Nous vous signalions en mai dernier le malaise justifié des auteurs de bande dessinée durement frappés par les violentes mutations du marché de la bande dessinée.
La Charente Libre nous en apporte une nouvelle illustration qui interroge quatre auteurs angoumoisins et pas des moindres : Isabelle Dethan, Mazan, Turf et Bruno Maïorana.
Isabelle Dethan constate que "ses revenus ont été divisés par deux". Les quatre auteurs constatent une baisse des tirages qui impacte négativement sur leurs revenus et sur la vie du livre.
La question se pose : comment les éditeurs d’en sortent-ils alors ? Allons-nous vers un écroulement généralisé du marché ? Dans les forums, des libraires aussi font état de leur paupérisation.
Nul doute que le Festival sera l’occasion pour l’un et l’autre de s’exprimer à ce sujet cette année.
DP
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Comment s’en sortent les éditeurs ? Mais ils scient eux même la branche sur laquelle ils sont assis depuis 3 ou 4 ans, en surproduisant à tout va, donc, ce sera paupérisation des auteurs d’abord, c’est bien bien avancé, ensuite ce sera le tour des éditeurs, forcément. La grande lessive.
Moralité, à court terme il y aura toujours autant d’albums, mais ils seront de moins en moins bonne qualité, car la qualité demande du temps, et l’auteur a besoin de gagner sa vie en faisant son métier. On aura toujours les amateurs qui feront éditer leur blog, mais les belles séries aux scénarios chiadés et aux pages travaillées, c’est fini.
Il ne faut pas oublier que les éditeurs prennent un bien plus gros pourcentage sur le prix de vente que celui accordé aux auteurs. Donc, même si le nombre de ventes n’atteint pas le seuil de remboursement de l’avance sur droits versé à l’auteur, l’éditeur dans l’immense majorité des cas rentre dans ses frais, et il gagne encore de l’argent avant de devoir verser des droits supplémentaires à l’auteur. Si les ventes atteignent et dépassent le seuil au delà duquel il verse enfin des droits à l’auteur, l’éditeur est très content, car il gagne encore plus d’argent et son auteur est content, c’est tout bénéfice.
Mais comme l’éditeur doit un peu bosser pour que les ventes soient conséquentes (publicité, attachés de presse), il se contente la plupart du temps de sortir les albums sans rien faire de plus, hors, même les séries qui ont un public ont des ventes qui s’érodent, il est bon d’accompagner les sorties, d’assurer la distribution et le réassortiment rapidement, car chaque vente perdue reste perdue.
Faire croire à un auteur que s’il n’atteint pas le seuil de remboursement des avances sur droits, il n’est pas rentable et coûte de l’ argent à son éditeur est un mensonge. Ce mensonge sert désormais à réduire le montant des avances, c’est scandaleux, comment faire un livre pour moins de 5000€, c’est ridicule comme somme, comment vivre avec si peu, payer un loyer, l’électricité, le gaz, le téléphone, la bouffe, les fringues ?
C’est totalement faux. Lisez un peu les articles et réactions d’actuaBD. L’éditeur édite bien souvent à perte. Les ventes ne couvrant même pas le seuil de rentabilité des seuls frais d’impression ! Ca a été démontré par A + B avec chiffres et pourcentages à l’appui, dans un article précédent ( http://www.actuabd.com/Le-Marche-de-la-BD-en-2011-1-2 ). Les grands éditeurs vivent de blockbusters et produits dérivés (articles, dessins animés ...). Les petits éditeurs crèvent. L’auteur, en cas de bide (qui empêche de remplir le sien, du coup), ne perd rien (sinon le temps de réalisation, et ce n’est pas rien non plus).
L’auteur, en cas de bide ne perd rien
Tout le temps de faire un livre complet sans être payé c’est rien pour vous ?
je pense qu’il voulait dire "en cas d’avances versées". euh d’avances versées et correctes, ça c’est encore un autre problème.
"La question se pose : comment les éditeurs d’en sortent-ils alors ? Allons-nous vers un écroulement généralisé du marché ? Dans les forums, des libraires aussi font état de leur paupérisation."
Plein d’idées d’articles et d’interviews dans ce paragraphe... Il est temps que les rares médias qui s’intéressent à la bande dessinée se penchent sur ces questions plus qu’une fois par an à l’occasion du rapport Ratier...
La question se pose : comment les éditeurs d’en sortent-ils alors ?
Bruno Maiorana y répond clairement ( dans la vidéo, qui vient d’être jointe à l’article ce matin ) Les éditeurs s’en sortent très bien, en se faisant pleins de pognon sur pleins d’auteurs, car sortant des tonnes d’albums, les petits ruisseaux etc ... Ce que m’a toujours confirmé une mienne amie qui a été longtemps secrétaire comptable chez un éditeur.
