L’éditeur et activiste culturel espagnol de la BD Josep María Berenguer est décédé lundi d’un cancer à l’âge de 67 ans.
Le fondateur des Ediciones de La Cúpula était le créateur de la revue espagnole Underground El Vibora (littéralement : "la vipère") en 1979, haut lieu de création de la Movida où, après 40 ans de dictature franquiste, toute la jeune bande dessinée espagnole avait fait ses premières classes : le fin Gallardo, le représentant de la Ligne Claire espagnole Max, le subversif Nazario et son incroyable univers de travelos, le très hype Javier Mariscal, Daniel Torrès mais aussi Montesol, Martí, Mediavilla, Alfredo Pons, Roger ou Sento. Pedro Almodovar y publia même un roman-photo.
On y trouvait aussi les signatures de Robert Crumb, Gilbert Shelton, Martin Veyron, René Pétillon, Art Spiegelman, Peter Bagge, Varenne, Liberatore, Munoz & Sampayo ou Charles Burns.
C’était une sorte de mix de Hara Kiri, des premiers Actuel, des premiers Écho des Savanes et des Comix Underground américains : l’amour et la fumette y avaient champ libre, la créativité surtout.
Avec un tirage à ses débuts de 42.000 exemplaires mensuels, c’était l’un des magazines de BD les plus vendus d’Espagne, publiant près de 300 numéros pendant 26 ans, jusqu’en 1995 où elle cessa d’être rentable.
À l’exception de El Jueves, El Vibora a été la revue de BD pour adultes qui a vécu la plus grande longévité en Espagne.
Son label La Cúpula pouvait s’enorgueillir de voir figurer à son catalogue des auteurs comme Joe Matt, Adrian Tomine, Debbie Drechsler, Alison Bechdel, Harvey Pekar...
Personnage charmant et cultivé, Berenguer était un grand connaisseur de la BD francophone et venait régulièrement à Angoulême.
C’est un grand éditeur que la BD vient de perdre.
DP
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.