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Sélection du Prix ACBD Québec 2019 : deux récits familiaux et un western

9 octobre 2019 Commenter
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L’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) a dévoilé ce matin les trois albums finalistes au 5e Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise [1]. Une sélection opposant la « BD du réel » à la fiction.

Après avoir récompensé Jimmy Beaulieu, Jean-Paul Eid et Claude Paiement, Fanny Britt et Isabelle Arsenault, ainsi que Siris, les membres de l’ACBD auront à trancher entre La Petite Russie de Francis Desharnais (Pow Pow), Contacts de Mélanie Leclerc (Mécanique générale) et Folk T. 1 d’Iris (La Pastèque).

Nous avons déjà évoqué La Petite Russie dans les pages d’ActuaBD, cet ouvrage figurant parmi nos coups de cœur québécois de 2018. L’album de Francis Desharnais – qui a également remporté le Grand prix de la Ville de Québec en avril dernier – raconte l’histoire de ses grands-parents, Marcel Desharnais et Antoinette Boudrias, pionniers de la colonisation de l’Abitibi. En 1947, Marcel quitte son village dans les Laurentides afin de réaliser son rêve : posséder une terre et devenir cultivateur. Celui-ci s’installe alors à Guyenne, un village coopératif catholique en Abitibi. À titre de membre de la coopérative, celui-ci doit verser 50 % de son salaire à l’établissement de la colonie. En contrepartie, toutes les décisions relatives à la gestion du village sont prises en assemblée. Si ce modèle d’organisation sociale permet de protéger les habitants de la grande pauvreté, la vie à Guyenne n’en demeure pas moins difficile. Aussi, la communauté demeure divisée entre l’agriculture, nécessaire à son développement mais peu rentable, et la coupe du bois, lucrative mais peu durable. La Petite Russie retrace donc à la fois le récit familial des Desharnais, mais aussi l’histoire méconnue des villages coopératifs québécois.

Sélection du Prix ACBD Québec 2019 : deux récits familiaux et un western
Francis Desharnais, La Petite Russie, 2018.
© Pow Pow.

Fille du cinéaste Martin Leclerc et petite-fille du chansonnier Félix Leclerc, Mélanie Leclerc remonte elle aussi dans son passé familial avec Contacts, son premier album de bande dessinée. Dans cet ouvrage très personnel, l’auteure revisite sa relation avec Martin, caméraman à l’ONF (Office national du film). Homme bourru et taiseux, Martin est un père absent, souvent parti tourner des documentaires aux quatre coins de la planète. Celui-ci réussit toutefois à tisser des liens avec sa fille grâce à leur passion commune pour la photographie. Au fil des ans, les choses se compliquent : en 1996, l’ONF licencie toutes ses équipes de tournage pour ne devenir qu’une boîte de production, mettant ainsi fin à la carrière de Martin. Mélanie, de son côté, étudie désormais en cinéma à l’Université du Québec à Montréal. Malgré tout, la photo – argentique ou cinématographique – demeure un important vecteur de transmission filiale et artistique.

Mélanie Leclerc, Contacts, 2019.
© Mécanique générale.

Enfin, dans un genre tout à fait opposé, Iris nous propose Folk T.1, un western comique mettant en vedette des animaux anthropomorphiques. Le personnage principal, Jug McJunkin, est concierge dans un hôtel miteux. Paumé et malhonnête, ce vaurien voit son destin basculer à la suite d’un pacte maléfique conclu à la croisée des chemins. Du jour au lendemain, celui-ci se transforme en guitariste virtuose et en bluesman accompli. En contrepartie, Jug doit s’entourer des meilleurs musiciens et traverser le continent afin d’enregistrer un disque au Studio Delta. Le tout doit être accompli en moins de 100 jours, faute de quoi son âme lui sera ravie. C’est ainsi que le héros entame son improbable quête. Or, trouver des musiciens de talent dans un bled perdu n’est pas une mince affaire. Au bout de folles péripéties, Jug réussit à recruter Vincent Schlager, contrebassiste de renom, ainsi que Snip Johnson, multi-instrumentiste passionné de blues et de folk. Le trio saura-t-il se rendre au Studio Delta ? Jug connaîtra-t-il enfin la gloire ? Et surtout, pourra-t-il sauver son âme ? Dans ce premier tome ludique, Iris pose les bases de son univers. Celle-ci reprend joyeusement les codes du western et de la mythologie du « crossroads », tout en y ajoutant une pointe d’humour grotesque. Un album sympathique et sans prétention, entrecoupé d’interludes musicaux pour le moins originaux. Avis aux mélomanes !

Iris, Folk T.1, 2018.
© La Pastèque.

Le prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise a pour objectif de « soutenir et mettre en valeur, dans un esprit de découverte, un livre de bande dessinée, publié en langue française, à forte exigence narrative et graphique, marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou des moyens que l’auteur y déploie ». Les trois albums finalistes ont été sélectionnés parmi les ouvrages de bande dessinée québécoise parus entre le 1er juillet 2018 et le 30 juin 2019. L’édition 2019 de la remise de cette récompense aura lieu le 22 novembre prochain, dans le cadre du Salon du livre de Montréal.

MSJ

[1L’auteure de ces lignes est membre de l’ACBD et ancienne coordonnatrice du Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise.

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.


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