Ne vous attendez pas à connaître une intrigue, un quelconque canevas narratif, en ouverture de cette chronique. Ce dernier opus de Mathieu, c’est une boîte à ouvrir. Trois objets, qu’il faut extraire de leur ruban de papier, et qu’on peut consulter, sans ordre précis, et sans forcément en retirer le même message. Une fois de plus, l’auteur innove et joue. Il invente une forme, oblige le lecteur à un effort. D’autant plus que les images proposées, dans leurs trois ensembles, restent muettes. On y retrouve des obsessions humaines qui ont construit nos sociétés : le temps, le "faire" et la pensée. Tiens, pas d’amour ni de mort, ni de pouvoir, ni de guerre... Il faudra bien chercher pour dénicher les autres thèmes. La solitude par exemple, incarnée par des personnages nus semblant attendre leur destin. Les relations entre les choses, avec l’art de la transition si récurrent dans l’oeuvre de Mathieu.
Mais on peut aussi rien n’y trouver, dans ces images. Car elles affichent un noir et blanc d’une rigoureuse sobriété. Les décors se réduisent au minimum, les expressions des personnages aussi. Et les fins ressemblent souvent aux débuts. Sortes de masses sombres d’où émergent la vie, la matière, la création. Tiens, j’avais oublié : et Dieu dans tout ça ?
(par David TAUGIS)
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