Mathieu Blanchin, le dessinateur de Martha Jane Cannary, qui retrace la vie de Calamity Jane, a reçu hier le prix « Ouest France » de la meilleure bande dessinée. Une dizaine de lecteurs ont sélectionné cette œuvre, parue aux éditions Futuropolis, parmi une présélection de cinq livres.
En mai dernier, nous écrivions à propos de cet ouvrage : « Les auteurs se sont sacrément documentés pour nous conter la vie de cette femme au caractère d’acier. Certains évènements survenus dans sa vie ne sont relatés que brièvement dans certaines de ses biographies, notamment dans les lettres que l’aventurière a écrite à sa fille. Christian Perrissin [ndlr : Le scénariste] a donc pu laisser libre cours à son imagination, "creuser" ces moments cachés.Mathieu Blanchin a pris le parti d’illustrer ce récit avec un style nerveux et dynamique, usant tour à tour de l’esquisse ou d’une griffe plus réaliste selon les besoins du récit. Ce basculement de style régulier, tout en hachures et lavis, s’opère toujours pour servir la narration. Cette biographie est une réussite qui nous permet de découvrir l’une des figures les plus légendaires de l’Ouest sans sombrer dans la caricature, ce qui n’était pas gagné d’avance ! ».
NA
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Une dizaine de lecteurs ont sélectionné cette œuvre, parue aux éditions Futuropolis, parmi une présélection de cinq livres.
Et qui a présélectionné ces cinq livres ?
Car on est une fois de plus dans le style à la mode initié par Sfar et Blain.
Quelques soient ses qualités, c’est une déclinaison de ce qui a déja marché ces derniers temps, aucune originalité.
L’intérêt de donner un prix ne serait-il pas l’occasion de mettre en exergue une oeuvre originale, une vraie oeuvre d’auteur plutôt qu’un produit éditorial reprenant ce qui a déja fait ses preuves ?
Exact. De plus il ressemble à un imitateur à la mode.
C’est vrai que quand on ne peut choisir que parmi 5 livres, ça oriente beaucoup le choix.
Hou, le vilain Blanchin qui fait que copier Blain pour se faire plein de fric ! Hou, le vilain Futuropolis qui est connu pour être un éditeur qui prospère en ne publiant pas de vrais livres, mais seulement des produits éditoriaux rétrogrades !
Ça pose des questions une info pareille. Moi, ça m’en pose une. Sur ActuaBD, va-t-on devoir se manger ces remarques dites à la « Pincemi » encore longtemps ?
Pour rappel, Mathieu Blanchin publiait déjà une histoire dans le même style dans Lapin N°7 de janvier 1995 alors que La Révolte d’Hop-Frog, et le Carnet Polaire de Christophe Blain ne paraissaient qu’en 1997. Le Réducteur de Vitesse est paru en 1999 et le premier Isaac le Pirate en 2001. Mais, alors… Ce serait Blain, l’escroc ! Le salaud aurait bâti sa fortune colossale sur le talent de ce pauvre Mathieu Blanchin ! Il le mérite bien alors son prix Ouest France ! Ah, le mérite, vertu si cher à ce cher Pincemi. Il y a les auteurs qui méritent, puis tous ceux qui déméritent. Ceux qui ne passe pas suffisamment de temps sur une planche, par exemple. L’auteur de Buck Danny sera toujours plus méritant que Reiser ! Ah, oui Reiser, il se foutait bien du monde avec ses gribouillages dignes d’un gamin de trois ans ! Aucun mérite !
Mais revenons à nos moutons. Nos moutons qui suivent les méritant, qui suivent les vrais travailleurs. Nos moutons qui manigancent leurs plagiats sans talent ! Mais rappelez-moi, est—ce Braque qui a copié Picasso, ou Picasso qui a bassement utilisé les recettes cubistes de Braque. Renoir a tout pompé à Monet, ou est-ce le contraire ? Brel est arrivé sur scène avec ses textes intelligents et provocateurs, et avec sa pauvre guitare, quelques mois après Brassens. Et Barbara a débuté toute de noir vêtue avec des chansons réalistes façon Piaf. Mais Brel et Barbara ne chantaient pas vraiment. Ils nous servaient leurs produits discographiques reprenant ce qui avait déjà fait ses preuves.