Quand tu perds de l’argent à chaque album que tu sors, tu as beau en sortir plein, c’est pas ce qui va arranger les choses... quand un album est rentable aux alentours de 7000 exemplaires et que la moyenne d’une sortie actuelle est de 3 à 4000, tu ne gagnes pas d’argent. Bien sûr, il y a toujours les best sellers qui compensent. mais tous les éditeurs n’en n’ont pas, c’est rien de le dire...
quand un album est rentable aux alentours de 7000 exemplaires
Aucun album n’est rentable qu’à 7000 exemplaires, vous mentez, 700 serait plus proche de la réalité.
Évidemment que quasiment aucun album ne provoque de perte, c’est un mensonge de dire le contraire, même un livre sorti à 700 exemplaires ne fait pas perdre d’argent à l’éditeur.
Un éditeur qui fonctionnerait comme vous le fantasmez ne tiendrait pas 2 mois.
Fred, je rêve de connaître ton professeur de gestion. Alors on va faire simple. Si tu ne comprends pas les mots demande à des grandes personnes. Un album coute de l’argent à imprimer. ça coute plus d’un euro par album et ce, sur des tirages normaux. Il y a des frais fixes. ça s’appelle les salaires des employés de la maison d’édition (si, si, il faut les payer), ainsi que les loyers et je ne te parle pas des impôts. ensuite, il y a les auteurs qui sont payés en avance sur droits. donc en avance. Et l’éditeur, sur l’album ne touche que 40% grosso modo. Alors c’est comme tu veux, mais sur des albums de création franco belge normaux, diffusés en librairie, avec ne serait-ce qu’un tirage à 5000 (5000 euros au minimum). il faut déjà en vendre 1000 pour amortir les frais d’impression... ensuite, il y a les auteurs... 350 euros la page, et on parle pas d’auteurs stars, là, juste en avance, ça fait 16000 euros sur un 46 pages, donc 3500 exes pour l’amortir... et là, tu n’as pas payé un centime de salaires... (sans compter qu’avec un tirage de 5000, tu en as vendu mécaniquement plutôt 3500 qu’autre chose... les retours, ça s’appelle.) Et tu vois, avec un tirage de 5000, pour l’instant, tu perds de l’argent...
Donc, 700, je t’assure, dans une économie réelle où tous les acteurs essayent d’en vivre et pas juste dans tes rêves, ce n’est pas rentable... Mais c’est comme tu veux, hein...
(alors oui, sur des albums à 30 euros qui racontent la vie de l’auteur qui s’auto-édite et qui d’ailleurs ne se paye pas et ne paiera pas l’imprimeur, 700, c’est sûrement possible...)
ensuite, il y a les auteurs... 350 euros la page, et on parle pas d’auteurs stars, là, juste en avance, ça fait 16000 euros sur un 46 pages,
J’aimerai bien savoir qui sont les éditeurs qui accordent encore de telles avances sur droits, ce sont des chiffres d’il y a 10 ans ça, 15 ans même. Des noms ; donnez-nous les noms de ces "généreux" éditeurs !
350 euros la page, dessin-scénario-couleur, c’est la moyenne chez Glenat Dargaud, Dupuis, Lombard, Delcourt, Soleil, Casterman et les autres éditeurs de cette catégorie, pour des albums 46 pages...
Plus maintenant, renseignez-vous, vos chiffres datent. Même avec une série de plusieurs tomes c’est revu à la baisse, moi je suis à 250€ brute la page aujourd’hui, et discutant avec des collègues je m’aperçois que c’est pas encore trop honteux.
220 euros, avant agessa pour moi, tous mes collègues sont grosso modo dans cette tranche aussi, alors le coup de " il faut 7000 ventes pour amortir un livre ", à d’autres ... Il nous tireraient presque des larmes ce Christophe :)
220 euros tout compris scénar dessin couleurs ? sans part de fixe ? pour un 46 pages couleur ? je t’en prie, dénonce ton éditeur... ça évitera à d’autres de se faire enfler.
Moi je suis à 200 € la page (brute, du coup c’est plutot 185 net), le tarif pourrait allé si je travaillais plus vite, mais je suis un lent, pas moyen de sortir plus d’une page correcte par semaine( dessin réaliste, 4 strips, scénario et couleurs compris)). Avec un style jeté je pourrais en faire 3 par semaine et ça serait un bon revenu, encore faudrait-il avoir plusieurs contrats par an et les enchainer, ce qui n’est pas le cas.
Je vous bat tous, on m’a proposé dans la série "tout sur ... " 2000 euros pour un 46 pages, que des grands dessins couleurs pleines pages avec proverbes, mais poussés quand même les dessins, avec proverbe à trouver, ce qui faisait 43 euros le dessin, avant les charges bien sur, plus la couverture et la 4eme gratuit. J’ai refusé, mais une semaine après un autre auteur s’y était collé.
