Milan tombe entre les filets de la police en 1985 pour vol. Condamné à 20 ans de réclusion, il découvre l’univers de la prison : ses rapports de force, ses parloirs, ses fouilles, et surtout ses surveillants... De révoltes en bagarres, de phases de militantisme acharné à des règlements de comptes sanglants, il va de cellule en quartier disciplinaire. Changeant de prison régulièrement, il fait la connaissance de nouveaux directeurs, de divers systèmes internes. En filigrane, beaucoup de questions et de rencontres entre quatre murs, mais aussi sa compagne, toujours présente.
Si la dureté du monde de la prison mérite un tel éclairage, cet album rappelle beaucoup d’œuvres similaires. Rares seront les surprises pour ceux qui connaissent un tant soi peu le sujet. Entre les films, les articles, émissions télévisées, jusqu’à la chanson du groupe Trust (en 1980) Sors tes griffes [1], le sort des taulards alimente régulièrement les fictions. Citons pour la BD Paroles de taulards, par exemple.
Autant la succession de brimades, de tensions terribles avec les gardiens créé une force narrative impressionnante, autant les personnages de matons, systématiquement pervers et malveillants obéissent à des clichés maintes fois rabâchés.
Davantage de mesure et surtout un peu plus d’équilibre (un seul directeur de prison semble à peu près humain et sensé) auraient bonifié 20 ans ferme.
Le récit s’inspire grandement de l’histoire de Milko, fondateur de l’association Ban Public. Son site permet d’en savoir plus sur le sujet et de comprendre les enjeux de la réinsertion. Six pages de repères législatifs commentées en fin d’album constituent une bonne introduction.
(par David TAUGIS)
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visiter le site de l’association Ban Public
Du même scénariste :
la mort dans l’âme
Stalingrad Khronika
...A la folie
les boules vitales
les rêves de Milton tome 1 et tome 2
[1] Tel un forçat brisant ses chaînes
Tu joins tes poings et tu contiens ta haine,
Tu es sorti, retour à la vie.
Il faut te racheter, prix de ta liberté.
Ils t’ont dit non à l’agence de placement
Ca t’a surpris, t’attendais pas ça des gens,
T’estimes avoir payé, été humilié,
Comme ça, toute ta vie, tu seras poursuivi.
Bouge,
Redresse-toi et bouge
Défends-toi.
On parle autour de toi.
Tu vas peut être braquer et recommencer
Jusqu’à ta mort, prisonnier de ton passé
Une dernière plainte, tu veux réagir.
Tu ne veux pas croupir, tu ne veux pas pourrir.
Ils t’ont laissé sortir mais sans y penser,
Tu rôdes dans la rue, tu te déplace en cage
Un jour, ils te serreront pour te faire replonger.
Dans une orgie de sang tu vas riposter.
L’homme qui franchit les portes d’une prison
En reste marqué à vie, quoi qu’il fasse
Sur le chemin de la réinsertion sociale,
La société est vindicative.
Un ex-condamné ne sera jamais quitte de sa dette,
Même après l’avoir payé car on lui refusera le droit de vote
Mais il paiera ses impôts et sera mobilisé
Si une guerre se produit.
Châtré de ses droits civiques, il restera un ex-taulard
L’homme à qui on refuse le droit de décision
N’est qu’une moitié d’homme.
Il se soumettra ou se révoltera.
Paroles : Bernard Bonvoisin.