Cher Stéphan, vous qui semblez tellement allergique à la bande dessinée de notre temps, je suis certains que n’avez vous aucun livre de la collection Vécu dans votre bibliothèque car elle fut bâtie sur le succès de Bourgeon et de de Juillard et Cothias ! Vous ne possédez pas le moindre livre de chez Bamboo, éditeur qui a honteusement piqué la formule magique de Cauvin (un métier, une série) ! Vous n’avez pas non plus le moindre volume d’IRS, série manigancée en volant sans remords l’idée du thriller financier initiée par Van Hamme. Et que dire de Tintin qui n’est qu’une resucée de Zig et Puce et de Bécassine ! En fait, vous êtes un passionné de BD qui n’en possède pas une seule, car vous n’avez pas encore trouvé cet auteur qui se serait auto-engendré. L’auteur de génie qui n’aurait jamais ouvert un autre album. L’auteur aveugle et inculte, mais si génial. Et en plus, cet auteur ne serait pas comme tous ces cyniques. IL serait complètement désintéressé et sans malignité aucune !
Vivement une histoire de l’art où les artistes créeraient sans se reposer sur des millénaires de cultures passées. Vivement une culture inculte. Une culture d’un seul artiste, immuable. Une culture sans mouvement. Ah, ce serait merveilleux que rien ne bouge. Rien de neuf ! Vous seriez rassuré. Vous auriez votre album unique que vous pourriez relire à l’infini. Sans qu’il ne soit inspiré d’aucune œuvre précédente, et sans qu’il n’inspire aucune œuvre ultérieure. Dans ce monde idéal, finis les jeunes aux cheveux longs et aux doigts crochus qui bricolent leurs fanzines ou leurs blogs en lisant les auteurs qui les font rêver. Ces auteurs qui leur ont donné l’envie de créer.
Hélas, ce n’est pas dans ce monde que vous vivez. Vous êtes encerclé par la création. Par la nouvelle création. Et par une Histoire, par des mouvements, par les œuvres artistiques qui se construisent en mélangeant la vie, les choses vieilles, les choses neuves, les choses ingurgitées, les choses régurgitées, les envies, les passions, les influences… Être un artiste, c’est donner sa vision du monde à un public en utilisant un médium approprié. C’est de la générosité. Rien de plus. Ce n’est pas s’enrichir en trichant. Vous savez, Stéphan, Il y d’autre métier plus efficaces pour ça.
Actuellement, la bande dessinée offre une palette extrêmement large. Si vous n’y trouver pas votre bonheur, intéressez-vous à autre chose. N’allez pas à Angoulême. Mais cela ne sert à rien d’incriminer un auteur ou un éditeur. Ou un journal qui remet un prix. Le problème ne se situe pas là, mais dans votre révolte contre l’époque dans laquelle vous vivez.
Monsieur Cornette, vous me faites un mauvais procès, pour ne pas dire médiocre. Je n’ai jamais dit, pensé ou écrit du mal du regretté Reiser, l’équivalent en BD de Coluche (dont l’on voit d’ailleurs le sosie dans le film d’Antoine de Caunes, en compagnie des sosies de Choron, Cavanna et d’autres). Au contraire, tous ses albums figurent dans ma collection. Et sachez que derrière le coté spontané de son trait se cachaient des résumés de savoir-faire graphique. Donc merci de ne pas faire d’amalgame douteux, j’apprécie Reiser (Charlie hebdo et Hara-Kiri, Pilote, Charlie-mensuel)autant (sinon plus !!) que Hubinon dans un autre genre, assez classique je vous le concède.
Et puisque vous argumentez pour prouver que l’art s’inspire de l’art, merci de m’indiquer à qui Reiser a emprunté son fameux style, cela rehaussera le débat ! Cordialement
j’interviens comme à l’accoutumée dans un débat entre 2 posteurs. Monsieur Pincemi , à ma droite, garant des valeurs traditionnelles et amateur éclairé , à ma gauche Monsieur Cornette, auteur en verve, grand lecteur de son époque et tentant avec délicatesse de définir ce qui rend intéressant la chose artistique.
Alors , puisque cette rixe écrite dont l’origine est Mathieu Blanchin dont Monsieur Cornette se fait l’avocat sensible a dévié vers Reiser, je m’en vais à mon tour établir une équation qui vaut ce qu’elle vaut.
