MON DIEU ! Jésus-Marie-Joseph (Gillain) ! Avant de mourir, Spirou, dans le dernier opus, s’affiche en tenue d’Adam. Si l’on en croit Stéphane Beaujean, himself, faire mourir Spirou relevait à la fois de la profonde réflexion éditoriale et du coup marketing. Mais visiblement, d’autres transgressions sont à l’œuvre pour donner à Spirou un tour plus contemporain.
Est-ce pour donner le change à Corto Maltese que l’on a vu lui aussi récemment dans le plus simple appareil ? Toujours est-il qu’en plus de dormir dans la même chambre -ce qui a fait jaser plus d’un psychanalyste en herbe depuis des décennies- Spirou et Fantasio se changent dans la même pièce, comme dans un vestiaire de stade, sans aucune pudeur. Saint Joseph Gillain, alias Jijé, deuxième grand animateur du groom devant l’Éternel et catho patenté (mais alors pas du tout), doit se retourner dans sa tombe, lui qui pestait à Angoulême contre les Gotlib, Mandryka et Bretécher et leurs "pipi-cacas".
L’intention éditoriale de Spirou semble bien vouloir rapprocher la série de l’air du temps. Déjà que la mort du groom s’organise autour du rétablissement d’une parité héroïque (lisez l’album jusqu’au bout, vous comprendrez...), déjà que la représentation des femmes dans cet album sort des stéréotypes sexués dans cet épisode qui a des accents écologistes affirmés, voici que le « Spirou-verse » s’ouvre donc sur l’image d’un groom jeune et svelte, nu comme un ver, partageant la salle de bain avec son comparse.
Sera-t-il rhabillé dans certaines versions étrangères dont les gouvernements verraient d’un mauvais œil cette liberté de mœurs ? La question se posera, sans doute. Voilà en tout cas notre groom favori bien parti pour figurer en tête d’affiche du calendrier des Dieux du Stade. Euh, à condition qu’il travaille un peu sa silhouette...
KN
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