"S’il n’y a pas de solidarité dans une histoire comme celle-ci, il n’y en aura nulle part". La jeune mère de famille qui rassure son amie contemple un chantier en cours, mais aussi une petite révolution sociale : une cité de maisons individuelles en gestation à Quimper, construite par ses futurs habitants.
La cité des abeilles existe toujours, et fête ses 60 ans. Tout a commencé en 1950 quand, s’inspirant d’une initiative identique lancée à Pessac, des habitants en difficulté se regroupent en association. Aidés par des architectes, des subventions et des propriétaires de terrain compréhensifs, ils s’uniront, chacun avec son savoir-faire, pour faire émerger ces pavillons. En prenant sur leurs soirées, week-ends et vacances...
Dans la lignée de son Plogoff, la bretonne Delphine le Lay s’est associée à la quimpéroise Marion Boé, déjà auteure d’un documentaire sur le sujet [1], pour raconter cette aventure solidaire. En s’appuyant sur des personnages aux vies simples et aux caractères tranchés, le trio créatif de l’album permet non seulement au récit une clarté notable, mais aussi un accès aux lecteurs les plus jeunes. Si le dessin d’Alexis Horellou, dans un noir et blanc joliment contrasté de gris, s’avère parfois inégal, il dessine avec sensibilité ces paysages bretons du siècle dernier. Un choix stylistique entre Davodeau et Rabaté, reportage et expressivité romanesque.
Outre l’apport historique de 100 maisons, (scène marquante de l’arrivée de l’eau courante dans une cuisine...) le travail des auteurs trouve un écho bienvenu dans notre présent tiraillé entre nécessités économiques et initiatives locales. À tel point qu’on peut légitimement considérer les éco-quartiers hexagonaux comme héritiers de la cité des Abeilles.
(par David TAUGIS)
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Des mêmes auteurs : Plogoff
[1] dont on peut voir une bande annonce ici