C’est l’une des plus importantes manifestations BD de France. Elle a lieu dans les 5000 m² de la Halle Freyssinet d’Amiens avec 12 expositions et 15 expositions hors les murs. Elle s’étend sur quatre week-ends, rassemblant 150 auteurs (90 le premier week-end ; 50 le second) ; elle est ponctuée par trois journées professionnelles, 7 journées scolaires, totalisant en 2022, 21000 visiteurs. « C’est un vrai projet territorial au contact des publics » nous dit Pascal Mériaux, directeur du Festival.
On est bien sûr loin d’Angoulême : « Il n’y a qu’un seul Angoulême ! » précise dans le podcast l’ancien ministre, Xavier Bertrand, actuel Président des Hauts de France, instance qui a considérablement augmenté la dotation de l’événement pour soutenir une bande dessinée « vraiment franco-belge » puisqu’Amiens se situe à équidistance entre Paris et Bruxelles.
Enfin débarrassée des contraintes sanitaires du Covid, la manifestation s’apprête à revenir en force avec Chloé Cruchaudet en autrice de l’affiche.
L’entretien avec Xavier Bertrand – Reportage de Didier Pasamonik et Kelian Nguyen – Montage : Oussama Karfa.
Six expositions tout public et six expositions jeunesse
Parmi les « hightlights » des expositions cette année (voir ICI la liste complète : une expo sur La Bibliomule de Cordoue de Wilfrid Lupano & Léonard Chemineau, pamphlet contre l’obscurantisme remis dans sa perspective historique, à savoir l’Andalousie à la fin du 10ème siècle ; une expo sur la maison d’édition Kinaye ; une expo sur l’univers de Zombillénium d’Arthur de Pins, une expo sur le manga Les Carnets de l’apothicaire de Itsuki Nanao & Nekokurage, adapté du Light Novel de Natsu Hyuuga ; une expo ludique Jrssc Frnck d’après l’univers d’Olivier Bocquet, Brice Cossu et Yoann Guillo transformé en… « Kermesse Préhistorique » ; une expo « La bande dessinée parle du cinéma ». qui remonte le fil d’une histoire du cinéma tel qu’elle se décline dans les œuvres de huit auteurs et autrices : Catel, Dorison, Duchazeau, François, Maltaite, Micol, Pitz, Supiot ; et une expo comics : autour de deux auteurs : Ed Brubaker, scénariste américain et Sean Phillips, dessinateur britannique qui redéfinissent les frontières du polar moderne en bande dessinée.
Des rencontres sont prévues avec notamment Chloé Cruchaudet, Charlie Adlard, Hervé Bourhis, Mezzo ou Thierry Martin et un grand nombre de concerts dessinés-> avec des artistes aussi capés que Daniel Goossens, François Schuiten, Jérémie Moreau, Joris Chamblain, Marzena Sowa, Hardoc, Thomas Von Kummant, Loo Hui Phang, Les Kerascouet, Edith, Edmond Baudoin ou Charlie Adlard.
Les prix du Pôle des Hauts de France
Trois prix de ces Rendez-Vous de la BD d’Amiens ont été remis il y a quelques jours à la Bibliothèque nationale de France :
Le 25e Prix Révélation bande dessinée des lycéens des hauts de France (399 votants) revient à Ovidie & Audrey Laîné pour Les Cœurs insolents (Ed. Marabulles), une BD qui nous reporte dans la France pavillonnaire des années 1990 où la question du consentement et de la misogynie n’étaient pas de saison. Elle revient notamment sur les premiers émois mais aussi les violences sexistes et sexuelles vécues au moment de son adolescence par la scénariste Ovidie. « C’est l’histoire d’Ovidie, nous dit la dessinatrice Audrey Laîné recevant le prix, mais c’est aussi notre histoire à nous toutes puisque c’est quand Ovidie devient mère qu’elle se questionne sur ce qu’a été son adolescence, quand sa fille Capucine vient au monde. » La même Ovidie a transmis à l’assemblée un message pour dire à quel point elle a été touchée par ce prix dû à des jurés « de la génération Z, celle qui doit construire le monde de demain. »
Le 10e Prix bande dessinée des collégiens de la Somme (395 votants), attribué par un jury de collégiens, récompense un ouvrage qui touche à un sujet similaire avec Grand Silence de Théa Rojzman & Sandrine Revel (Ed. Glénat) qui elle s’intéresse à un fléau qui est celui des violences sexuelles commises par les enfants. « Ce n’est pas du tout un thème commercial. Grand silence parle des abus sexuels commis sur des enfants et les conséquences psychiques et physiques qui en découlent quand ils deviennent adultes. C’est un fléau toujours actuel : on parle d’une femme sur quatre et d’un garçon sur 14 qui sont abusés durent leur enfance. Cela recrée de la violence pour certaines victimes et puis, pour d’autres, c’est tellement insupportable qu’ils décident de partir ou de se déconnecter de la société. On n’en parle pas suffisamment et aujourd’hui encore, il y a de ces choses-là qui sont commises dans le grand silence ! » Le fait que ce sont des collégiens qui distinguent cette œuvre est particulièrement marquant.
Quant au 6e Prix Woua’z du Pôle BD attribué par un jury de 173 votants collégiens, il revient à Janardana d’Antoine Ettori (Ed. Delcourt). Venu du dessin animé, Antoine Ettori a créé un univers à part, pas très loin des ambiances de Miyazaki : « L’histoire raconte une anecdote en fait, mais qui permet de se connecter à quelque chose de beaucoup plus large. J’ai voulu créer une espèce de chaînon manquant entre ces différents univers. »
Nous reviendrons dans les prochains jours sur ce festival qu’ActuaBD recommande et aime bien.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
En médaillon, photo : Kelian Nguyen, affiche des Rendez-Vous de la BD d’Amiens. DR.
Interview : Didier Pasamonik et Kelian Nguyen - Montage : Oussama Karfa
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