J’aime le mot "confidentiel" car il contient celui de "confidence", un doublet de "confiance". Michaël Matthys, né en 1972, est un auteur confidentiel puisqu’il publie au Frémok des œuvres qui ne se destinent pas aux supermarchés et qui broient du noir : celui des charbonnages dont il pouvait voir la fumée et les terrils de sa fenêtre carolorégienne.
Ses lecteurs ne sont que quelques centaines mais pour eux, son nom est fameux : c’est l’auteur de Molloch (2003) qui célèbre les lueurs infernales des aciéries de Cockerill et dans les pages desquelles la forge happe le lecteur de sa gueule dévorante ; c’est aussi celui de La Ville rouge (2009), celle qui abrita l’ogre (Dutroux), et dont toutes les planches sont d’hémoglobine -du sang de bœuf récupéré aux abattoirs ou, quand l’auteur se représente lui-même, de son propre fluide sanguin ; c’est celui de Je suis un ange aussi (2009), qui interroge : - Savez-vous pourquoi nous sommes en vie aujourd’hui ?
On l’a compris, les images du plasticien et auteur de BD Michaël Matthys sont fortement habitées. Elles offrent un récit poétique aux atmosphères implacables, où l’oxygène se fait rare.
On peut voir ces jours-ci à la Galerie Thévenet de nouvelles compositions au fusain de grand format intitulées "The Black Rider", où le noir flamboie laissant percer parfois des halos fantomatiques comme de lointains cris d’enfants.
DP
Jusqu’au 21 avril 2012 à la Galerie Jean-Marc Thévenet, 22 rue de Montmorency, 75003 Paris. Du mercredi au samedi de 14h30 à 19h30. Infos : contact@jeanmarcthevenet.com.
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Voir en ligne : Michaël Matthys sur le site du Frémok
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