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Mort d’Henri Kichka, rescapé de la Shoah et personnage de bande dessinée

26 avril 2020 Commenter
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DISPARITION. Beaucoup d’entre vous le connaissent : il était le personnage central de l’album de Michel Kichka, « Deuxième Génération – Ce que je n’ai pas dit à mon père » (Editions Dargaud), sans doute après « Maus », l’un des plus émouvants témoignages du traumatisme de la Shoah. Il vient de mourir du Covid-19 à Bruxelles à l’âge de 94 ans.

Henri Kichka -le fameux père à qui son fils n’avait pas tout dit- s’est mis tardivement à témoigner sur ce qu’il avait vécu, la barbarie nazie : il avait une vie à reconstruire et il avait coutume de dire que sa plus belle vengeance contre ses bourreaux était d’avoir engendré plus de vies qu’ils ne lui en avait enlevées : il avait en effet perdu père et mère, frères et sœurs, dans cette catastrophe.

Mort d'Henri Kichka, rescapé de la Shoah et personnage de bande dessinée
Michel et Henri Kichka à Tel Aviv en 2011.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Henri Kichka vient de disparaître dans son home bruxellois de « L’Heureux Séjour », à l’âge vénérable de 94 ans, victime du Covid-19. Voici quelques jours, nous racontions son désespoir de se trouver confiné sans pourvoir voir ses enfants et ses petits-enfants autrement que par Skype, ne comprenant pas pourquoi il devait garder la chambre, traitant avec humour le virus d’« antisémite ». « Un petit Coronavirus microscopique a réussi là où toute l’armée nazie avait échoué, peut-on lire depuis hier sur le Blog de Michel Kichka. Mon père avait survécu à la Marche de la Mort. Mais aujourd’hui a pris fin sa Marche de la Vie. »

L’arbre généalogique d’Henri Kichka. Sa vengeance contre les nazis.
© Kichka

Des milliers de jeunes Belges l’avaient rencontré ces dernières années car il venait témoigner inlassablement dans les classes. Il avait, comme son fils qui a hérité de cette disposition, un incontestable charisme. La transmission était devenu sa mission, refusant de voir mourir ses proches une deuxième fois du fait de l’oubli. Il a témoigné jusqu’au bout, devant les caméras lorsque ses aptitudes physiques l’empêchèrent de pérégriner dans les classes ou jusqu’à Auschwitz où il accompagnait des élèves et leurs enseignants.

"Deuxième Génération – Ce que je n’ai pas dit à mon père" de Michel Kichka. Un hommage à Henri.
© Michel Kichka / Dargaud.
Henri Kichka par son fils Michel.
© Kichka

J’ai passé une soirée avec Henri Kichka dans la maison accueillante de son fils Michel qui réside à Jérusalem. Henri avait cette caractéristique, un vice pourrait-on dire : le calembour, le jeu de mots. J’en fais l’aveu : c’était très amusant... au début. Car ils tombaient comme à Gravelotte, toutes les 30 secondes. Il fallait suivre, et tous n’étaient pas bons ! Mais ils traduisaient un état d’esprit : celui de ne rien prendre au tragique. Le rire contre la mort, le rire comme l’arme la plus protectrice, la plus redoutable contre l’absurde, l’imbécillité, la barbarie. J’imagine qu’il a dû pouffer jusqu’au bout de son esprit enjoué, simple et sincère. Quel exemple pour nous tous qui versons si facilement dans l’esprit de sérieux.

Adieu Henri, comme disait l’autre, on t’aimait bien.

Nos sentiments vont à ses enfants Irène et Michel, à leurs familles et à tous ceux qui se souviennent de lui, et ils étaient nombreux.

DP

"Deuxième Génération – Ce que je n’ai pas dit à mon père" de Michel Kichka. Un hommage à Henri.
© Michel Kichka / Dargaud.

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.


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