Dans la bande dessinée indépendante nord-américaine, pas trop mal connue en France, nous manquions cependant depuis longtemps dans les rayons d’une pièce essentielle. Après Robert Crumb, Art Spiegelman, Chris Ware, ou Daniel Clowes, c’est Peter Bagge qui, enfin, débarque en français. Édité par Revival dans une édition complète de mille pages, Hate était le comic book alternatif le plus vendu aux États-Unis au milieu des années 1990.
Dans Hate, Bagge met en lumière la génération grunge des années 1990 à travers son alter ego autofictionnel. Il plonge le lecteur au plus profond de cette période caractéristique de révolte et de contre-culture.
Nous suivons donc Buddy Bradley, un gros feignant avec un vague look à la Gaston Lagaffe dominé par le sentiment qui donne le titre à l’album : il déteste la société, les parents, le travail et toute forme d’autorité arbitraire. Il s’agit néanmoins d’une haine "gentille", à la limite du pathétique, devenant ainsi le ressort principal de l’humour dévastateur et caractéristique de l’œuvre. Notre héros est entouré d’un certain nombre de personnages qui lui rendent bien cette haine, qu’ils soient losers, camés, starlettes d’un jour, musiciens ratés ou banlieusard en goguette.
Ce comic book raconte l’histoire d’une génération, celle qui écoutait des good vibrations ponctuées de "No Future" ou de "Punk is not dead".
Hate est aujourd’hui (ré-)édité par les éditions Revival, les éditeurs des Cahiers de la bande dessinée, en trois tomes de plus de trois cents pages chacun. Joli travail !
TS & rédaction
Hate, tome 1 de Peter Bagge
328 pages en NB, relié — 29 €
2 tomes à paraitre fin 2022 et 2023
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