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Yvan Delporte suggère des contrats « intuitu firmae » pour les auteurs !

10 avril 2006 Commenter
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Le bouillant, facétieux et talentueux scénariste – et ancien rédacteur en chef du journal de Spirou – a réagi à la lettre de Jean Van Hamme publiée dans nos pages. Yvan Delporte raconte dans sa lettre, envoyée aux auteurs des éditions Dupuis, une belle anecdote à propos du rachat du Lombard.

Le créateur des Schtroumpfs, Peyo, recommandait aux auteurs « d’inclure dans leurs contrats la notion d’intuitu personae / intuitu firmae ». Autrement dit, le contrat liant l’auteur à la maison que le publie, n’est lié qu’à un seul éditeur : en cas de rachat de la maison d’édition par une autre, l’auteur récupère ses droits et peut avoir la possibilité de négocier la publication ses œuvres existantes avec un éditeur concurrent…


La Lettre d’Yvan Delporte à Jean Van Hamme, datée du vendredi 7 avril.

...mais destiné aussi à être lu par les auteurs intéressés.

L’anecdote est bien connue par les vieux de la vieille : Guy Leblanc, l’éditeur du Lombard, avait rassemblé ses auteurs pour leur annoncer qu’il venait de vendre son affaire au Groupe Ampère (un ancien avatar de Média-Participation). Les auteurs étaient atterrés : coup de tonnerre dans un ciel bleu, on ne leur avait rien dit, comment pouvait-on leur faire ce coup-là ? Et Guy Leblanc, avec un bon sourire, a dit : "Quand un paysan vend sa ferme, il ne demande pas l’avis des vaches"

Pour que ses copains ne soient pas traités comme des vaches, Peyo leur recommandait d’inclure dans leurs contrat la notion d’intuitu personae (ou, m’a-t-on dit, intuitu firmae) : ce contrat que je signe, c’est avec vous.
Si vous revendez votre affaire, ce contrat-ci devient caduc, je reprends mes billes et je vais voir ailleurs.

Quand j’évoque cette possibilité, on me répond : oui, oui, autrefois c’était peut-être possible, mais aujourd’hui, avec le rythme accéléré des rachats d’industries, ça ne marcherait pas. Maëster écrit : « Je ne suis guère favorable à la clause intuitu personæ, préconisée par Yvan Delporte. A l’heure des profondes mutations du monde de l’édition, les changements de directeurs (éditoriaux ou généraux) ne sont pas rares ». Ben, justement, naïvement, je me dis que si tous les auteurs qui regrettent Dimitri Kennes et Claude Gendrot avaient inclus la formule dans leurs contrats, la situation serait différente.

Maëster, pour sa part, est parvenu à limiter dans le temps la durée de cession de ses droits : si dans dix ans, il n’est pas content de son éditeur actuel, il récupère ses droits et ira les négocier ailleurs.

Je conçois que les éditeurs n’aiment pas du tout ce genre de raisonnements qui freinerait leur pouvoir de décision et nantirait d’un peu d’indépendance l’auteur, hou le vilain.

Mais garder le statu quo sur ce genre de questions, quelles que soient les belles — et, on peut l’espérer, sincères — déclarations d’éditeurs soucieux de calmer les esprits, c’est maintenir les auteurs dans le rôle de bétail.

Meuh.

yd



NA.

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