Faut sortir les gars, faire des festivals ou bouffes entre auteurs, vous en entendrez des vertes et des pas mures :)
Si les éditeurs sont tellement en déficit, comment peuvent-ils, en plus de s’accorder un confortable salaire mensuel, payer un stand à Angoulême, inviter plein d’auteurs en leur payant : le transport, l’hébergement et les repas au restaurant ? Ca fait beaucoup d’argent à sortir pour des types qui lui coûtent déja, selon vous, beaucoup d’argent.
et c’est reparti pour une nouvelle grande discussion, un running gag qui commence vraiment à être lassant. "Ayez un boulot en plus de votre activité d’artiste" voilà tout ce qu’il faut dire.
Exactement ! Et en parallèle de ce travail alimentaire, faites éditeur, qu’on rigole un peu. Les conseilleurs, ne sont pas les payeurs.
L’impression à la demande, proposée par un auteur, sur son site internet changera la donne.
Les éditeurs sont en train de se tirer des balles dans leurs pieds... Plus dure sera la chute face à tant de mépris.
Encore faut-il déja avoir un lectorat fidèle, sinon votre famille vous en commandera 2 ou 3 et basta !
Il me semble que certains auteurs peuvent s’en sortir correctement en revendant des dessins ou des planches... Les classiques devenant impayables, il y a de plus en plus d’auteurs moins connus qui attirent les collectionneurs... Deux petits exemples personnels, sans citer de noms : une très belle aquarelle d’un dessinateur achetée il y a 3-4 ans à 75€...Le même format et style de dessin de cet auteur est aujourd’hui vendu 250. Autre exemple : achat il y a deux ans d’une planche d’un auteur "alternatif" à 400. Vente de planches du même auteur chez Millon en novembre dernier à 2500... Vous connaissez également la polémique sur les dédicaces de Delaby ou Xavier revendues à prix d’or sur eBay... Bien sur, tous les dessinateurs n’attirent pas forcément les collectionneurs ou simples amateurs d’art, cela relativise toutefois le propos de l’article...
Parceque vous pensez sérieusement que quand un album dédicacé de Delaby ou Xavier se revend à prix d’or sur EBay, ceux-ci touchent quoi que ce soit dessus ?
Désolé si je casse un mythe,mais ces albums ont tous été (sauf exeption) dédicacés gratuitement par les auteurs en question, et lorsqu’ils sont revendus, ils n’enrichissent que les spéculateurs à la petite semaine, dont la démarche est largement discutable.
je n’ai bien entendu pas dit que les auteurs de dédicaces gagnaient sur les ventes d’albums dédicacés sur eBay. Par contre, ces ventes donnent une idée sur la valeur de leurs dessins s’ils les vendaient par eux-même en direct, ou via eBay...
désolé de casser l’ambiance mais Ronald Searle est dead !
merde , un grand encore qui disparait !
....
Non mais je rêve, comme si on avait pas autre chose à foutre que représentant de commerce pour "s’en sortir"...
On devrait nous foutre la paix et nous payer correctement pour faire ces bd qui font vivre un paquet de monde ! Rien qu’a Angoulême, entre organisateurs, asso machin, commissaires, musée, y’a combien de personnes qui vivent à plein temps de la bd sans en faire...ça fait pas mal j’imagine...
Alors encore une fois, qu’on nous paye correctement ou qu’on ne nous édite pas mais surtout qu’on ne ne nous oblige pas à je ne sais quel numéro d’équilibriste pour "s’en sortir"..
Vous avez bien raison, pour vivre de la BD, il faut mieux être éditeur,organisateur, commissaire d’expo, de musée, tenancier de galerie, spécialiste pour salle de vente etc qu’auteur. C’est l’auteur qui créait ex-nihilo la matière première, mais ce n’est pas lui qui en tire profit, c’est vraiment le dindon de la farce.
Si on regarde la bibliographie de ces auteurs il semble juste de dire que se sont des "auteurs Delcourt". Est-ce que leur mécontentement vise précisément cet éditeur ?
Ecoutez, oui peut-être ! Il suffit de voir que cet "éditeur" a publié 840 livres en 2011, donc c’est lui qui inonde en premier les libraires de livres bof-bof ! Car après tout, à part les Légendaires et un Lanfeust, il n’a pas eu de gros succès en 2011, si j’en juge d’après les chiffes fournis par Monsieur Rattier
Lanfeust c’est chez Soleil, pas Delcourt.
Soleil-Delcourt, c’est la même maison maintenant.
« Comment devenir très vite millionnaire en faisant de la BD ?
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