 4O ans plus tard, le Centre National de la Bande Dessinée et de l’Image s’inquiétait encore de savoir si la BD était « un bien ou un mal culturel », signe que le « complexe culturel » de la BD n’est pas encore résolu par ses thuriféraires-même.
Félicitons cette grande dame pour avoir mis la bande dessinée parmi les nobles causes qu’elle a bien voulu défendre.
DP
[1] Un terme qu’elle déclare emprunter à Edgar Morin. NDLR
[2] Bandes dessinées et culture, brochure éditée par Paul Winkler et Opera Mundi, Paris, 15 mai 1966.
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