Monsieur Pincemi dans sa grande candeur essaie de piéger son adversaire en lui jetant à la figure une thèse" et Reiser ?! ça c’est un auteur vraiment personnel , qui n’emprunte ni ne doit rien à personne !ahah ! Et pan dans les gencives Monsieur Cornette !"
Alors me viennent à l’esprit (de contradiction) deux ou trois éléments que j’aime à ré-étaler pour faire mon malin.
Encore une fois, la bande dessinée se réduirait au seul aspect graphique , quelle misère de penser ça, quelle pauvreté, quel court esprit !
On ne va pas remonter aux origines des arts et de l’écriture mais quand va-t-on enfin considérer que le dessin dans la bande dessinée aussi génial soit-il n’est qu’un vecteur ? Donc Reiser , graphiquement , n’est pas le descendant direct d’une école précise,il n’a pas de modèle graphique , ne fait pas partie d’un genre et n’a d’ailleurs influencé que très peu de monde( au niveau graphique ils sont très peu nombreux dont on puisse dire qu’ils s’en sont inspiré mais dans la liberté de trait il a donné de l’audace à des dizaines, des centaines de dessinateurs et dessinatrices).
Reiser en revanche s’inscrit dans un courant de pensée, une forme de philosophie ; Les années 60 ( on va pas rentrer dans les détails que les moins de 30 ans ne peuvent pas comprendre ou alors si peu) ont inspiré des chanteurs, des écrivains, des cinéastes, des photographes, des graphistes, des peintres, des humoristes...
Cette ambiance , mélange de yéyés et de hippies pour schématiser) a fait souffler un vent de contestation. On chantait la liberté, l’émancipation. On réfléchissait (ou pas) au destin du monde, on observait. Certains chanteurs ont écrit et fredonné leur hargne, d’autres ont tendrement exprimé leurs états d’âme. Reiser s’inscrivit naturellement dans ce courant. Les journaux "révolutionnaires" fleurissaient ( la fleur était très à la mode à la fin des années 60, on lui prévoyait même une puissance et un pouvoir démesurés) et des gens qui étaient au carrefour de la bande dessinée et du journalisme ont éclos eux aussi dans cette atmosphère pleine d’espoir(s).
Reiser a donc dessiné ses articles ; son écriture était faite d’efficacité et de tendresse. Les 4 ou 5 premières années de publication étaient d’ailleurs dans la tradition de Pilote(c’est un exemple) c’est-à-dire qu’on choisissait un sujet (forcément de société) et on en riait. La férocité est arrivée progressivement.
Hara-Kiri et bien d’autres supports plus éphémères accueillaient des auteurs , de l’école Crumb, Mad, pour exprimer ce qu’une génération d’individus avait du mal encore à accepter. Des gens comme Reiser n’ont jamais été dupes de leur époque et c’est là le grand génie. Il a inventé une écriture graphique pour raconter non pas une histoire mais pour photographier ses contemporains avec ironie . Son côté "méchant" n’a jamais été qu’un leurre ; c’est au contraire une infinie tendresse qui se dégage de toute son oeuvre, une poésie de l’existence.
Les auteurs qui ont influencé Reiser sont autant les romanciers américains, les auteurs de comics, les peintres, les paroliers, les scénaristes...Il s’est inscrit dans une mouvance et s’il y a une chose qui le raccroche un tant soit peu à une école de bande dessinée, à laquelle il rendrait hommage sans s’agenouiller, c’est bien...le gros nez !
Chez Reiser, c’est des gros nez, eh oui ! A la manière lointaine d’un Franquin ou tout simplement, préparez-vous à hurler les puristes, de Hergé !
Les gros nez à Franquin et la dynamique à Hergé. Une preuve ? Prenez l’Alphart et les croquis fous du maître de la ligne claire et vous verrez à quel point des auteurs que l’on prend parfois plaisir à opposer font partie d’une même école. Hergé avait un premier jet qui s’apparentait au plus volubiles des dessinateurs .
Reiser s’inscrit en tant qu’humoriste dans la veine (du moins au départ de sa carrière ) des auteurs de cabarets. Fernand Reynaud et le music-hall regorgeait de "paroliers" qui observaient le quotidien avec acidité.
