La collection Marcel Pagnol des éditions Grand Angle, avec onze albums à son actif et plus de 200 000 ventes, est bien installée dans le paysage éditorial. Le rythme des publications se poursuit d’ailleurs régulièrement. Insuffisant manifestement pour les auteurs qui lancent un pari audacieux : publier un album dans la langue parlée de l’époque, le provençal.
Un récent sondage de l’INSEE indique que, pour la seule ville de Marseille (880 000 habitants), 70 000 personnes parlent le provençal et 300 000 le comprennent. Cette langue est d’ailleurs enseignée dans quelques écoles, collèges et lycées du Sud-Est. Il n’en faut pas plus à Serge Scotto et Eric Stoffel, les co-scénaristes de l’ensemble des adaptations de la collection Marcel Pagnol, et eux-mêmes provençaux, pour tenter l’expérience d’une publication en provençal.
Rappelons que c’est Frédéric Mistral qui donne à cette langue ses lettres de noblesse en obtenant le Prix Nobel de littérature en 1904 pour son oeuvre.
Le choix de l’album La Gloire de mon père tombe sous le sens : outre le fait d’être le premier de la collection, il a grandement participé à son succès par ses réelles qualités artistiques et scénaristiques.
Le pari de la traduction a été relevé par Jean-Michel Turc, professeur de langue provençale en collège et lycée et président de l’Ensemble culturel provençal Lou Grihet dou Plan-dei-Cuco. Il précise d’ailleurs que la traduction a été faite dans la variante dialectale marseillaise du provençal (c’est pointu !).
Si l’on ne trouve dans l’oeuvre de Pagnol que quelques expressions en provençal, il n’en est pas moins vrai que la majorité de ses protagonistes le parlaient au quotidien. Après tout, pourquoi ne pas proposer de redécouvrir cette langue ou d’en approfondir sa connaissance à travers un album de bande dessinée ? Nous ne pouvons ici que saluer l’audace du pari et la qualité de cette collection.
JB
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