RAOUL FORT ET VERT. Raoul cauvin, scénariste de tant de séries marquantes de la BD franco-belge, nous a quittés le 19 août dernier. Regrets éternels. Avec son phrasé, son sens de l’observation de ses contemporains, son amour de l’Histoire inépuisable source d’anecdotes : c’était une voix incontournable, mieux une voix tonitruante, de l’humour dessiné. Un fort en gag !
Une voix tonitruante, acerbe, mais mesurée. Toujours. Il avait tiré les leçons apprises après avoir connu les froncements de sourcils de dame censure. Censure d’État avec les restrictions en France, notamment, et celle plus insidieuse mais tout aussi sournoise, finalement, d’un éditeur, entreprise familiale alors, aux convictions religieuses plutôt affirmées. Peu importe, on arrête pas un esprit aussi caustique et frondeur que le grand Raoul, indécrottable gentil, mais véritable vengeur masqué toujours prêt à asséner aux travers d’une époque, une véritable volée de bois vert ! Sacré Raoul.
Oui, sacré Raoul, lui qui avait modéré l’annonce de son prochain décès, à ses fans sur son blog, d’un : "il fallait bien que ça m’arrive un jour." Il pensait l’inconscient, de lui-même et de sa dimension, que cette triste nouvelle allait rester discrète, feutrée. Ben non.
"Sacré Raoul", c’est justement le titre du reportage que la chaîne de la télévision régionale de Wallonie picarde, Notélé, a récemment diffusé en hommage à ce grand créateur : "Fin mai, « monsieur 100 000 gags » avait accordé à Notélé sa toute dernière interview. Présentée dans son intégralité, elle est le fil conducteur de cette émission spéciale dans laquelle se mélangent archives et témoignages inédits.", nous dit-on en présentation.
Dans cette hommage émouvant où défilent dessinateurs et rédac-chefs du Journal de Spirou... on rencontre même papa et maman Cauvin, qui s’expriment sur leur scénariste de fils ! On apprend aussi que le fameux duo d’antagonistes idéologiques, Blutch et Chesterfield, sont tout droit inspirés de Raoul et de son frère, fier militaire de carrière. Devinez qui est qui dans cette affaire ?
On évoque aussi qui, pour Raoul, est son meilleur dessinateur, lui qui a été si bien accompagné... D’ailleurs, oui, qui en fait est son meilleur dessinateur, au prévenant Raoul quoi qu’il arrive ?
On parle aussi de plein d’autres choses, comme de la critique, surtout la nombriliste et exclusive parisienne (elle semble avoir une solide succursale à Angoulême) que Raoul "en...quiquine !" Lui le décidément toujours mesuré.
Ce reportage enfin, est une excellente piqure de rappel pour se souvenir de cet auteur majeur qui va vite manquer, avec son humour puissant mais fluide, intemporel puisque hors mode ou de toute actualité stricte, même si parfaitement observé. Toujours fort et vert, donc.
Raoul Cauvin, un créateur drolatique et tendre sur qui les années glissent même si, hérésie, aucun de ses personnages n’orne les murs, pourtant bien garnis, de la belge Bruxelles - une autre succursale parisienne ? - nous dit Daniel Kox, le dessinateur de L’ Agent 212. Il n’empêche, Raoul Cauvin : un humoriste considérable, un auteur, à lire et à relire... maintenant et pour toujours !
PA
Voir en ligne : L’interview de Raoul Cauvin sur Notélé
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