On peut observer la même satire chez beaucoup de cinéastes de cette génération ; le monde était en plein guerre froide, le monde était coincé dans des dogmes, le monde sur-consommait déjà. Des gens comme Reiser ont été des contemplatifs ; ils ont posé sur leurs pages des notes sur ce monde. Wolinski, Brétecher pour ne citer que les plus célèbres ont comme lui croqué les travers de la société.
Ils ont pu le faire dans des supports où la bande dessinée revêtait de formidables nouvelles formes. Reiser alla chercher ses sources (s ans que celles-ci n’aient jamais été mises en avant) chez les humoristes et cartoonistes américains des années 30, 40, 50. Il y a dans cette façon de ne pas tracer de cases, la manière des illustrateurs européens, caricaturistes du début du XXè siècle, une façon d’aller à l’essentiel qu’on peut retrouver chez des peintres et graveurs expressionnistes .
L’essentiel de Reiser n’étant pas dans le traitement graphique même si au bout du compte il en surgit une personnalité hors du commun, mais dans l’humeur. L’humeur dont il a été un des représentants les plus géniaux.
Mais il n’a pas surgi de nulle part comme semble l’affirmer Monsieur Pincemi ; il s’est nourri à différentes sources ce qui pour l’observateur distrait est plus difficile à cerner qu’un auteur qui assumerait une filiation évidente.
Cette liberté de ton a toujours ciblé les bien-pensants, les réactionnaires, les débonnaires , les fonctionnaires de la vie, les hommes et les femmes bouffés par les mauvaises habitudes, les beaufs, les gros dégueulasses et les crasses qu’ils engendrent, les petits chefs, les salauds minables, les braves types, les amoureux, les frêles victimes du quotidien en un mot les gens.
Merci pour votre longue réponse, je ne peux y répondre de façon aussi détaillée. Je dirai seulement qu’il y a en fait deux Reiser : celui dépouillé et relativement sobre des débuts (mon papa, notamment) et celui d’après 1966 environ, où son dessin se relache mais de façon appropriée et drolatique. Il serait illusoire de penser que dessiner avec si peu de détails est à la portée du premier venu, tant le trait de Monsieur Reiser était fort et résumé (concentré, même !).
L’intervention de Monsieur Cornette (dont je ne savais pas qu’il était auteur, excusez moi ! de quelles séries ?) manque de précision, je lui rappellerai donc que Hubinon et Reiser ont tous deux publiés en même temps (et presque cote à cote) dans le journal Pilote (entre 1967 et 1969, de mémoire). Bien évidemment, il n’y a pas grand rapport entre le trait de ces deux auteurs (le jour et la nuit, pourrait-on dire, mais c’était la volonté de monsieur Goscinny que de publier différents genres de BD dans l’hebdo dont il était rédac-chef. Cela ne m’a jamais choqué de trouver Reiser à coté de Gotlib, Gir, Parras ou Clavé, tous ces auteurs donnaient une vision talentueuse et personnelle du monde. Le Pilote-hebdo de cette époque reste une grande page de la BD, et le précurseur des mensuels modernes (Métal, Fluide, l’Echo, et j’en oublie !). Sur ce je vous souhaite une bonne nuit !
Monsieur Cornette, vous me faites un mauvais procès, pour ne pas dire médiocre. Je n’ai jamais dit, pensé ou écrit du mal du regretté Reiser, l’équivalent en BD de Coluche (dont l’on voit d’ailleurs le sosie dans le film d’Antoine de Caunes, en compagnie des sosies de Choron, Cavanna et d’autres). Au contraire, tous ses albums figurent dans ma collection. Et sachez que derrière le coté spontané de son trait se cachaient des résumés de savoir-faire graphique. Donc merci de ne pas faire d’amalgame douteux, j’apprécie Reiser (Charlie hebdo et Hara-Kiri, Pilote, Charlie-mensuel)autant (sinon plus !!) que Hubinon dans un autre genre, assez classique je vous le concède.
Et puisque vous argumentez pour prouver que l’art s’inspire de l’art, merci de m’indiquer à qui Reiser a emprunté son fameux style, cela rehaussera le débat ! Cordialement
vous parlez d’une large palette de bd actuellement...précisement Angouleme n’en recompense qu’une infime partie...