"Nos idées sont venues de notre collaboration avec le musée, nous utilisons des pièces, parfois très anciennes, de la collection qui n’ont jamais été exposées, nous raconte Barbara Canepa, commissaire de l’exposition et éditrice de la collection Metamorphoses. Or, le musée va fermer. Le Conseil général a vendu les bâtiments et il ne sait pas où on va le reloger. L’idée a été d’investir tout l’espace disponible pour cette exposition. On nous a permis de prendre dans les réserves tous les éléments qu’on voulait. Nous sommes sept auteurs dans la collection, il y a six salles. J’ai choisi des animaux qui étaient dans la thématique de chacun des auteurs avec un fil rouge qui était celui de la métamorphose, qui est celui de la collection."
La collection Métamorphose chez Soleil a été créée il y a cinq ans. Barbara Canepa voulait une production attentive aux graphismes rares, très différents, qui la surprennent.
"En tant que lecteurs, nous étions frustrés, raconte Guillaume Bianco. Nous voulions retrouver les livres de contes que l’on trouvait dans les bibliothèques de nos grands-parents, cette diversité dans les thèmes et dans les styles."
Avec une esthétique commune : celle de l’illustration de l’époque victorienne finissante que l’on trouve aussi bien chez les Préraphaélites que chez des illustrateurs comme Arthur Rackham ou Edmund Dulac :"J’ai un énorme amour pour les livres anciens car mon grand-père était collectionneur, poursuit Barbara Canepa. Du coup, pour moi, l’objet-livre a une dimension qui doit être magique. Le poids du livre, la sensation de tenir un vieux livre, patiné par les lectures,..."
"Cela a du sens à l’ère du numérique, du manga "easy-reading", vite lu, vite jeté. J’en consomme beaucoup, je trouve cela très bien, mais nous avions besoin d’une collection qui capte le temps qui passe." dit Bianco.
Effectivement, c’est un voyage dans le temps que cette exposition (et cette collection) qui tient du cabinet de curiosité où se mêlent magie, frissons, étrangeté et fantaisie.
Des grands noms ont trouvé refuge dans cette grotte aux miracles : outre Barbara Canepa et Guillaume Bianco, Clément Lefèvre, Anna Merli, Lionel Richerand, Lilidoll et Benjamin Lacombe. Un parcours initiatique peuplé de squelettes, d’insectes épinglés dans des boîtes et d’un crocodile tronçonné en trois appartenant aux collections du musée.
Une fois celle-ci passée, on part se reposer au rez de chaussée où une autre exposition en parallèle, coproduite avec le Musée Guimet, montre les carnets d’insectes du père du manga : Hokusaï.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Museum d’Histoire naturelle
6 rue Espagnat
Aix-en-Provence
Exposition gratuite jusqu’au 19 mai, payante au tarif du musée au-delà.