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L’Affaire Tintin au Congo tourne à la farce judiciaire

27 avril 2010 6 Commentaires
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On connaît le combat mené par M. Bienvenu Mbutu Mondondo contre Tintin au Congo jugé, selon lui, « raciste », et qui avait fait l’objet d’une plainte à l’encontre de Moulinsart. Il avait même été jusqu’à écrire au Roi des Belges.

Récemment, M. Mbutu avait saisit le Tribunal en référé pour l’obliger à statuer sur cette question. La date de l’audience avait été fixée pour demain, le 28 avril 2010.

Mais elle n’aurait pas lieu pour d’étonnantes raisons que nous indique un communiqué de Maître Jean-Claude Ndjakanyi, ancien conseil de M. Mbutu : «  L’audience prévue pour le 28/04/2010 n’aura probablement pas lieu parce que la SA Moulinsart, détentrice des droits d’auteur sur Tintin, a exigé conformément à l’article 851 du Code judiciaire, une caution de 50.000,00 € au plaignant avant toute procédure au civil. C’est ce qu’on appelle en droit « la caution de l’étranger demandeur. » Le plaignant n’est manifestement pas capable de payer cette somme. Il est au chômage. »

Exit Mbutu Mondondo ?

Par ailleurs, toujours selon Me Ndjakanyi, le citoyen congolais vivant à Bruxelles devrait essuyer plusieurs procédures à son encontre :

L'Affaire <i>Tintin au Congo</i> tourne à la farce judiciaire De la part de l’Institut des comptables et réviseurs, laquelle étudierait « la possibilité d’engager une action en justice contre monsieur Mbutu qui se présente comme comptable alors qu’il n’a pas de diplôme requis et n’a jamais fait les études conduisant à la profession de comptable. »

- De la part du Bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles, M. Yves Oschinsky, lequel a mis M. Mbutu en demeure de payer les honoraires de l’avocat Jean-Claude Ndjakanyi « qui a constaté avec surprise, que son client se soit présenté à lui comme comptable, alors qu’il est au chômage depuis presque dix ans. » Le Bâtonnier menace de trainer M. Mbutu en justice, si les honoraires de l’avocat ne sont pas payés d’ici à quinze jours. Un conflit semble ouvert entre M. Mbutu et son propre avocat : « J’ai décidé, en concertation avec Me Gilbert Collard, de ne plus assurer la défense de monsieur Mbutu, qui devra se contenter des services d’autres avocats moins coûteux. » nous signale Me Jean-Claude Ndjakanyi dans un communiqué qui ne ménage pas son client.

Cela ne signifie pas pour autant la fin de la procédure contre Tintin au Congo affirme néanmoins Me Ndjakanyi qui précise : « Je continue cependant d’assurer la défense de monsieur Yves Okota qui est aussi plaignant dans l’affaire et qui pourrait payer la caution sus-indiquée la semaine prochaine. Je compte obtenir une date d’audience la semaine prochaine. »

Un nouveau porte-drapeau ?

M. Yves Okata reprendrait le flambeau laissé par M. Mbutu ? Ce nom n’est pas inconnu. Son conseil nous informe que, résidant à Kinshasa, M. Okata est « conseiller honoraire au ministère congolais des affaires étrangères ». Un coup de surf sur le Net indique, en recoupement, que ce diplômé de l’Université de Poitiers est un spécialiste de la sécurité et l’intelligence industrielle pour l’Afrique et l’Europe, ancien consultant pour les gouvernements français et congolais, conseiller diplomatique et politique du Ministère des Affaires étrangères de la République du Congo. Il a notamment travaillé pour Renault en Centre-Afrique.

Selon Me Ndjakanyi, il serait pour sa part prêt à « payer la caution sus-indiquée la semaine prochaine », continuant la procédure.

Du côté de Moulinsart, on en perd son bruxellois : Me Ndjakanyi ne ferait pas partie des avocats signataires de la saisie en référé qui a lieu demain et pour laquelle, vraisemblablement, un report est attendu : les pièces n’ayant pas été communiquées aux conseils des ayant droits de Tintin. Pour une action en référé sensée statuer sur l’urgence, c’est plutôt paradoxal… L’apparition du nom de M. Okata dans le dossier semble lui aussi susciter de l’étonnement. Il ne figurerait pas non plus jusqu’ici dans la procédure.

Quelles sont les motivations des acteurs de cette histoire qui tourne de plus en plus à la pantalonnade judiciaire ? On se le demande. S’il est, à nos yeux, légitime qu’un citoyen saisisse un Tribunal pour qu’il statue le bien-fondé d’une accusation de racisme pour une œuvre aussi notoire que celle de Tintin, il faudrait, pour que le jugement soit équitable, que la partie plaignante expose les arguments juridiques qui viennent nourrir son dossier, chose qu’elle a été incapable de faire jusqu’à présent.

Il semble bien, jusqu’ici, que « L’Affaire Tintin au Congo » soit davantage un nouvel épisode des aventures du reporter à la houppe qu’une réelle affaire judiciaire.

DP

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